Les Bouleversements culturels /Réaction d'internaute
Dieu n'est pas grand,
Je fais référence à un livre que je viens de rendre à la médiathèque, sans même avoir eu le courage de le lire jusqu'à son terme. C'est un athée militant, américain, qui parle.
Alors, bien entendu, ça décoiffe, même si l'univers culturel des Etats Unis n'est pas le nôtre. Aux USA, la référence à Dieu est omniprésente. Les autorités font des références publiques à Dieu. "In god we trust" est la devise affichée sur les billet en dollar, et le glissement est rapide, leur dieu, parfois, c'est le dollar.
Mais ce glissement n'est pas réservé aux citoyens des Etats Unis...
L'auteur s'attaque d'abord aux "créationnistes", à ceux qui veulent voir dans l'univers la preuve d'un dessein intelligent, et non pas le fruit du hasard et de la nécessité. Mais cette première critique, forte à l'encontre des créationnistes américains, nous concerne moins si nous restons d'un esprit ouvert face à l'univers. Dieu n'est pas le mécanicien de l'univers.
La critique la plus forte porte sur les exactions des croyants, croisades ou autres massacres au nom de la foi. Cette attaque virulente est fondée, puisque l'Eglise, par la voie de Jean-Paul II notamment, a dû reconnaître les erreurs et les péchés accumulés au cours des siècles. Aujourd'hui, nous crions notre refus des persécutions contre les chrétiens en Irak, au Pakistan ou ailleurs, nous avons raison. Mais l'Eglise a couvert la conquête de l'Amérique, et peu répercuté les protestations de ceux qui rappelaient que les indiens étaient des hommes et non des esclaves à soumettre. L'Eglise a inspiré certaines chasses aux juifs "déicides", avant que les temps ayant changé, des chrétiens s'associent à la protection des juifs persécutés. Aujourd'hui, d'autres travers de l'institution sont à corriger. L'Eglise est faite d'hommes, et elle n'écoute l'Esprit qu'avec retard et difficultés.
Les critiques ne se limitent pas au passé. Aujourd'hui encore, des chrétiens prêchent une morale, et souvent en pratiquent une autre. La pédophilie n'est qu'un des exemples. Et chacun de nous sait bien, moi personnellement le premier, que nous prêchons un Christ et un Dieu d'Amour que nous reflétons bien mal.
Alors, ce livre n'est qu'un des rappels cruels mais nécessaires de la pauvreté qu'il nous faut assumer. Nous sommes des "vases d'argile" bien fragiles pour transmettre le feu de l'amour qui doit nous brûler.
Je viens d'emprunter un autre ouvrage : L'âge du renoncement, de Chantal Delsol. Cette anthropologue, membre de l'Institut, nous dit dans la présentation de son ouvrage qu'elle tente de déchiffrer une nouvelle étape de nos sociétés, après la religion. On en est plus à Marcel Gauchet qui marquait l'héritage chrétien dans la socièté moderne. La morale aujourd'hui est complètement affranchie de toutes racines croyantes.
Dieu est petit, son Fils est mort sur une croix, et sa résurrection serait passée inaperçue, si quelques témoins isolés ne l'avaient pas rapportée. Nous revenons à ce temps de fragilité et de témoignage. Mais nous avons aussi appris à lire les signes des temps, et avec Vatican II, à découvrir que l'Esprit travaille où il veut, bien plus largement que dans les limites rétrécies de nos paroisses. Gaudium et Spes nous appelle à la joie et à l'espérance, aujourd'hui. Même s'ils ne le connaissent pas, tous ceux qui font le bien sont inspirés par l'Esprit. "Dieu veut sauver tous les hommes" rappelle Saint Paul.
Juin 2011 - Gilbert