Dernières Contribution d'internautes
- UNE FAMILLE BOUSCULEE : cette cellule de base qui a sauvé le pays en crise a perdu son unité. Dispersée, privée de ressources, sans logement fixe, endeuillée, rangée par la maladie, des personnes âgées sont de plus en plus isolées et sans assistance… A force de ramer à contre-courant depuis sept ans de violence, la famille bousculée et fragilisée peut-elle tenir la route ?
- DES JEUNES TOURMENTES : jadis forces vives de notre société, ces jeunes sont divisés entre les fronts de guerre et la fuite massive du service militaire prolongé dans la mobilisation générale… Ils quittent massivement le pays laissant un grand vide. Leur absence se fait sentir sur l’activité économique du pays créant une pénurie aigue de la main d’œuvre et l’affaiblissement déjà fragile de l’économie locale effondrée. Comment assurer la survie d’un pays privé de ses forces actives ?
- UNE EGLISE QUI S’INTERROGE : Aucun baptême ni mariage depuis huit mois. La baisse des sacrements se fait sentir déjà depuis cinq ans. L’absence des jeunes se répercute sur la vie paroissiale. La baisse vertigineuse de la pratique dominicale, du catéchisme, de la première communion et des activités pastorales poussent aussi à l’exode des prêtres réduits au service minimal et au découragement...
Ci-dessous vos dernières Contributions redistribuées selon le thème développé. Ces articles, commes les précédents, sont ensuites répartis sur des pages individuelles (voir ci-contre les listes par thèmes)
Nigeria Février 2018-
Newsletters de Margot responsables de centre de Santé au Nigeria
Salut a tous. Je sais, je suis super a la bourre, on est bien d’accord mais on va dire que les 15 derniers jours ont été un peu charges.
Le mois de Décembre a été bien rempli comme je l’avais prédit. Les propositions de projet sont toujours en cours et prennent une bonne tournure. Nous avons la chance de continuer un projet vraiment intéressant en le faisant évoluer et nous connaissons bien notre terrain. Le but est aussi de diversifier nos activités pour mettre en place une vraie approche intégrée. A quoi cela sert-il de traiter des maladies diarrhéiques dues a l’eau si, en amont, l’eau n’est pas elle même traitée ?
Le mois de Décembre a aussi été rapide a cause de tous les départs en vacances. Il fallait boucler les premiers documents pour qu’ils puissent être revus pendant notre absence (parce que oui il y a quand même des gens qui bossent quand les autres sont en vacances !)
J’ai également fait ma passation avec mon collègue avant qu’il ne parte.
Et les vacances sont arrivées. Vacances en famille au Portugal pendant une semaine pour dire de passer du temps ensemble avant que chacun ne reparte aux 4 coins du monde. Et une semaine au calme a la maison a boucler les dossiers administratifs, faire des bilans médicaux. Donc, si on résume la situation, 2 Centres de Santé, 3 Cliniques mobiles pour commencer.
Les objectifs essentiels de cette nouvelle période sont :
- L’harmonisation : des pratiques, des outils, des documents, des procédures, de tout quoi !
- La mise en place du système PUI dans le nouveau centre de santé après sa récupération.
- La préparation du nouveau projet qui commencera mi mars (et ca va venir vite).
- Le recrutement des professionnels de santé manquants.
- Et de la construction a gogo, ma partie préférée. Le nouveau centre de Santé s’appelle Ngarannam. Et le premier que nous avions déjà s’appelle Herwa. Et j’espère que vous suivez, sinon vous allez vous embrouiller.
Problème Mathématique :
Si Ngarannam fait le double d’Herwa et qu’Herwa compte actuellement 25 staffs mais qu’il manqué encore 10 staffs a Ngarannam, combien de staffs y a t il au total a Ngarannam une fois que tout le monde sera recrute ?
La reprise de Ngarannam entre MSF et nous s’est bien passée même s’il reste quelques petits détails a régler.
Des détails comme la présence d’une ambulance, comment les données patients sont collectées ou de quelle assurance santé les staffs bénéficient-ils ?
Pleins de petits détails mais qui finalement mis bout a bout ont leur importance dans le bon fonctionnement du système.
A Ngarannam, les services proposes sont basiquement les mêmes que dans les autres structures mais a une échelle un peu plus grande. En plus, tous les staffs santé ont été formes par MSF, ce qui assure un gage de qualité dans la dispensation des soins. Par contre, niveau organisation et collaboration avec le ministère de la santé, il y a quelques petites choses a revoir.
Nous avons eu notre première réunion d’équipe, pour nous présenter, mon nouvel assistant et moi (Mohammed pour faire original !!) et pour présenter PUI. Et aussi pour rappeler il est important de collaborer tous ensemble, de faire du patient notre priorité, que ma priorité soit les bonnes conditions de travail du personnel soignant et de l’importance de l’esprit d’equipe dans les bons comme dans les mauvais moments. Pour tout vous dire, je me suis convaincue moi même en en parlant !! J’espère que je les ai convaincu aussi !! ahaha
Et donc j’ai un nouvel assistant, Mohammed, médecin lui aussi. Ce qui monte au nombre de 3 le nombre de mes assistants, un par projet. Kingsley pour les Cliniques mobiles, Ibrahim qui couvre Herwa et Momo qui couvrira a plein temps Ngarannam. Pour l’instant, Mohammed ne travaille que les après-midi car il doit finir son contrat l’hôpital. Mais d’ici la fin du mois de janvier, il devrait être complètement disponible pour les équipes de Ngarannam.
Mon deuxième gros chantier en plus du chantier RH va être un chantier logistique.
Avec le nouveau coordinateur logistique arrive récemment sur la mission et qui dépote niveau boulot, nous avons prévu des travaux à Herwa pour la construction d’une maternité. Le chantier devrait commencer la semaine prochaine pour un mois, et cela va changer la face du centre de santé. En plus la maternité sera ouverte 24h/24, 7j/7.
Il faut déjà gérer la maternité de Ngarannam qui compte près de 35 accouchements par semaine, ce qui fait déjà une belle moyenne. Et pour commencer correctement la journée du 12 janvier, un peu spéciale pour moi, j’ai reçu un coup de fil disant qu’une femme devait accoucher mais que l’enfant s’était retourne au dernier moment et qu’il fallait alors accoucher par césarienne. Pas d’ambulance a 23:59 et couvre-feu en place, les déplacements dans la ville sont compliques. Apres un moment de panique parce que réveillée en plein milieu de la nuit et quelques coups de fil, une ambulance s’est déplacée pour emmener la patiente a l’hôpital et assurer la césarienne. Un nouveau petit être vivant est donc ne un 12 janvier et cela vaut bien 2h d’urgence au milieu de la nuit.
Mes collègues ont assure pour mon anniversaire ce week-end. J’ai eu droit a une fête très chouette (vive le vendredi) et durant le même week-end, nous avons fêté noël et malheureusement le départ de Sophia qui nous quitte mardi. En plus, le couvre-feu a change et les nouveaux horaires sont un peu contraignants pour notre vie sociale puisque nous devons etre a la maison a 19:15. Cela va probablement durer jusqu’a fin janvier.
Julie (encore une !) nous a rejoint pour s’occuper de la plateforme logistique, Sophia s’en va, un nouveau coordinateur medical arrive fin janvier et un PM support pour moi devrait arriver dans les prochaines semaines. Ca bouge et en bien ! Ca va être top.
J’y retourne ! A plus les copains.
Bonne annee 2018, qu’elle vous apporte joie, paix et Bonheur !
Margotte Vappereau
LES REFUGIES SYRIENS SONT-ILS IND2SIRABLES ?
La guerre de Syrie a fait en sept ans plus de douze millions de réfugiés qui ont été obligés de quitter leur domicile, quartier, ville ou village…..
Ces pauvres gens qui ont tout perdu n'ont pas retrouvé un domicile fixe ni un toit…les mouvements caritatifs les a regroupés soit dans des camps soit dans des immeubles semi-finis qui manquent de tout …Pour échapper à cette vie de misère certains ont cherché à fuir vers d'autres cieux plus cléments …Ils ont été souvent refoulés. Beaucoup ont trouvé la mort en route noyés, vandalisés sans pitié, malades non-soignés ou suicidés oubliés.
Ces réfugiés sont coincés entre deux murs:
1) Ils ne peuvent rentrer chez eux... le chemin du retour reste bloqué et leurs maisons en ruine.
2) D'un autre coté le monde les méprise et ferme ses portes devant eux. .Ils sont indésirables.
A la veille de Noël ces pauvres familles se trouvent dans une situation bloquée angoissante et déprimante.
Le peuple Syrien a fait preuve d'une grande générosité en accueillant les réfugiés arméniens en 1915, les réfugiés Assyriens en 1924, les réfugiés Palestiniens en 1948, les réfugiés kurdes 1960, les réfugiés libanais en 1975, les réfugiés Irakiens en 2003…et maintenant ces syriens devenus eux-mêmes des réfugiés ils sont un peu partout indésirables… déçus , rangés par l’amertume..
L'affection du Pape François à l’égard des réfugiés montre le chemin de compassion L’Enfant Divin nous interroge sur l’indifférence. Pouvons-nous encore fermer les yeux ?
Noël 2017 + Samir NASSAR
Archevêque Maronite de Damas
Nouvelles de Margot au Niger Décembre 2017
Bonjour a tous,
J’ai prolongé mon contrat jusqu’a fin mars. La période qui s’annonce va être bien remplie, a commencer par le mois de décembre avec toutes les nouvelles propositions de projet a écrire.
En fait, notre projet devait se terminer le 18 décembre et comme nous n’avons pas utilise tout l’argent, nous avons demande a notre bailleur d’étendre la durée du projet sans en attendre les fonds. C’est courant de faire une telle requête et cela s’explique par un lancement décalé du projet ou par une sous-estimation des coûts locaux au moment de l’écriture de la proposition du projet.
Quand un nouveau projet se lance, il est toujours difficile d’évaluer exactement quelles vont être les dépenses exactes.
Par contre, pour le nouveau projet qui vient, l’estimation devrait être plus facile à évaluer. Le projet va un peu se modifier mais les coûts seront plus appropriés grâce à l’expérience acquise au cours de la première année du projet.
En ce moment, je vous disais donc que les journées de travail sont bien remplies pour la simple et bonne raison que nous allons récupérer un nouveau centre de Santé au 1er janvier, qui jusque là était géré par MSF, et que nous sommes en train d’organiser la passation avec eux.
Si on récapitule bien, pour nos projets santé en ce moment, nous avons déjà un centre de santé dans le Sud de Bolori II (30 staffs), 3 cliniques mobiles dans le Nord de Bolori II (20 staffs) et a partir de janvier, nous aurons un nouveau centre de santé dans la partie Est de Bolori II (80 staffs).
Il faut donc préparer le changement de contrat des staffs, visiter la structure et se familiariser avec son fonctionnement, rencontrer les staffs un a un lors d’un petit entretien pour leur demander s’ils veulent bien faire partie de la grande famille de PUI ou s’il préfère rester chez MSF (mais dans ces cas la il perdrait leur job donc je vous laisse deviner leur réponse).
Je vais être en charge d’assurer le bon fonctionnement de toutes nos structures de santé entre janvier et mars car mon collègue rentre chez lui pour reprendre le poste début avril. Ca va être costaud mais la période va être intéressante: plus qu’une personne pour assurer la communication entre toutes les équipes santé. Le plus gros chantier va être un travail d’harmonisation des outils et de formation des adjoints pour qu’ils puissent être autonomes au maximum sur leurs postes. Et moi, je serai en arrière plan pour m’assurer que les projets fonctionnent et leur apporter le support nécessaire.
Quant aux cliniques mobiles, il va falloir préparer une évolution vers des structures fixes. Les infirmiers support sont en phase d’être recrutés pour renforcer les équipes. Les petites abeilles attendent toujours un superviseur. L’activité démarrera plutôt en janvier car avec le nouveau centre, il faudra aussi sélectionner de nouvelles abeilles !
Et la vie sur la base dans tout ça ? De nouvelles arrivées sont prévues pour décembre. A commencer par un nouveau coordinateur logistique qui est arrivé hier. S’en suivra un coordinateur RH, un coordinateur en charge du monitoring et des évaluations de projets que nous appellerons MEAL Co !, une nouvelle charge de projet pour notre plateforme logistique, un nouveau chef de base pour remplacer Sophia. Bref la vie de la base en ce mois de décembre va connaître beaucoup de changements.
Je vous embrasse Margot
Pour plus d’infos sur le Nigeria (en anglais): https://www.acaps.org/country/nigeria
Pour plus d’infos sur Première Urgence Internationale :
https://www.premiere-urgence.org
Pour me suivre :
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Damas, le 29 Juin 2017.
RAMER À CONTRE-COURANT
Cette septième année de guerre récolte les fruits amers des violentes tempêtes successives qui ont bouleversé la tranquillité de la société Syrienne.
En voici trois victimes principales : la Famille, les Jeunes et l’Eglise.
Ne peut-on pas voir dans ces changements le début d’un crépuscule ?
Ces mutations structurales invitent à s’interroger sur la pastorale traditionnelle.
Une si vieille Eglise Apostolique installée dans la Tradition et les coutumes, peut-elle franchir le pas vers une nouvelle forme de témoignage Chrétien ?
Pour sauver le moral de ces derniers témoins de l’Evangile, notre petite Eglise se fie à l’Esprit Saint qui seul peut guider une nouvelle Pentecôte …..
VIENS ESPRIT DE LUMIERE !
Juillet 2017 Du Nigeria, Margot nous fait part de ses découvertes, des choses étonnantes et de surtout de l’avancée du projet de ‘Première urgence internationale’.
Apres avoir attend 15 jours de plus pour que mon matériel arrive (enfin une partie seulement), je me suis dit qu’il fallait démarrer. Bizarrement, mes collègues et moi avons toutes attend la même semaine pour démarrer nos activités et qui plus est la seule semaine pendant laquelle notre chef de base était en vacances.
Notre cheffe de mission est donc venue nous rejoindre pour soutenir les équipes et assurer l’intérim pendant une semaine.
Et finalement, nous étions bien contentes de l’avoir avec nous. La semaine s’est avérée compliquée pour tout le monde avec beaucoup d’imprévus a gérer.
Pour ma part, le premier jour a été un peu chaotique. Pour chaque site de Clinique mobile, nous avons décide de mettre en place des abris pour protéger du soleil et de la pluie l’équipe et les patients. Les abris, composés de poteaux en fer surmontes d’une bâche, ont été monté 3 jours avant de commencer. Mais c’était sans compter sur une énorme tempête la veille du démarrage. Pluies diluviennes pendant toute la nuit, tonnerre et éclairs impressionnants. Le lendemain donc, premier jour, nous arrivons sur site et qu’elle n’est pas ma surprise (peu cachée certes mais certaine) de voir nos poteaux pliés et notre bâche par terre. Pas de panique, l’improvisation est de mise pour assurer un semblant de journée. Les équipes que j’avais choisi de faire démarrer toutes ensemble pour les premiers jours, ont mis la main à la pâte et m’ont aide a installer un site a peu près correct. Notre message d’annonce de la veille indiquant que nous viendrions faire des consultations gratuites est relativement bien passé puisqu’au moins 100 personnes nous attendaient de pied ferme. Nous avons ouvert les consultations pendant 2 heures et promis de revenir la semaine d’après.
Les jours suivants, sur les deux autres sites, la bâche était toujours en place mais les enfants ont joué avec. Même résultat, site inutilisable. Le constructeur a cependant été très rapide a répondre et nous avons réfléchi ensemble a une autre solution. Nous avons opté pour une structure en bois, avec un toit légèrement en devers et des poteaux de renfort en métal mais cette fois pas creux.
Comme vous l’aurez compris, cette première semaine a été pleine de surprise mais globalement bonne puisqu’en 6 jours de travail, les équipes ont vu 591 patients.
Le matériel continue a arriver au fur et a mesure et en cette fin de semaine, nous avons reçu du matériel médical basique (stéthoscope et sphygmomanomètre). Les 3 abris devraient être termines mercredi et les 3 équipes pourront désormais se séparer pour aller chacune sur un site différent tous les jours. Déjà, certaines problématiques ont été soulevées comme le travail les jours de pluie car pour l’instant, seule l’équipe est protégée de la pluie mais pas les patients. Il va donc devenir impérative de construire un abri pour que les patients puissent se rendre aux Cliniques même les jours de pluie.
La pluie, à Bolori II, le quartier où nous travaillons est un vrai challenge. Apres une nuit entière de pluie, certaines parties du quartier sont complètement sous l’eau. Les déchets se repartissent partout, les routes sont inabordables. Il n’est pas difficile d’imaginer une épidémie de cholera se répandre dans ce quartier ou le taux de malaria exploser. Nous essayons de nous préparer a toutes ces problématiques sanitaires et de les prévenir au maximum grâce a un système de déclaration immédiate.
Dans la continuité du projet, nous allons engager 6 nouvelles personnes pour renforcer les équipes car les besoins sont très importants et les équipes pourraient vite être débordées. 3 nouveaux infirmiers et 3 agents d’accueil qui serviront aussi a gérer la foule et organiser les patients. Notre objectif est d’être le plus efficace possible avec peu de moyens humains.
Que dire de la vie en dehors du bureau ?
La vie a la maison périodes des périodes d’animation et des périodes calmes. Chacun prend ses vacances au fur et a mesure. Nous allons accueillir 2 nouveaux pendant les prochaines semaines. Un nouveau responsable programme en sécurité alimentaire, Remi, qui arrive la semaine prochaine. Et…… Dagobert (cf. Iraqi’s letter) qui nous rejoint en tant qu’adjoint du chef de base pour superviser les responsables de programmes et décharger un peu Maxime de la partie programmatique.
Cette semaine et jusqu’a la fin de la semaine prochaine, nous avons également accueilli des visiteurs du siège. Notre charge de Ressources Humaines, une conseillère en Sécurité Alimentaire et un consultant en sécurité nous ont rejoint, apportant avec eux de nombreuses victuailles, de quoi ravir les papilles de tous.
La sécurité a été renforce durant le mois passe car nous étions en période de Ramadan. C’est malheureusement une période sensible en termes de sécurité et beaucoup de mosquées font l’objet d’incident au moment des prières. Nos staffs ont eu des horaires allégés, petit bonus pour nous puisqu’ils quittaient le bureau 1h30 plus tôt, ce qui nous laissait le temps de travailler sur des sujets de fond. Par contre, pour nous, le couvre feu a été réduit a 21:00, avec une restriction des mouvements. Le consultant en sécurité est aussi venu pour évaluer le niveau de sécurité sur le programme de Charlotte qui fait des distributions de nourriture au Nord de Maiduguri.
Ce WE, nous avons donc vécu en confinement sans mouvement extérieur autorisé de samedi après-midi a dimanche soir. Et lundi et mardi sont des jours de vacances pour nos staffs, nous irons donc travailler tranquillement et préparer cette nouvelle semaine qui arrive.
La vie suit son cours, a coup de jeux de cartes, de discussions et de galères partagées. Notre cheffe de mission quitte le Nigeria la semaine prochaine et n’a pas encore trouve de remplaçant pour les mois a venir. Nous sommes tous tristes de la voir partir car elle est celle qui a ouvert la mission il y a un an. Mais c’est un repos bien mérité qui l’attend. La pluie arrive petit a petit chez nous et la température redescend (bon d’accord il fait toujours 35 !!).
Voila donc les nouvelles fraîches du mois. N’hésitez pas à partager ou a en parler autour de vous. Un soutien, surtout moral, compte toujours.
Passez un bon été et de bonnes vacances pour ceux qui en ont. Pour les autres bon courage !!! Je vous embrasse fort.
Margotte
Nouvelles du Nigeria (N°2) envoyées par Margot
de l’ONG Première urgence internationale. 21/05/17
Que vous dire de ce premier mois en terre inconnue ?
Le voyage aller s’est très bien passe, avec un arrêt a Lagos, une nuit a l’hôtel et un vol interne le lendemain pour finalement arriver a Maiduguri. L’aéroport de Maiduguri, qualifie d’aéroport international est compose d’une piste, d’un mur d’enceinte et d’une baraque soit disant de contrôle. Les bagages se récupèrent directement sur le chariot qui les a sortis de l’avion. Pourquoi s’embêter avec des tapis tournant franchement ?
J’ai découvert l’endroit ou j’allais vivre pendant 8 mois, une belle résidence, grande et fleurie qui fait impression de château la première fois avec son allée et son rond-point devant la porte d’entrée. Cette résidence est grande et belle et elle peut l’être car elle est un des rares endroits ou nous avons le droit d’aller (encore heureux c’est notre maison !) Ce que je veux dire par la, c’est que le nombre de nos sorties se limite au bureau et aux autres ONG. Pas le droit de marcher dans la rue ; notre shopping se fait dans un seul magasin, pour le reste on envoie les chauffeurs, couvre-feu a 21 :30, voila nos principales règles de sécurité en place. Heureusement la communauté expatriée est relativement élevée et toutes les ONG habitent dans le même coin.
Et puis j’ai découvert le bureau, mes collègues, notre environnement de travail. La mission Nigeria est une jeune mission d’un an seulement et s’est développée très rapidement. La base a été ouverte en juin 2016 avec des activités de sécurité alimentaire (distribution d’argent pour acheter a manger, distributions alimentaires) avec a l’origine un responsable programme et un chef de base. Et aujourd’hui, la base a 5 responsables programmes (2 programmes sécurité alimentaire/nutrition, 1 plateforme de stockage en partenariat avec plusieurs ONG, 1 programme santé avec un centre de soins et des cliniques mobiles), 2 programmes support, une 100aine de staffs nationaux. Belle progression. La coordination est basée a Abuja, la capitale, et c’est surtout la qu’il y a des postes a pourvoir.
A Maiduguri, nous sommes en moyenne 10 expatries de tous horizons. Français, pour la plupart mais aussi Kenyan, Ougandais, Ivoiriens, Ethiopiens… Il se pourrait que le nombre d’expatries augmente encore d’ici peu, si nous réussissons a acquérir de nouveaux programmes. Pour le moment nous apprenons a vivre ensemble, la maison nous laissant pas mal d’espace pour vaquer chacun a nos occupations. Notre résidence nous permet même de faire du football 5*5 ou de faire un barbecue de temps en temps. Notre maison comme notre bureau est gardée par des gardes nuit et jour.
Mon travail dans tout ça ? (Mais que peut elle bien faire de ses journées ?) L’intitulé de mon poste est Responsable Programme Santé (jusque là rien de vraiment nouveau) mais cette fois plus pour un centre de santé mais pour des cliniques mobiles. Le projet a été accepte en Décembre 2016 par le même bailleur que celui pour lequel je travaillais en Irak. Les activités sont les mêmes avec une partie support a un centre de santé dont Ossana, mon collègue s’occupe, et une partie clinique mobile a créer. Mon travail consiste donc depuis un mois a préparer l’ouverture des cliniques mobiles. Cela passe par :
- Le recrutement des équipes a savoir 12 personnes qui seront reparties en 3 équipes.
- La commande du matériel pour les consultations et pour l’installation.
- L’évaluation du niveau d’accessibilité et de sécurité des 3 futurs sites
- La signature d’un accord entre les responsables de la communauté, les propriétaires des terrains et nous, PUI.
- Le briefing des équipes a propos de PUI, de notre politique santé, du fonctionnement de la base et la présentation des autres programmes.
- La formation ou l’évaluation des compétences des équipes avant de les faire démarrer.
- La préparation des règles de fonctionnement de chaque clinique.
- La formation de mon assistant au métier de manager et gestionnaire d’équipe.
- Des journées de préparation de réponse sanitaire a échelle nationale pour telle ou telle maladie (la semaine dernière, c’était pour l’arrivée du paludisme avec la saison des pluies).
- Des réunions santé avec tous les acteurs présents a Maiduguri.
Pour m’aider dans tout ça, j’ai un responsable hiérarchique qui me guide dans toutes les questions de sécurité, de relations avec les différents acteurs de la communauté. J’ai également un responsable technique, coordinateur médical de son état, qui a prépare un peu le terrain avant que j’arrive. Il y a aussi deux conseillers techniques pour les questions de nutrition et les questions de santé sexuelle et reproductive.
Nous sommes quasiment prêts a démarrer mais il manque encore l’essentiel : le matériel. L'intitule du projet « clinique mobile » n’est pas tout a fait exact puisque chaque clinique aura un site attribue pour commencer et ne bougera pas au sein de la communauté. Nous verrons quelle est la fréquentation des cliniques après quelques semaines, mois d’activités et nous adapterons en fonction des besoins.
Chaque équipe sera donc composée d’un infirmier pour les consultations médicales, d’une sage-femme pour le suivi des grossesses et les consultations gynécologiques, d’un agent d’accueil et d’un pharmacien assistant pour la distribution des médicaments. Une voiture pour le transport de matériel/personnes vers les autres structures de santé et une voiture pour l’équipe. Plusieurs chemins ont été identifies par principe de sécurité, et aussi pour prévoir la saison des pluies qui vient et qui rend impraticable certaines routes.
Le quartier dans lequel nous allons travailler se trouve au nord de la ville et représente une communauté d’environ 200 000 personnes qui vivent dans des conditions d’insalubrité à vous retourner le coeur. Les déchets sont omniprésents et les enfants marchent, courent, jouent pieds nus sur ces tas qui jonchent les rues. J’essaierai de vous mettre des photos dans ma prochaine news.
Sur ce je vous laisse. Le week-end touche a sa fin. Comme d’habitude, n’hésitez pas si vous avez des questions particulières, des sujets qui vous intéressent plus que d’autres. Je serai ravie de répondre a vos questions.
Passez une belle semaine. Profitez de votre steak hache et du camembert dans vos assiettes.
Margot Vappereau
Adresse(s) de messagerie :
vappereaumargot@gmail.com
lNouvelles d’Irak envoyées par Margot le 10 décembre 2016
Bonjour mes chers amis,
Des nouvelles de Mossoul ?
Nous suivons la situation avec beaucoup d’intérêt bien que nos actions soient très limitées pour le moment. La bataille est plus dure que prévue, Daesh connaît bien son terrain a l’intérieur de Mossoul et s’est suffisamment préparé pour tenir tête a toutes les forces armées en action. Des pièges, des tunnels, des explosifs, l’utilisation de civils comme boucliers ; tous les prétextes sont bons pour ne pas se rendre et continuer a se battre.
Les pertes militaires du côté irakien ont triple depuis le début de l’offensive et les déplacés sont aujourd’hui proches de 100 000, repartis dans les camps le long de la frontière kurde.
Certains camps ont déjà atteints leur capacité maximale d’accueil, ce qui rend la situation un peu inquiétante quand on sait que seulement 1/10 de la population s’est pour l’instant déplacée.
Pas grand impact sur nos projets mis a part les cliniques mobiles impliquées dans l’accueil de déplaces au camp de Zelikan comme je vous l’expliquais dans ma précédente lettre. Le temps de passer la main a une autre ONG, les équipes ont été efficaces et le Département de la Santé est plus que satisfait de notre travail et de notre collaboration avec eux. Nous n’avons pas encore déployé d’équipe dans les gros centres de tri (ceux places avant la répartition dans les camps) car l’afflux de IDP’s n’est pas assez conséquent.
Le lien suivant est l’interview de notre chef de mission qui donne son avis sur la situation préoccupante de Mossoul en ce moment. https://www.premiere-urgence.org/les-irakiens-sont-tres-inquiets/
Concernant les projets sur la mission, Bardarash et Bajet Kandala sont effectifs. Les équipes sont extra, font un travail constant et de qualité. La visite de notre nouveau Conseiller Santé du siège nous l’a confirme et cela fait du bien d’entendre que le travail accompli va dans le bon sens. Bien sur de nombreuses améliorations peuvent encore être faites mais la mécanique est en place et fonctionne bien.
Le nouveau projet Unité Mére-Enfant pour Bardarash a démarré. Nous sommes dans la phase de construction et d’installation. Le chantier a démarre avec l’aplanissement du terrain, pour y couler une dalle de béton qui accueillera bientôt le nouveau préfabriqué destine a l’accueil d’enfants et de leurs mamans pour des sessions de prévention et de sensibilisation. La porte d’entrée va également être déplacée pour harmoniser l’ensemble. Je vous promets, vous aurez des photos lorsque l’ensemble sera termine.
Au niveau des activités, nous sommes encore en discussion pour adapter notre réponse au mieux aux besoins de la population. Le but est surtout de proposer des services complets et pas seulement des activités partielles. Je suis donc a fond dans la lecture de procédures, des lignes directrices de l’OMS ou toute autre entité ayant une opinion sur le sujet, a raison de 125 pages par document, cela demande un peu d’attention mais se révèle très intéressant surtout pour mon futur projet au Nicaragua.
Nous avons également recommence notre activité de prévention santé et hygiène. Souvenez-vous en juin, nous avions du arrêter cette activité (les petites abeilles) par manque de fonds mais nous avions le souhait, même moins souvent, de continuer a diffuser des messages de santé et d’hygiène dans le camp. La solution trouvée a donc été d’embaucher des habitants du camp pour une semaine par mois. Ils sont et seront formes a chaque début de semaine de prévention (puisque nous n’avons la capacité de ne faire seulement qu’une semaine par mois ce qui est déjà une bonne opportuniste) sur le sujet choisi.
Le premier sujet était sur les diarrhées et le cholera et toutes les mesures de prévention qui évitent ce genre de maladies. A BK, les gens ont bien répondu a l’invitation et sont venus en nombre pour écouter nos petites abeilles, mais à Bardarash, le premier jour a été surprenant puisque seulement 2 personnes sur 30 invitées sont venues assister aux sessions pour adulte. Les enfants, eux, été ravis de faire de petits exercices à l’école et de regarder le film sur le cholera. Les échanges ont été bons. Changement de stratégie donc pour les adultes : des le lendemain, nos petites abeilles se sont munies de tablettes et sont allées rendre visite aux gens directement dans leurs tentes. La réponse a été bien meilleure et nous finissons la semaine pas si loin de notre objectif. Ouf !! Un stress en moins.
Sinon la fin de l’année se prépare. Les guirlandes commencent a envahir les grands magasins et les sapins décorés fleurissent dans les boutiques. Hier, nous avons lance une opération « Sapin de Noël » qui s’est solde par l’achat d’un If !!!! Pas grave, ce sont les guirlandes et les boules qui comptent. Sur la mission, nous serons 10 pour Noël et chacun durant ses dernières vacances en France a fait des provisions en vue de ce long week-end qui s’annonce ! Saumon, foie gras, Champagne, pâtes et fromages en tous genres pour nos papilles. Le reste des expats rentre a la maison pour les fêtes et la mission commence a se vider petit a petit. Les activités seront au ralenti pendant la fin du mois mais ça n’est pas pour nous déplaire. A Dohuk, 3 personnes finissent leur mission entre Noël et Nouvel An. A Bardarash, Caro et moi partirons plutôt en janvier. Nous attendons avec impatience de savoir qui arrivera pour nous remplacer et quand ! Le temps passe a une vitesse ahurissante et je me rends compte que cela fait déjà presque un an que j’ai débarque ici. Cette année a été riche en découvertes, en émotions et en apprentissage. Je sens l’envie de rentrer a la maison grandir de jour en jour mais j’ai aussi de plus en plus d’idées de ce que je pourrais faire avec les équipes ici. Le tout est de ne pas entreprendre un trop gros chantier avant de partir et de terminer les choses commencées au maximum.
Bref, ça sent la fin de l’année.
Je vous souhaite a tous de belles fêtes en cette fin d’année. Mon souhait pour cette fin d’année serait que nous nous tournions plus vers ceux qui n’ont pas votre chance d’être au chaud, en famille, avec de la bonne nourriture sur la table ou des cadeaux au pied du sapin, pour partager tout ce qui fait vraiment de Noël un moment de convivialité et de partage.
Et si cette année, au lieu de vous faire des cadeaux entre vous, vous offriez quelque chose a des personnes dans le besoin ou a des causes qui vous tiennent a coeur ?
Merry Christmas to all. A l’année prochaine !!
Margotte
ENSEMBLE l’ EDUCATION
Cette session qui s’est tenue à Paris en novembre 2016
a rassemblé 1500 personnes à Paris et 2000 auditeurs sur la Wikiradio l
L’éducation est l’arme la plus puissante avec laquelle vous pouvez changer le monde (Nelson Mandela)
Ouverture par Mme Dominique QUINIO, Présidente des Semaines sociales de France
Eduquer l’Homme, c’est l’histoire de toute une vie et on a besoin de tout un village. Les éducateurs sont les parents ,l’école mais aussi les copains, les grands parents, la religion ,le sport, les associations, la télé( mais quelle télé ! Chaque être humain doit développer tous ses talents pour mieux vivre ensemble. La dimension sociale et sociétale sont nécessaire au développement de la nature humaine. Chacun de nous est concerné et il faut une cohérence avec notre exemplarité. ‘Une société qui ne s’éduque pas est une société qui ne s’aime pas.’ Saint Exupery
Le Cardinal Parolin lit la lettre du Pape François au Congrès
Promouvoir les libertés responsables des personnes qui comprennent que leurs vies sont dans leurs mains. Faire émerger une alliance, dans la confiance, entre les éducateurs et les enfants : Eduquer c’est accompagner, donner un sens. Ne pas les réduire à la recherche de la technicité, la productivité, le pouvoir, le consumérisme : Ce ne sont pas des sens pour l’Homme. Les aider à devenir des constructeurs de ponts, des animateurs.
Finalités et moyens de l’éducation : P. Balmant et J.Louis Bianco
L’éducation a une vision d’avenir, c’est une aspiration et un pari sur le futur. On demande beaucoup à l’école : Le savoir, la préparation au monde professionnel, l’accomplissement de la personne, la suppléance des parents « défaillants » car la famille qui est un acteur essentiel n’est pas toujours en capacité. Mais aussi l’acquisition de la culture, l’éducation morale et civique, les règles de droit, le respect des autres,, le jugement pour penser par soi-même avec les autres. La famille cherche plutôt les savoirs fondamentaux pour permettre au jeune de trouver un travail plus tard, les enseignants cherchent à répondre à toutes ces demandes mais aussi combattre les inégalités, travailler sur le monde des décrocheurs.
Pour P. Balmant, pas d’enseignement sans vision de la personne et sans vision du monde. Les finalités doivent être partageables et partagées. Nous sommes confrontés à une urgence éducative. Quelle piste la vision chrétienne peut nous proposer ? La confiance, elle vaut comme un promesse et une alliance et elle se joue sur une relation humaine.
- L’accompagnement qui est destiné à faire grandir l’humain en nous. -la joie en partageant ce qui leur sera vital pour toujours -une charpente plus qu’une armure -une éducation humanisante c’est-à-dire une éducation à la durée face à immédiateté, une éducation à la fraternité, une éducation à la raison face à l’émotion, une éducation à l’intériorité et une éducation à la dimension spirituelle face au déficit de sens de notre société
En conclusion, l’éducation est là pour permettre un usage du monde et faire de ce monde la maison commune : c’est un avenir et une espérance
Quel changement faut-il promouvoir ?
L’école française est très efficace pour tous les bons élèves mais laisse un fossé de plus en plus marqué entre les bons élèves et ceux en difficulté. Il faut travailler à une école plus ouverte à tous, c’est une question de pratique pédagogique ! Régis Debray disait : ce sont les vaches qui « vivent ensemble » mais les Hommes doivent « faire ensemble » Savoir faire, oui mais surtout » faire être » et remplacer la compétitivité par « agir ensemble »
Revenir à la culture de la dissertation qui est une vraie construction du raisonnement
Le terrorisme est la conséquence d’une perte de sens, d’un échec du développement personnel :car certains jeunes de culture musulmane, même intégrés, se lancent vers le terrorisme. En France la proportion de mariages mixtes (musulmans et français de souche) est de l’ordre de 45%, en Angleterre le taux est nettement plus bas ce qui montre que notre intégration ne marche pas si mal !
L’école peut contribuer à construire une culture commune et surtout notre capacité à vivre en commun.
La tradition, c’est bien, c’est un héritage à condition qu’elle nous aide à construire un vrai avenir.
La Laïcité est importante, c’est une valeur de pacification : ce n’est pas un glaive mais un bouclier.
La laïcité doit avoir toute sa place mais en prenant le terme dans son vrai sens, comme le respect de toutes les religions :Car comment bâtir l’intégration des personnes sans introduire la notion d’introduction d’une culture religieuse et philosophique ?
Paul Malartre (Secrétaire National Enseignement Catholique) : les défis actuels à relever ensemble
1°-S’approprier des idéaux, aider à donner un sens à la vie en dehors des sentiers battus (productivité, consumérisme, etc.) en proposant des idéaux spirituels et philosophiques
2°-Développer les relations inter-générationelles
3°-Nous poser la question : comment sommes nous citoyens ? Car tout est permis, dit S Paul, mais tout ne convient pas !
4°On pose souvent sur la société un regard économique, psychologique mais maintenant il faut un regard plus philosophique et spirituel ( quel sens ?) Se poser la question :Quel type d’humanité est en train de germer avec le développement du numérique ?Certains enfants sont déstabilisés car ils ne trouvent pas à l’école ce qu’ils trouvent sur les réseaux sociaux ! Les enfants qui réussiront le mieux demain dans la vie seront ceux à qui on aura su donner un sens et un idéal pour leur vie.)
Si certains enseignants sont peu engagés, c’est parce qu’ils se sentent infantilisés (manque d’autonomie).Ils devraient être formés à la dynamique de groupe, pour la gestion de la classe, mais aussi des parents lors des réunions de parents.
Si les parents sont peu impliqués, c’est parce qu’ils ne comprennent pas la nécessité de faire dialogue
5°Pour bien éduquer il faut développer une certaine éthique, un amour des enfants : Parents et enseignants savent-ils se pencher vers eux, les regrouper, les soutenir ? Il faut générer la confiance, développer notre écoute, éviter au maximum de les bousculer( cris etc..) car notre monde s’en charge, leur réserver des temps de silence à l’école et surtout leur montrer qu’on les aime en prenant du temps gratuit pour eux.
Urbain HUBAU.
Si nous désirons entrer en contact avec lui : urbain.hubau@gmail.com
Newsletter du mois de novembre.
OPERATION MOSSOUL »
Contenu pouvant choquer. Ames sensibles s’abstenir.
Hello tout le monde,
Je crois que cette newsletter va s’appeler « Opération Mossoul » car il est important que vous ayez les bonnes informations concernant ce qui se passe à 30 km de chez nous (car non, on ne dort pas a Mossoul !!).
Je ne sais pas vraiment ce que les medias vous racontent a propos de cette bataille contre Daesh mais de ce que je vois, vous n’avez pas la moitie des infos importantes.
Laissez moi donc vous expliquer les choses essentielles a propos de cet événement : Mosoul, 2eme plus grosse ville irakienne, est aux mains de Daesh depuis maintenant deux ans. Certains habitants ont fui avant l’arrivée de l’Etat Islamique et d’autres ont réussi a s’échapper pendant leur occupation. L’EI n’occupe pas seulement Mossoul mais aussi de nombreux villages autour de Mossoul, villages qui sont a la frontière du Kurdistan ou nous résidons. Parmi les forces armées impliquées dans cette bataille, on retrouve :
- Les forces de l’armée irakiennes en majorité,
- Les forces kurdes appelées Peshmergas,
- Les milices Shiites dirigées par Hashd al-Shaabi
- Les forces armées de la coalition à savoir US, UK, France…(Environ 3000 hommes).
Depuis le début des opérations le 17 octobre et jusqu’à aujourd’hui, le but des forces armées est de « libérer » les populations du joug de Mossoul. Le plan était de se rapprocher de Mossoul au fur et a mesure en reprenant les villages 1 a 1, pour éviter un maximum de dégâts. Les avancées se font progressivement et avec beaucoup de prudence, car Daesh se sentant menacé, a piégé tout ce qui était possible avant de se retrancher. Il y a donc des explosifs partout, sur les portes des maisons, dans des objets incongrus, dans des voitures, des mines dans le sol. Les habitants comme les militaires sont en danger permanent et pour couronner le tout, Daesh utilise plus que jamais la carte de l’attaque suicide ou de la prise d’otage de civils pour se protéger des attaques aériennes.
Le positionnement de chaque acteur est stratégique. En effet, les Peshmergas (kurdes, nos copains protecteurs !) ne sont pas prévus pour entrer dans Mossoul mais pour protéger leur frontière et éventuellement reprendre certains villages considérés comme kurdes comme Bashiqa juste a cote de chez nous (petit village qui résiste encore et toujours a l’envahisseur).
Les forces armées irakiennes sont les principaux acteurs de la reprise de Mossoul. Les milices shiites sont placées à l’Ouest pour barrer la route en direction de la Syrie pour les combattants de Daesh qui voudraient se replier.
A l’heure actuelle, les soldats sont arrivés en périphérie de la ville et rencontrent une résistance particulièrement forte de la part de l’EI. Les militants de Daesh sont estimes a 5000 encore dans l’enceinte de la ville. Les civils coincés eux sont plus proche de 1.5 million dont 600.000 sont des enfants. Daesh a déjà utilisé des civils comme boucliers humains pour se protéger et n’hésitera pas a le refaire. C’est pour cette raison qu’ils déplacent massivement des civils d’un point a un autre ou qu’ils placent des civils dans certains de leurs convois.
Daesh a une autre tactique, c’est celle d’utiliser de nombreux souterrains pour se cacher. Ils ont construit un énorme réseau de galeries qui relient les villages entre eux, certains assez grands pour laisser passer des camions. Les soldats dans leurs recherches, ont retrouvé d’énormes entrepôts de munitions et de matériel et engins explosifs.
Sur la carte ci-dessous, vous pouvez voir tous les villages qui ont été repris depuis le début des opérations. En rouge, l’armée irakienne (rouge clair : opération en cours). En vert, les Peshmergas (vert clair : opération en cours.). En jaune, les milices shiites (orange : opérations en cours). La ville de Hamam Al Alil que vous apercevez sur la carte est la ville ou en ce moment même Daesh tient en otage plus de 2000 personnes.
Les opérations dans Mossoul vont certainement être plus lente que le reste car la ville a été construite de telle façon que les chars et les voitures blindées ne peuvent pas y circuler. Les soldats se retrouvent donc dans un combat en face a face dans les rues.
Et du point de vue humanitaire, comment ça se passe ?
Depuis le 17 octobre, déjà 20000 personnes ont été déplacées. Beaucoup ont été dirigées vers le Sud a Qayyarah. Maintenant, les gens commencent a être repartis vers d’autres sites et notamment près de chez nous. Mais il y a tout un processus complexe avant que les déplacés puissent être accueillis dans un camp.
Il y a 3 étapes :
- 1 : Munster point : ou check point de sécurité assure par les forces armées pour s’assurer qu’aucun déplacé ne transporte d’explosifs. Chaque personne est fouillée.
- 2 : Screening point : premier apport de soins de premier secours et de tri.
- 3 : Déplacement des civils vers les camps prévus a cet effet.
Le premier camp de déplacés ouvert s’appelle Zelikan, et il se trouve a 5 km de Bardarash. Ouvert depuis 2 semaines, il accueille déjà plus de 2000 personnes. Les autres camps commencent a ouvrir au fur et a mesure. Les ONG qui se sont positionnées pour travailler dans ces camps et venir en aide aux victimes de Daesh sont encore dans l’attente d’autorisation pour circuler librement.
Et nous, Première Urgence Internationale, dans tout ça ?
Pour nous, vivant au Kurdistan, derrière les lignes armées Peshmergas, les conditions n’ont pas changé. La seule différence notable est la présence renforcée d’hélicoptères, et le fait que nous entendions régulièrement les déflagrations des bombes qui tombent de l’autre cote de la montagne. Mais pas de quoi s’affoler, nous monitorons la situation en temps et en heure. Mais pour une personne qui n’aurait pas la télé et qui serait un peu isolée, impossible de savoir que des combats sont en cours a 30km d’ici
Et nous sommes fiers de dire que nous avons été les premiers a répondre a l’arrivée de déplacés dans le Camp de Zelikan avec nos équipes mobiles de santé. Grâce à notre présence dans le secteur de Bardarash depuis plus de 3 ans et nos relations avec les autorités locales, nous avons eu rapidement l’autorisation de nous rendre dans le camp pour accueillir les premiers déplacés. La plupart des nouveaux arrivants proviennent du Nord de Mossoul et ont passe plusieurs heures aux check points avant d’être achemines en bus vers le camp, le plus souvent sans rien a boire ni a manger pour plusieurs jours. En effet, aucune ONG n’est autorisée a se rapprocher des Munsters points (trop dangereux ? prévention de la violation des droits humains ? pas de témoins des conditions déplorables des déplacés ?). Toujours est-il que nous étions là pour prodiguer les premiers soins aux arrivants, certains en vraiment mauvais état. Mon collègue, Mate, qui est responsable des cliniques mobiles a été présent avec ses équipes et nous attendons maintenant de passer le relais à une équipe dont les capacités de réponse sont plus importantes que les nôtres. Mate a été suivi par France 2 pour passer dans le reportage de 30 min du samedi midi. Donc si vous allumez votre télévision aujourd’hui, samedi 2 novembre, vous allez entendre parler de PUI et de mon collègue, vous allez aussi voir Bardarash.
Je pense que la bataille n’est pas terminée et nous préparons nos équipes a être opérationnelles pour ce qui arrive encore. Le plan est d’intégrer un des points de tri pour délivrer les premiers soins d’urgence mais les déplacements de populations ne sont pas encore assez importants pour ouvrir ces centres. Les 1.5 millions de personnes coincées dans Mossoul en auront certainement besoin rapidement, si tant est que l’on puisse faire quoi que ce soit pour les aider. Pour nous, c’est un peu frustrant de savoir que l’on est si près sans pouvoir rien faire pour venir en aide a ces populations. Mais personne n’est jamais vraiment prêt à accueillir plus d’un million de personnes en même temps.
Personnellement, dans tout ça, mon moral a des hauts et des bas. Je rentre une semaine à la maison pour une formation au siège la semaine prochaine. Et j’espère repartir avec la motivation nécessaire pour les 2 mois restants.
Si vous avez d’autres questions ou si vous voulez plus de détails, n’hésitez pas.
Prenez soin de vous. Je vous embrasse.
Margot
IRAQI’S LETTER 10 octobre 2016
Bonjour tout le monde,
Dans ma dernière news, je vous parlais de Mossoul, de la préparation, de l’attente pressante et incertaine. Et chacun et chacune reçoit des informations différentes, comme celle des avions du Charles de Gaulle.
Rassurez vous, c’est encore très calme ici même si on sent la pression monter petit a petit. La presse locale en parle, la télévision locale en parle, la presse internationale mais sans forcement donner plus de détails (alors forcement ça alarme toujours un petit peu quand on ne reçoit que partiellement les informations). La vérité est que les attaques aériennes des forces de la coalition ont commencé il y a déjà plusieurs mois mais les medias ont juste voulu souligner la participation des forces françaises, et notamment celles en provenance du Charles de Gaulle. En tous cas, merci pour tous vos messages de soutien, ça me touche vraiment. La vie entre les deux bases continue un rythme assez soutenu. Les trajets 2 a 3 fois par semaine commencent a me fatiguer donc je pense a revoir mon planning pour passer une semaine pleine sur chaque base et réduire ainsi mes heures de trajet (et ma fatigue par la même occasion).
Sha’alan, le nouveau PHCC manager pour Bajet Kandala (vous me suivez toujours ?), a pris ses fonctions au début du mois de septembre et montre une bonne motivation quant au management du PHCC. De plus, avec son oeil neuf, il soulève des points a améliorer ou a changer et ça ne pourra être que bénéfique au PHCC et aux staffs. Nous avons réussi a re-engager un garde et un homme de ménage pour soulager les équipes et leur permettre de prendre des jours de conge.
A Bardarash, c’est le responsable des infirmiers qui a pris son poste début septembre. Le but est de le former le plus rapidement possible pour tous les suivis dans le PHCC (suivi de la consommation du matériel médical, des produits ménagers, des fournitures du bureau…), mais aussi pour qu’il assure des formations régulières auprès des staffs sur des sujets comme l’hygiène ou certaines pratiques infirmières. Jameel est donc bien occupe a le former en plus de tout le reste.
Grande nouvelle a Bardarash : Le projet de créer une unité ‘Mère - Enfant’ pour faire de la prévention et avoir un meilleur suivi des femmes enceintes mais aussi des femmes en général a été accepte. Nous attendons maintenant le feu vert pour démarrer la construction de la dalle de béton qui permettra d’accueillir un nouveau container (et oui, encore un !!). En attendant nous continuons nos activités médicales et paramédicales. Le nouveau laboratoire accueille déjà plus de 400 patients par mois pour des analyses basiques (examen d’urine, de selles, analyses de sang…). Et tout cela grâce au don des laboratoires Mérieux qui nous fournit un équipement flambant neuf et nous permettent d’augmenter la qualité de nos services.
La mission connaît aussi quelques changements : pour la première fois depuis longtemps, tous les postes sont pourvus, de la coordination a Erbil aux bases de Dohuk, Bardarash, Baghdad et Najaf. C’est ainsi que nous avons accueilli Anike. Venue d’Allemagne, infirmière de profession (oh une copine) et avec une expérience significative, Anike a pris ses fonctions de coordinatrice médicale a mon plus grand bonheur. Son poste n’ayant pas été occupe depuis plusieurs mois, elle a découvert avec joie et non sans craintes toutes les petites surprises accumulées depuis février. Son rôle ne sera pas de résoudre tous les problèmes médicaux de la mission mais plutôt d’harmoniser les outils entre les projets, de créer plus de communication et de faciliter les échanges entre les bases et les projets. Notre premier contact a été tres bon et sera fructueux par la suite je pense. Ca fait plaisir d’avoir un peu de support technique pour la fin de la mission. Ca revigore !!
Parmi les petits nouveaux, nous avons aussi Manon, deputy head of Mission, ou bras droit du Chef de mission. Mathilde, responsable AMEA ou toute la partie concernant l’évaluation et le suivi des projets : quels outils utiliser ? Quelles données collecter ? A quel moment ? Pour quoi faire ? Nos bailleurs de fonds nous demandent Transparence et Responsabilité, c’est la raison pour laquelle apparaissent dans les clauses du contrat les rapports et les indicateurs a suivre. Et je vous assure que cela prend un temps monstrueux mais ces rapports et ces suivis sont nécessaires à la bonne connaissance du projet.
Nous avons également Hanna, venue remplacer Marion, la Grants Officer (oui je sais ça parait un peu barbare comme nom !!). Les Grants Officer sont les responsables « rapports » même si c’est un peu réducteur. Ils s’occupent d’écrire en accord avec les équipes les nouvelles propositions de projets, ils font un suivi de la sécurité et du contexte, ils participent aux Cluster (grosses réunions qui rassemblent les acteurs d’un même secteur), ils finalisent les rapports de mi-parcours ou de fin de projet, ils s’assurent que les indicateurs sont bien suivis (en gros, ils font un énorme travail de rédaction pour qu’on ait des choses plausibles et cohérentes a raconter a nos bailleurs !!) (Et on les remercie grandement pour ça parce que moi JE DETESTE LES RAPPORTS !!!!).
Donc les nouveaux sont toujours les bienvenus surtout quand ils sont frais et qu’ils ont pleins de bonnes idées.
Cette saison est aussi la fin de la saison des pique-niques. En effet, la pluie ne devra pas tarder à pointer le bout de son nez. Les températures ont déjà largement décrues et j’ai désormais besoin d’un gilet le soir. Mais je n’aime pas du tout le froid donc je n’ai pas hâte du tout que le froid s’installe. Enfin bref… Margot Vappereau
ALEP (OUEST) EST ENCERCLEE ET SOUMISE A UN BLOCUS
Courriel reçu en août 2016
L’armée syrienne avait, la semaine dernière, gagné une bataille en libérant le quartier de Bani Zeid qui surplombe la ville et d’où les rebelles-terroristes lançaient leurs mortiers et fusées sur les quartiers civils d’Alep depuis 4 ans. Et on nous promettait la libération prochaine des autres quartiers d’Alep occupés par les rebelles.
Hélas, les combats qui faisaient rage depuis 3 jours autour de la seule route qui relie Alep au reste du monde dans la région de Ramoussé (la plus proche banlieue d’Alep) ont permis aux terroristes de prendre la route et de ce fait la route est coupée.
Cette route, percée fin 2013, est notre cordon ombilical ; Elle relie Alep à Homs (via Khanasser) et au reste du pays et du monde. Par elle, passe tout le ravitaillement de produits et d’aliments d’Alep. C’est elle qu’empruntaient les Alepins pour quitter ou revenir en ville.
Depuis Jeudi soir, le ravitaillement d’Alep est arrêté. La pénurie s’est installée. Il n’y a plus d’essence, de fioul, de produits frais (fruits, légumes et viandes) le pain est devenu rare. Et les Alepins sont très inquiets pour leur avenir immédiat.
Est-ce que les gouvernements occidentaux vont protester, s’indigner, menacer, présenter une résolution au conseil de sécurité pour demander la levée du blocus d’Alep (Ouest) qui compte 1.500.000 habitants comme ils l’avaient fait il y a 10 jours quand l’armée syrienne encerclait Alep-Est prétextant la survie des 250.000 habitants de cette région ?
Où sont maintenant les protestations de nos amis qui, tombant dans le piège du politiquement correct, demandaient, il y a 10 jours, la levée de l’encerclement des rebelles pour des raisons humanitaire ?
Déjà, l’eau et l’électricité étaient coupées depuis longtemps. L’électricité, on l’achetait des générateurs privés et l’eau, on la puisait des centaines de puits forés dans les 2 dernières années. Ce qui est grave, c’est que les générateurs privés et les pompes des puits d’eau ont besoin de fioul, et s’il n’y a plus de fioul, il n’y a plus d’eau. Avec 40 degré à l’ombre, c’est du plaisir…
Un million cinq cent Mille personnes sans eau, je me demande s’il faut le qualifier de crime de guerre ou de crime contre l’humanité !!!
Nabil Antaki Il est un des responsables des ‘maristes bleus d’Alep’.
Françoise Parmentier
Si vous désirez vous mettre en relation : parmentierfrancoise@orange.fr
Lettre d’Irak reçue le 8 août 2016
Salam les amis,
Comment allez-vous ? Profitez-vous bien de vos vacances avec je l’espère beaucoup de soleil pour faire le plein d’énergie.
Pour ma part, le mois de juillet a été dense. Comme je vous l’expliquais dans ma précédente newsletter, je me suis installée à Dohuk au moins 3 jours par semaine pour visiter et gérer le PHCC du camp de Bajet Kandala (BK).
Bonne nouvelle, nous avons trouvé un PHCC Manager pour BK qui a de l’ambition. Il est infirmier et travaillait précédemment sur un autre programme pour PUI mais comptait partir. Il s’appelle Shaalan, c’est un syrien qui m’a l’air d’avoir la tête sur les épaules et qui pose déjà les bonnes questions !! Mais il ne commencera à plein temps avec moi que début septembre le temps de lui trouver un remplaçant sur l’autre programme.
Travailler sur 2 bases ainsi n’est pas évident. Il faut savoir rester disponible même de loin, pour suivre a minima les activités et ne pas être trop rigide sur la réalisation des projets. Il faut également savoir déléguer et j’avoue que j’apprends beaucoup. Mais le plus difficile c’est de justement prendre du recul pour chapeauter tout ça. J’ai réalisé que mes journées sont qualifiées de bonnes si je passe au moins une heure par jour dans les camps avec les gens aux PHCC. C’est concret, c’est du détail mais les équipes sont adorables et je me rends compte des problèmes et des choses à améliorer directement sur le terrain. Bien sur le travail de bureau est nécessaire mais rester derrière mon ordinateur me déprime souvent.
Au mois de juillet, nous avons reçu la visite d’une délégation française avec le secrétaire d’état à la culture et à la francophonie, accompagnée de l’ONG « Mission Enfance » pour l’inauguration de la 2eme école à Bardarash. Le jour était parfaitement bien choisi puisque c’est la seule journée pendant laquelle il a littéralement fait 50 degrés et tout le monde avait le bonheur de porter un costume. Quelle chaleur !!!
PUI a présenté ses activités WASH, psychosociales et activités sante. La délégation a donc débarque avec tous les gorilles de la sécurité au PHCC. Nous avons effectué une courte visite pour ensuite se pencher sur le nouveau laboratoire équipé entièrement par la fondation Mérieux. L’équipe du PHCC a été au top comme toujours, ce qui nous a valu un flot de compliments toujours bons à prendre (et une tournée de baklava pour fêter ça !!).
Notre nouveau contrat avec le bailleur a enfin été signé et nous pouvons désormais faire signer les nouveaux contrats et engager des dépenses diverses et variées, liées aux activités telles que du matériel, des meubles, des fournitures de bureau. (Si vous saviez le nombre de petits items dont j’ai besoin, vous seriez affolés !!). Chaque dépense suit un procédé strict et malheureusement une dépense ne peut pas se faire sans suivre cette procédure même dans l’urgence.
Il faut donc faire une liste avec les prix approximatifs, prix qui seront vérifiés et confirmés par notre équipe logistique après une série de devis pour déterminer les prix les plus avantageux (le principe du devis finalement J). Puis selon le montant des devis, il faudra l’approbation de la coordination voire du siège pour les montants excédant une certaine somme (1000$ pour la coordination et 5000$ pour le siège). Une fois la demande d’achat validée, l’équipe logistique lance la vraie commande et va la récupérer chez le fournisseur. Vous comprenez donc pourquoi maintenant, demander une liste fournitures de bureaux de 20 items peut prendre 3 semaines….
Toute cette procédure se fait en accord avec les bailleurs pour pouvoir justifier de toutes nos dépenses. Certains bailleurs sont très flexibles et peu regardant sur l’utilisation du don. Ils donnent de l’argent pour un projet mais ne détaillent pas la somme allouée à chaque dépense (généralement, les bailleurs les plus flexibles sont les petites organisations ou les fondations). Par contre les gros bailleurs institutionnels sont plus regardants concernant les dépenses. Ils déterminent des grands chapitres (HR, Equipement, Transport…) et à nous de déterminer combien de lignes budgétaires entreront dans cette catégorie. La flexibilité se jouera à l’intérieur de chaque chapitre selon les recommandations du bailleur.
« Pour plus d’infos sur les départements logistique et administration, merci de poser vos questions après le bip » N’hésitez pas à poser vos questions si vous voulez en savoir plus. Je pourrais vous faire une présentation plus complète des deux départements supports qui sont d’une grande aide.
Que vous raconter d’autre ? L’interview des familles qui se sont enfuies de l’emprise de Daesh ? Il est vrai que ce sont des moments forts. La tension commence à monter et des familles se sont enfuies à pied le jour de l’Aïd. La raison principale de leur fuite était surtout la faim Ils ont marché 4h pour arriver à la frontière Kurde et ont trouvé refuge au camp de Bardarash ou Maxime et moi avons eu « la chance » de pouvoir les interroger sur leurs conditions de vie sous Daesh. Moment très fort pour nous deux. J’ai passé une heure avec 4 femmes et Maxime avec 5 hommes.
Les femmes n’ont pas le droit de sortir de chez elles, à moins d’être couvertes de la tête au pied et d’être accompagnée. De la nourriture est disponible mais les prix sont exorbitants (80000 IQD le paquet de riz soit 60 euros). Et tout est extrêmement cher : l’eau, l’électricité, le gaz, le camion pour vider la fosse septique, le pain, le riz, les aliments de base, les services de santé. L’électricité est disponible seulement 2h par jour et il faut se débrouiller pour trouver de l’eau sans avoir à payer. Ils cuisinent au feu de bois faute de gaz.
Les enfants nés sous le régime de Daesh ne sont enregistrés nulle part, ils ne sont suivis par aucun médecin, ils ne vont pas à l’école car la seule disponible est l’école islamique. Les enfants sont carencés et manquent de nutriments essentiels à leurs croissances. Les enfants que j’ai rencontré ont 7 ans mais en paraissent 4…
Bref, voilà ce qui se passe de l’autre cote de la frontière. L’attaque de Mossoul est soi-disant imminente et toutes les ONG et le gouvernement s’y préparent mais quelle est la part de vrai dans tout ça ? Nous verrons bien.
Margot
Une newsletter d’Irak de juin 2016 de la part de Margot !
Popopo, comme le temps passe vite les amis. Déjà un mois depuis la dernière newsletter. Et ils s’en sont passés des choses dans ce petit mois. C’est d’ailleurs pour ça je pense que le temps est passé comme une flèche.
Merci pour vos retours sur la vie secrète des Kurdents ! Même si, après coup, je me rends compte que j’ai oublié beaucoup d’aspects de leurs vies trépidantes. Pardon si je n’ai pas pris le temps de vous répondre.
Certains d’entre vous m’ont posé des questions sur la sécurité, sur ma vision de la guerre et de comment sont gérés les évènements actuels. Je vais vous répondre en restant cependant très vague, sécurité oblige ! Comme vous avez dû l’entendre aux informations, la situation concernant Mossoul est en train de bouger et d’avancer. La situation à Bardarash est tranquille malgré la proximité avec la ligne de front. Tous les jours nous entendons passer des hélicoptères et des avions et nous nous précipitons à l’extérieur pour voir de quel modèle il s’agit. Dagobert et moi sommes devenus experts en passant en revue tous les hélicoptères qui existent !! Transport d’hommes, hélico avec rampe de missiles (pardon si les termes ne sont pas les bons !), des irakiens, des russes, des US… Chacun son sien !
Sur chaque base il y a un chargé de sécurité qui suit en temps réel les mouvements, évènements et autres faits marquants. Nous sommes alertés directement s’il y a la moindre menace. On ne ressent pas vraiment la situation de conflit ici. Depuis le camp, nous entendons parfois des explosions au loin. Pour ma part, je ne suis pas assez à l’extérieur du PHC pour les entendre (c’est dingue ce que les patients font comme bruit). Mais il est vrai que gravitent tout autour de nous des policiers armés, des militaires, des checkpoints plus ou moins renforcés selon la période et les évènements. Parmi nos staffs, nous avons aussi des points focaux sécurité. Grace à certaines de leurs connaissances dans les zones occupées, ils sont capables d’infirmer ou de confirmer les infos sécu reçues. Et sur la base, la première chose sur laquelle tu es briefé en arrivant, ce sont les règles sécu. Bref, j’ai envie de dire pas d’inquiétude on est au taquet !!
Sinon ce mois a été bien rempli pour diverses raisons :
* Nous sommes dans l’écriture d’un nouveau projet. Celui sur lequel je suis en train de travailler se termine fin juin et il faut donc trouver des financements pour continuer à faire tourner la baraque. Ce qui signifie qu’il faut revoir les activités à proposer, le budget, mettre à jour la liste des médicaments pour couvrir les besoins pendant un an, prévoir de nouvelles lignes budgétaires pour des recrutements ou des micro-projets à mettre en place. Cela prend donc un peu de temps et chacun est sollicité à son niveau (log, admin, programme, coordination….)
* 2 jours de déplacements sur la base de Dohuk pour travailler avec le pharmacien central sur la nouvelle liste de médicaments. Et ça y est la liste est terminée et o joie, le montant total est celui attendu (voire même avec un peu de marge pour faire quelques changements) « fière ». Oui car ce petit exercice m’a occupée le temps de trois jours entiers avec quelques moments de désespoir et de petage de plomb. Etant le seul profil médical sur toute la mission Irak (pas encore de remplacement pour mon coordinateur médical), la coordination m’a gentiment demande de mettre mon nez dans cette histoire. « Si j’avais su, j’aurais pas venu !! » Mais je m’en suis sortie avec le soutien de ma nouvelle chef de mission et de mon pharmacien qui fait un boulot d’enfer.
* Nous avons reçu la visite de médecins spécialistes iraniens. Grande épopée également. Ces messieurs, venus de leurs propres chefs d’Iran pour offrir des consultations gratuites à la population, ont été accueillis par le Département de la Sante qui nous a prévenu le jeudi soir à 22h pour une visite à Bardarash camp le…. Vendredi à 9h… vendredi, jour de repos pour la communauté musulmane (et accessoirement pour tous les habitants d’Irak). Ce même vendredi ou nous avions prévu un picnic avec tous les staffs. Jameel et moi avons donc débarqué au PHC à 9h ce fameux vendredi et nous avons attendu les médecins iraniens pour recevoir un appel à 10h30 comme quoi ils ne viendraient pas visiter Bardarash Camp… pouin pouin pouin… Apres 5 min d’exaspération et de rage, nous avons filé au pique-nique. Mais l’histoire ne s’arrête pas là (bah ouais, trop facile sinon). Le lundi suivant, un membre du Parlement, représentant de la communauté Shabak avec laquelle nous travaillons, débarque avec une délégation pour nous prévenir que 12 médecins iraniens viendront le lendemain au PHC pour des consultations gratuites pour la communauté, de 7h30 à 22h… Branle-bas de combat, nous essayons de nous organiser pour libérer 7 pièces pour leurs consultations (médecins de chez nous en jour off exceptionnel), pour aménager des horaires afin que les gens puissent être enregistres des 7h30… Le député m’avait bien dit qu’ils seraient ponctuels car nous, européens et américains, sommes très à cheval sur les horaires. Je me pointe donc à 7h15 pétantes le mardi matin pour dire de les accueillir avant de partir à Dohuk. Le message était très bien passe dans la communauté puisqu’à partir de 7h30 les gens ont commencé à affluer au PHC, jusqu'à être plein à craquer au point de plus pouvoir circuler dans les couloirs. La solution a été trouvée grâce aux Mokhtar, qui sont les chefs de quartiers. Ils étaient en charge de transmettre la liste des patients potentiels et les consultations se sont faites par secteur. Les médecins sont arrivés à 8h30 (j’aime leur concept de ponctualité) au moment où je devais partir. Bref Jameel a géré comme un chef. 700 consultations entre 9h et 14h.
* Et puis j’oubliais. La base de Bardarash a accueilli du sang neuf. Dago et Tommy sont partis et Inigo et Marie sont arrivés. Pleurs et émotions à profusion, aussi bien pour les staffs que pour nous. De belles preuves d’amitié et de collaboration pendant 6 mois. Une nouvelle dynamique doit s’installer dans la maison, chacun doit prendre ses marques et se faire sa place. Caro vient de rentrer de vacances et Aurélien rentre dimanche. Il ne nous manque plus qu’un coordinateur de terrain, un chef et nous serons au complet. Malgré quelques manques RH, la base tourne relativement bien et le charge de programme du siège en visite sur le terrain nous a félicités pour ça et pour la qualité des programmes que nous lui avons présentés. Ca fait zizir !!
Voilà donc les journées bien chargées et fortes en émotions que nous avons vécu au cours de ce mois d’avril. Des questions ?? ;) a plus dans le bus alors.
ماركو
Début juillet, Margot nous envoie un mail où elle décrit ses nouvelles responsabilités sanitaires auprés des Yezidis
Le deuxième camp pour lequel je vais devoir partager mon temps entre Dohuk et Bardarash s’appelle Bajet Kandala et regroupe essentiellement des Yezidis.
Ce sont deux petits camps de 6000 personnes chacun et nous sommes en charge des activités de sante dans un des deux.
Les Yezidis ne sont ni chrétiens ni Musulmans, ils appartiennent à une minorité religieuse relative aux kurdes. Ils sont monothéistes mais adorent beaucoup les anges d’où la provenance d’un de leurs deux livres saints appelé : le livre des 7 Grands Anges. Le yezidisme existe depuis bien plus longtemps que les chrétiens (environ 4000 ans de plus), les musulmans (5500 ans de plus) et même les juifs (900ans de plus).
En termes de pratiques, les yezidis peuvent boire de l’alcool et manger du porc et la religion ne se transmet qu’entre 2 personnes Yezidis. Si un Yezidis se marie avec quelqu’un d’une autre religion, il prendra obligatoirement la religion de l’autre ce qui réduit la communauté Yezidi de plus en plus. Et les Yezidi sont majoritairement roux (oui à mon avis ils se sont acoquinés avec les Irlandais a un moment !!) et ont des yeux très très clairs (et très très perturbants pour certains).
Vous avez certainement déjà entendu parler des Yezidis puisque c’est pour eux qu’ont été levés des fonds en aout 2014 sous le nom de « Chrétiens d’Orient » majoritairement. En aout 2014, les Yezidis habitant à Sinjar au Nord de l’Irak, sont tombés sous les mains de Daech et se sont fait massacrer. Un couloir humanitaire avait alors été créé pour les évacuer vers le Kurdistan irakien. Aujourd’hui, la ville de Sinjar a été reprise mais les Yezidis n’ont plus confiance et ne veulent plus vraiment y retourner.
Septembre 2015 A Alep, la banalisation de l’horreur
Si nous n’écrivons pas plus fréquemment nos lettres d’Alep, et pourtant vous, nos amis, ne cessez de les demander, c’est parce que nous pensons que la répétition de la dénonciation des crimes commis et des souffrances endurées par les syriens, risque de les banaliser. Nous craignons que,à force de lire les atrocités qui sont commises en Syrie, vous ne perdiez votre faculté d’indignation, que vous vous résignez à accepter l’inacceptable, et de ce fait, que nous participions tous à la banalisation de l’horreur. Et pourtant, nous ne pouvons pas ne pas raconter et partager avec vous les souffrances de notre peuple.
Alep manque d’eau et les Alepins ont eu très soif et très chaud cet été. Ce n’était pas à cause d’une sècheresse ou de la baisse du niveau de l’eau dans l’Euphrate. La station de pompage existe toujours, elle n’a pas été détruite. Les réservoirs et les bassins sont pleins. L’eau qui s’y trouve est, tous les jours, vidée dans la nature plutôt que d’être pompée dans les conduites d’eau de la ville. Nous sommes ainsi laissés à la merci des bandes armées qui ont décidé de nous laisser sans eau (avec 40 degrés à l’ombre) pendant de nombreuses semaines. Les files d’attente sont très longues devant les robinets alimentés par les puits qui existent dans les jardins publics, les églises et les mosquées, pour pouvoir remplir bidons, bouteilles et seaux. Pour régler ce problème, les autorités n’ont trouvé d’autre solution que de décider d’un programme de forage de 80 puits, qui, avec les puits existants, pourraient satisfaire le minimum vital d’eau d’une population de 2 millions d’habitants. Alep est devenue un gruyère tellement on y fore des puits et les Alepins commencent à oublier ce qu’est l’eau courante puisqu’il leur faut aller chercher l’eau du puits. Il y a un an, pour ce même crime, vous avez été nombreux à protester et vos medias aussi. Aujourd’hui avec la répétition du crime, il est devenu banal et personne n’en parle plus.
Alep manque d’électricité, « on » ne nous la fournit pas ; Ah si, occasionnellement une heure par jour. Il y a 2 ans, quand nous l’avions 4 heures par jour, vous aviez protesté contre ces groupes armés alliés de vos gouvernements qui arrêtaient intentionnellement la fourniture d’électricité. Depuis, les choses ont empiré mais on n’en parle plus, c’est devenu tellement banal et ordinaire.
Il y a un an, quand les barbares ont commencé à détruire les sites archéologiques en Irak et en Syrie, patrimoine de l’humanité et mémoire de notre histoire, certains ont protesté. Depuis, « ils » continuent à détruire les trésors de la Syrie ; les 2 principaux temples de Palmyre, joyau du désert syrien étant les derniers à être détruit. « Ils » veulent raser tout ce qui rappelle l’histoire multimillénaire du pays. « Ils » veulent que l’Histoire commence avec eux et personne ne dit rien ; C’est devenu banal.
Ils égorgent des êtres humains. Vous avez protesté il y a un an quand ils ont égorgé quelques occidentaux. Pourtant ils n’étaient pas les premiers ! Des centaines de syriens avaient déjà été victimes de cette barbarie. Beaucoup d’autres ont suivi ; le dernier en date était le directeur des antiquités de Palmyre, un savant de 82 ans, mais plus personne ne proteste. Banalisation ! Bof, égorger un être humain comme on égorge un mouton et alors !!!
« Ils » ont enlevé des centaines de chrétiens et de Yezidis en Irak. C’était il y a presque un an. Vous vous êtes indignés et vos dirigeants ont protesté en faisant des déclarations tonitruantes qui ont fait pschitt comme un pétard mouillé. Depuis, « ils » ont enlevés des centaines de chrétiens assyriens à Hassake, d’autres à Quariatayn au centre de la Syrie. Et personne n’a protesté. C’est devenu banal, ça ne choque plus ; et alors, dites-vous, si on devait s’indigner aussi parce qu’ils vendent les femmes comme esclaves, on n’arrêterait pas de se lamenter ; pour si peu…
La Syrie se vide de son peuple, surtout de ses chrétiens. Ils sont devenus les « réfugiés » qui vous dérangent tant. Il faut les écouter raconter leurs souffrances et les dangers qu’ils affrontent pour passer clandestinement en Europe. Ah, ils n’ont qu’à rester chez eux, dites-vous ? Mais chez eux, c’est l’enfer, c’est le chaos, c’est la mort. Ce ne sont pas des migrants comme vous vous plaisez à les appeler pour soulager votre conscience, ce sont des réfugiés ; et puis, si les réfugiés vous dérangent tellement, pensez-y doublement la prochaine fois avant de déclencher la guerre dans leur pays. Entre temps, arrêtez celle que vous avez déclenchée en Syrie et vous verrez le flot des réfugiés qui vous dérangent se tarir, les gens préférant de loin rester chez eux et garder leur dignité. Il ne faut pas oublier les milliers de réfugiés qui sont morts par noyade ou asphyxie. Vous ne vous êtes indignés que quand vos médias vous ont montré l’image déchirante et médiatisée du petit Aylan sur une plage turque. Il fallait le faire avant et aussi, maintenant, après ce drame. Mais, mourir en mer, c’est devenu tellement banal !
Devant tant de misères, de souffrances, de morts, de destructions et de drames, nous, les Maristes Bleus, ne pouvions pas rester les bras croisés. Nous dénonçons, nous attirons l’attention, nous refusons l’inacceptable, nous protestons, nous informons et nous agissons. Certaines des familles déplacées que nous aidions et les familles de certains de nos bénévoles ont fuient la Syrie pour l’Europe en empruntant les voies illégales des passages clandestins des frontières et la navigation en méditerranée. Nous n’avons pas de leçons à leur donner quand ils viennent demander conseil ni de réprimandes à leur faire. C’est déjà un exploit d’avoir tenu le coup pendant 4 ans et demi. Tout au plus, nous prions pour qu’ils arrivent sauf sans trop de souffrances.
Face à la crise de l’eau, nous avions, il y a 6 semaines, lancé un appel au secours. Trois associations amies occidentales ont répondu généreusement à notre appel. Nous avons pu acheter 3 camionnettes que nous avons équipées de réservoirs de 1000 à 2000 litres d’eau, d’une pompe et d’un petit générateur. Nous avons aussi acheté des réservoirs de 250 litres que nous avons installés chez les familles déplacées. Nous avons ainsi initié un nouveau programme. « J’ai Soif ».Nous remplissons plusieurs fois par jour les réservoirs des camionnettes partir des puits artésiens d’une église et nous allons les vider dans ceux des familles déplacées ou chez nos bénévoles. Notre projet « goutte de lait » qui consiste à distribuer à tous les enfants de moins de 10 ans du lait en poudre ou du lait pour nourrissons a entamé son 5ème mois avec la reconnaissance des parents qui voient leurs enfants grandir normalement en dépit de la guerre.
Nous continuons à aider les familles déplacées ou démunies à survivre grâce aux paniers alimentaires mensuels que nous leur distribuons et à s’habiller. Nous aidons des centaines de familles déplacées à se loger. Nous participons aux frais des opérations chirurgicales ou des admissions à l’hôpital pour ceux qui n’ont pas les moyens de le faire. Nous continuons à distribuer des repas chauds à midi.
Notre programme des « Civils blessés de Guerre » se poursuit pour traiter gratuitement et sauver de la mort les blessés gravement atteints par des obus ou des balles et ce dans le meilleur hôpital privé d’Alep.
La fin de l’année scolaire n’a pas sonné l’arrêt de nos activités pédagogiques. Cet été, comme chaque été, nous avons organisé plusieurs « colonies de vacances » pour les enfants de nos différents projets, en particulier ceux de « Apprendre à Grandir » et de « Je veux Apprendre ». « Magic Bus 1 », « Magic Bus 2 », « I love Summer » ont fait la joie des enfants qui ont passé des semaines de bonheur et de joie oubliant la guerre et les privations. Skill School a poursuivi ses activités avec les adolescents (tes) qui ont profité des vacances scolaires pour vivre de très beaux projets.
Notre « M.I.T. » se porte bien et malgré la guerre et surtout la chaleur torride de cet été, les sessions ont continué avec davantage de demandes de participation.
Ce midi, un journaliste canadien m’a demandé au cours d’une interview radiophonique en direct via le téléphone ce que j’aimerai dire à un citoyen européen ou américain. Je voudrai partager avec vous la réponse que j’ai faite : « D’abord, ne perdez pas votre faculté d’indignation devant le drame syrien et les souffrances des syriens, dénoncez les actes barbares, ne vous habituez pas à l’horreur, évitez que la répétition des dénonciations ne banalisent les actes dénoncés. Déclarez votre solidarité avec les gens qui ont faim, qui ont soif, qui sont malades ou blessés, déplacés ou réfugiés, sur les routes ou sur la mer. Considérez les réfugiés comme des êtres humains fuyant la guerre et la mort et non des migrants qui viennent cherchez un mieux-être chez vous. Soyez généreux de coeur et hospitaliers. Ensuite, informez, luttez contre la désinformation pratiquée par certains medias, faites pression sur vos élus et vos responsables pour qu’ils changent leur politique afin d’arriver à une solution politique du drame syrien et sauver ce qui peut l’être de la Syrie et de son tissu social. Ensuite et seulement ensuite, donnez généreusement pour aider et secourir ».
Nabil Antaki, Pour les Maristes Bleus Alep le 8 septembre 2015
Là-dessus, je vous quitte en vous transmettant les salutations et les remerciements de toute notre équipe, Françoise Parmentier, responsable de l’association. Si vous désirez vous mettre en relation avec elle, voici son adresse mail : parmentierfrancoise@orange.fr
Avril 2014
Chers amis,
Vos propositions me font réagir, en m'aidant à reprendre mes propres réactions à des rencontres et visites d'expositions récentes. Je vous propose de partager mes réactions, pour continuer le sillon que vous nous proposez. Peut-on découvrir le visage de Dieu en regardant le condamné à mort? En suivant le chemin de croix, deux stations ouvrent particulièrement
dans cette voie : Véronique essuie le visage du Christ, et l'image représente le visage du Christ aux outrages sur le linge de Véronique, en mourant le Christ tourne son visage, d'abord vers sa mère et Jean, puis vers le Père, en lui remettant son esprit. Le visage du condamné à mort est celui du Sauveur qui s'est rangé avec les condamnés, pour nous racheter. Comment, après cette contemplation, pouvons-nous mépriser le condamné? Deux expositions à Paris m'ont conduit à cette réflexion, à partir de votre question : La première, à Beaubourg, il y a quelques années, portait sur la représentation du clown dans l'art. Elle s'intitulait justement : "Ecce Homo". Je ne sais si tous les visiteurs avaient conscience de la portée de la référence. Formidable message! Mais j'ai été interpellé : le visage déformé, devenu un masque sans
rapport avec la dignité de l'homme bien mis, qui tient à son apparence, au "qu'en dira-t-on" était remplace par le grotesque, qui en nous faisant rire aux larmes, nous fait redécouvrir l'humain. Les responsables de l'exposition nous ont ouvert le chemin avec ce titre, l'homme n'est pas forcément dans le masque de la dignité apparente, mais aussi et plutôt dans sa déformation, qui nous fait penser à la tension, au don de soi pour ouvrir le spectateur à le vie foisonnante.
La deuxième exposition "artistique", autant que scandaleuse : En fin mars 2014, nouvelle expo au grand palais, "scandaleuse" j'insiste, par le thème choisi et par la brutalité et la crudité des photos exposées. Robert Mapplethorpe, photographe ayant œuvré de 1970 à sa mort en 1989, a vécu à New-York, dans le milieu des rapports sexuels les plus scabreux, l'a célébré par des photos brutales, impudiques. Première réaction, le dégoût devant la vulgarité, la brutalité, la pornographie, puis une petite étincelle : Mappethorne avait créé une
fondation avec une part des revenus de la vente de ses photos. Il s'est notamment engagé dans la lutte contre le sida dont il est mort. Qui suis-je pour le juger? Au delà du dégoût de notre civilisation qui promeut le voyeurisme et l'étalage impudique, une question : ce sont des personnes que nous voyons sur les photos, ces corps humains, sont comme les nôtres, ceux de
personnes que Dieu veut sauver. Peut-on voir le visage de Dieu en regardant ces corps torturés par le vice, et trouvant la mort au bout de leur folle débauche? Qui suis-je
pour juger ces personnes que Dieu veut sauver?
Jean-Marc
Quelques réflexions d’internautes sur la famille
Les cardinaux réunis en consistoire à Rome en février 2014 ont tenu à souligner combien la famille est indispensable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité. Mais le Pape François écrit dans son exhortation apostolique La joie de l’Evangile : « La famille traverse une crise culturelle profonde, comme toutes les communautés et les liens sociaux… Dans le cas de la famille, la fragilité des liens devient particulièrement grave parce qu’il s’agit de la cellule fondamentale de la société, du lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres et où les parents transmettent la foi aux enfants. » (La joie de l’évangile n° 66)
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Un internaute a tenu à s’exprimer en rappelant que « la foi est un acte personnel et libre qui donne la force au croyant de suivre Jésus. Or Jésus a bouleversé la vie familiale de son temps. Quand on lui annonce que sa famille est là et veut le voir, il répond que sa famille est composée de ceux et celles qui ont confiance en lui. Plus tard, il annoncera que sa parole divisera les familles. Sur la croix, il fonde une nouvelle famille en donnant Jean à sa mère et se mère à Jean. Nous avons reçu quelques réflexions d’internautes qui peuvent enrichir notre réflexion sur la famille. La famille est loin d’être une institution figée. »
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Le témoignage qui suit est une belle illustration du bouleversement provoqué par Jésus. Marie, africaine, travaillait dans son pays avec une ONG qui défendait ceux et celles qui s’opposait au régime totalitaire. Marie a dû quitter son pays en 2 h. car quelqu’un de bien placé est venu lui annoncer qu’elle était sur la liste des personnes condamnée à mort par le régime. Elle atterrit en France, complètement isolée. Comme elle était responsable d’une association éducative pour les jeunes dans son pays, elle téléphone à une responsable française de cette association qui vit dans une ville de province. Ayant pris au sérieux la parole de Jésus, elle lui dit simplement à Marie : « Viens chez nous. Maintenant, nous sommes ta famille. » grâce à cette ‘adoption’, Marie a trouvé du travail, un mari et a obtenu la nationalité française, ce qui lui permet de retourner sans crainte dans son pays d’origine et de retrouver sa famille.
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Un écho nous vient d’un pays en guerre. Les évêques n’ont pas pu se réunir pour répondre au questionnaire reçu du Vatican vu l’état du pays. Actuellement, dans leur pays, seulement à peine 10% des enfants ayant l’âge d’aller au catéchisme peuvent fréquenter le catéchisme. Les parents sont confrontés à des questions écrasantes posées par leurs enfants qui ont perdu un membre de leur famille : ‘Qui est ce Dieu qui a l’air de nous abandonner alors qu’on a peur de sortir et d’être tué par des bombes ou par des snipers ? Pourquoi tant de haine, de violence et de barrières confessionnelles et religieuses ? Comment éduquer nos enfants au pardon, au dialogue et à la tolérance alors que certains d’entre eux sont tentés par la prostitution juvénile, la drogue, subissent l'exploitation de mineurs ?’ « L’avenir de nos enfants nous angoissent car nous les chrétiens, nous sommes minoritaires dans notre pays et que beaucoup de nos maris ont ‘disparus. Aussi, si notre garçon tombe amoureux d’une musulmane, il doit auparavant se convertir. »
Beaucoup de ces enfants sont actuellement sans rêve, sans école et sans avenir.
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Un autre mail témoigne combien la famille est la bouée de sauvetage pour ceux qui restent envie : « Emigrés dans un pays voisin, nous nous retrouvons dans un camp immense de réfugiés. Il n’y a que la famille, (ce qu’il en reste, des milliers de père étant morts au combats) sur qui nous pouvons compter. La famille est devenue l'ultime refuge et la. Aujourd’hui, la maman assume seule la charge de la famille dans ces camps où ces familles vivent dans la misère sans assistance et perspectives d'avenir car ils vivent loin des voisins, du cimetière familial, de l'école du quartier, du médecin familial, de l'église paroissiale.... »
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A propos de nos réflexions sur l’Eucharistie, nous avons reçu ce mail d’une internaute : « Merci beaucoup pour votre travail et vos envois de mails. Vous traiterez, dites-vous, de l'Eucharistie. Pourriez-vous, à cette occasion, expliquer la phrase "Dites seulement une parole et je serai guéri" prononcée avant la communion ? Je ne comprends pas le sens de cette phrase. Faut-il guérir avant d'aller communier ? Ou bien la communion guérit-elle ? Et alors qui guérit-elle ? Je précise que je suis divorcée et surtout remariée. J'ajoute qu'en ce moment, quand je vais dans une église (le dimanche), je ne suis pas capable de rester après le Credo, car je ne trouve pas de sens à rester assister à une partie de la célébration dont je suis exclue finalement : admise à la table de la Parole, mais pas à celle de l'Eucharistie, sinon par la communion de "désir". J'en tire toutes les conclusions depuis quelque temps. Je m'étais, depuis une quinzaine d'années, beaucoup interrogée sur le départ de certaines femmes (oui, surtout des femmes me semblait-il), très discrètement au moment de la communion ; j'avais constaté qu'elles partaient à ce moment et je m'étais dit qu'elles devaient être divorcées et remariées. Et aujourd'hui, je me comporte à peu près comme elles, mais je pars un peu plus tôt, juste après la quête. »
Mars 2014
Quand des experts analysent les bouleversements culturels actuels
avec un seul œil..
Raimon Panikkar, philosophe, scientifique et humaniste propose une approche originale pour scruter en profondeur la vie. Chacun d’entre nous, dit-il, a trois ‘yeux’.
Le premier œil, l’œil du corps, nous permet de regarder les visages, la nature, les objets… Il suffit de lire l’interview qu’a faite Jean Claude Ameisen, président du comité consultatif national d’Ethique définit l’homme au Nouvel Observateur du 6 février 2014 pour avoir une illustration quand on regarde l’homme qu’avec un oeil. D’après cet expert, Darwin a rompu avec tous les ‘récits d’origine traditionnels qui ont deux points communs, la création soudaine de l’homme et sa mission sur la nature : « Depuis Darwin, nous nous savons les fruits du hasard. Apparus via un processus long et compliqué, et surtout sans la moindre feuille de route, dépourvus de toute mission spéciale. La nature ne nous a jamais rien dit de ce que nous sommes censés faire : c’est à chacun qu’il incombe de se l’imaginer pour ce qui le concerne. Dès lors chacun d’entre nous, né du hasard, occupe une place égale, et possède les mêmes droits que tout le monde. » (p 84)
Le deuxième œil, celui de la raison et de l’intelligence, permet de réfléchir et de comprendre ce que l’on voit avec son premier œil. En scrutant l’histoire de l’humanité, nombre de paléontologues se posent bien des questions sur l’apparition chez l’homo sapiens du langage symbolique et de la création artistique. Ce langage a permis à l’homme d’exprimer ce qui bouillonne au fond de lui. Cette naissance du langage symbolique reste un mystère pour nombre de ces experts.
Le troisième œil est l’organe de la faculté qui donne accès à une dimension de la réalité qui transcende, sans le nier, ce que captent l’intelligence et les sens. Il permet d’accéder à la profondeur et à la liberté qui se trouvent en tous, et de les respecter.
Que de projets, de décisions désastreuses et de jugements excluant l’autre sont élaborés et pris sans avoir pris le temps de regarder la réalité et la vie des hommes avec ses trois yeux.
Mars 2014 R. Pousseur
Le devenir des paroisses urbaines
et la nouvelle sociabilité croyante
Est-il pertinent de s’interroger aujourd’hui sur les tendances émergentes du catholicisme contemporain, tandis que la pratique régulière comme le montrent les enquêtes sociologiques, ne cesse de diminuer ? Ces mêmes tendances font-elles vraiment sens et peuvent-elles influer à moyen terme sur la perte du religieux ?
Telles furent les questions qui ont motivées Bénédicte Rigou-Chemin à présenter une thèse de Doctorat en anthropologie sociale et historique à l’EHESS sous la conduite de Jean-Pierre Albert. Son titre : « Les virtuoses religieux en paroisse (individus qui ont le désir et la volonté forte de mettre en concordance leur vie quotidienne tant sociale que professionnelle, avec leur éthique religieuse particulière): une ethnographie du catholicisme en acte » donne le ton de la démarche. La thèse interroge en creux une mutation récente et fondamentale au sein de l’Eglise catholique : le devenir des paroisses urbaines et la nouvelle sociabilité croyante dans la lignée des transformations qui accompagnent le concile Vatican II.
L’objectif de la recherche ?
Conduire de l’intérieur, une analyse des transformations du catholicisme français dans deux paroisses toulousaines, l’une de type « ordinaire », animée par une communauté assomptionniste, l’autre « affinitaire » dédiée depuis quelques années à la pastorale étudiante à l’échelle de l’ensemble de l’agglomération. La recherche se fonde sur l’hypothèse implicite selon laquelle le changement qui s’opère au sein de l’institution catholique « devenue incontestablement minoritaire » peut et doit être observé « de près » si l’on veut en saisir à la fois les modes d’émergence, les dynamiques internes, les attributs des acteurs, traditionnels ou innovateurs. Le choix de deux paroisses d’orientations et de fonctions socioreligieuses différentes a permis de mettre au jour des modalités de fréquentation, d’affiliation et de fonctionnement contrastées en particulier autour de la notion de gouvernance paroissiale. Ce sont bien deux configurations originales du catholicisme localisé, dans leur fonction in extra et ad extra, qui se dégagent au fil des pages, donnant à voir la différenciation des intérêts religieux et la capacité d’invention institutionnelle au travers d’une figure type, celle du virtuose en paroisse.
En usant de ce terme, B. R-C ne nomme pas comme le fait Max Weber, ceux et celles qui se mettent volontairement en retrait du monde pour ne plus avoir qu’un agir spirituel. La catégorie de virtuose en paroisse désigne des individus qui ont le désir et la volonté forte de mettre en concordance leur vie quotidienne tant sociale que professionnelle, avec leur éthique religieuse particulière. Cette éthique, cultivée et entretenue, détermine non seulement un rapport au monde mais aussi des stratégies sociales particulières en matière de solidarités et d’accueil.
De ce travail nous retiendrons plusieurs points :
Tout d’abord l’accent mis sur une réactualisation du terme de paroisse montrant qu’il existe désormais une convergence entre deux modèles autrefois distincts : la paroisse ordinaire et la paroisse affinitaire.
L’enquête met aussi en évidence à l’échelle des deux communautés et de leurs acteurs locaux, la porosité de la frontière entre les courants dits « traditionnels » voire « traditionalistes » et les courants des communautés dites « nouvelles » ou « charismatiques ». Cette zone tampon des « tradismatiques » est intéressante pour l’étude des recompositions politico-théologiques en cours depuis 20 ans au sein du catholicisme romain.
Enfin, l’identification des tendances fortes des virtuoses qui se manifestent au travers d’une culture du service et du partage d’expérience fraternelle ou spirituelle. Cette culture de l’engagement qui a remplacé la militance des années 70/80 est sans doute un changement majeur chez les croyants, c’est elle qui participe à la cohésion de l’Eglise. Elle se manifeste également à travers une annonce directe et spontanée de la foi, une plus grande visibilité ainsi que dans une demande de formation spirituelle. Expérimenter sa foi et exprimer sa foi sont des formes renforcées d’affiliation de l’identité croyante motivées par la responsabilité de la transmission qui préoccupe les croyants virtuoses. Ces virtuoses se disent facilement en phase avec leur temps, en quête d’un christianisme affirmatif, qui leur donne des raisons de vivre. Une mutation importante concerne d’ailleurs leurs domaines de préoccupations : les relations internationales, le chômage, la précarité comme la bioéthique, le développement durable.
La thèse montre que si la virtuosité des croyants renforce la culture paroissiale, cela n’occulte pas les façons d’être et de faire propre à chacune les exposant aussi bien à des sursauts dynamiques comme à la fragilité.
En conclusion ?
L’auteur avance l’idée, que pour passer d’une pratique religieuse traditionnelle à la tendance d’un catholicisme citoyen, la paroisse justement pourrait être l’élément qui fasse lien. Elle apparaît comme un lieu ressource toujours d’actualité lorsque l’option a été faite d’une gouvernance souple, horizontale et surtout en constante redéfinition. Le modèle du prêtre, homme orchestre de la paroisse présenté comme un véritable chef d’entreprise ne saurait être écarté et s’avère être un préalable de taille dans cette évolution.
Bénédicte Rigou-Chemin
Si vous désirez entrer en contact avec l’auteur de cette thèse : b.rigou.chemin@gmail.com.
Marie est le réceptacle du grand saut de Dieu dans l’intranquillité.
L’intranquillité
Marion Muller-Colard Editions Bayard ‘J’y crois’
L’intranquillité fait partie de la nature humaine. Pour exister, le bébé doit à un moment donné être expulsé du sein de sa mère. Au berceau, c’est l’inconfort, l’inquiétude, l’angoisse… En un mot, l’intranquillité dans tous ses états. On le regarde et on lui dit ‘tu’. Il faudra toute une vie pour dire ‘je’. Cette intranquillité voue chacun à rejouer sans cesse, à créer, à recréer. « Oui, nous savons de tout temps que l’intranquillité est une donnée incontournable d e nos vies, et nous cherchons pourtant des produits, des dieux, de mantras, des gadgets, des divertissements qui nous éloigneraient de cette contingence. » (p 31)
La voie de l’intranquillité s’étant imposée à Marion Muller-Colard et ne pouvant pas vivre dans une forteresse de certitudes définitives, elle a retrouvé la parole de Dieu le Père qui lui dit calmement : ‘Eh oui, voilà bien un problème !’
« Cette Parole du Père qui dérange et fait grandir, je l’ai entendue en relisant l’Evangile. » (p 43) A l’Annonciation, Marie fut saisie par une parole folle qu’elle n’aurait pu ni anticiper, ni même imaginer. Avec cette intranquillité qui la travaille au plus profond d’elle et son charisme de femme, l’auteure écrit des pages originales sur la naissance de Jésus : Enfanter est une grâce coûteuse… « Dieu révèle, par ce simple projet – se laisser mettre au monde par le corps d’une femme – une révolution religieuse qui ne laissera personne tranquille après d’elle. Ni le principal intéressé, ni sa mère, ni son père voué au scandale et à l’adoption. Ne les athées agacés, ni les croyants déroutés. Ni vous, ni moi. » (p 54)
Cette révolution offusquera les gens de pouvoir qui aiment des dieux muets qui les mettent à l’abri de toute compétition. Cette révolution me contrariera, moi qui aime des recettes de bonheur de paix ou qui ait besoin d’un gourou pour mener ma vie.
Voilà un Dieu fragile pace que je suis fragile. Je compte sur Lui, il compte sur moi. Marie est le réceptacle du grand saut de Dieu dans l’intranquillité.
Avril 2017 R. Pousseur
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Le drame intérieur de Jésus
Les évangélistes ne disent pas grand-chose de la vie intérieure de Jésus. Jésus a donné à tous ceux et celles qui l’ont écouté, qu’il a guéri, qu’il a délivré d’un mal intérieur. Il a donné son amour et son pardon à tous au moment le plus dramatique de leur vie, quand il a été condamné, torturé et mis en croix. Il a fait la volonté de son Père. Les évangélistes laissent entendre qu’il a dû mener un combat intérieur pour remplir la mission que le Père lui a confiée.
Aujourd’hui on croit que l’on pourra tout comprendre et expliquer grâce aux sciences humaines. N’est-ce pas un signe de mépris de croire que l’on pourra tout comprendre devant le mystère de tout être humain ? Ch. Théobald, jésuite, écrit dans le préface :’Qu’on n’oublie pas qu’aucun récit de vie ne peut épuiser le mystère d’une personne, ce qui, à priori est vrai de l’expérience de foi et de la mission du Messie Jésus. »
Les évangélistes disent simplement que Marie garde dans son cœur le mystère de son fils qui lui échappe et qui la déstabilise. Marie accepte que Dieu ne lui épargne rien. Elle a la mission, comme toute maman juive de transmettre à Jésus la religion de son peuple.
Jésus vécut en Galilée, une région riche en agriculture et en pêche. Dès l’âge de 12 ans, il répond à ses parents qui l’ont cherché durant trois jours et le retrouvent dans le Temple en train de débattre avec les scribes : « Il faut que je sois aux affaires de mon Père ! » Ses parents n’ont pas compris la réponse de leur enfant. Marie a gardé au fond de son cœur cette réponse mystérieuse de son fils. Jésus est resté un mystère pour eux.
Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de Pâque. A 12 ans, Jésus fit ce pèlerinage comme cela est la coutume. Jésus est resté à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Ses parents reviennent à Jérusalem et cherche Jésus durant trois jours. Ils le trouvèrent dans le Temple assis au milieu des docteurs de la Loi : ils les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et ses réponses. Sa mère lui dit pourquoi lui a-t-il fait souffrir ses parents. Jésus a alors cette réponse étonnante : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. » Luc ajoute que ses parents ne comprirent pas Jésus. (Lc 2,41-50)
Quand Jésus va prier et enseigner au Temple, comment a-t-il réagi intérieurement quand il a vu toute cette agitation, entendu tout ce bruit, cette odeur de viande qui grillait pour implorer Dieu alors qu’il devait sans doute se nourrir des paroles du prophète Amos (5,21s) « Le hais, je dédaigne vos fêtes et je ne puis sentir vos réunions solennelles. Vos oblations, je ne les agrée pas, le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne les regarde pas. » Jésus a été révolté du poids imposé aux pèlerins par les responsables du Temple (Taxes, achat des animaux pour les offrir à Dieu et aux prêtres, séparation des hommes et des femmes dans un lieu où habitait Dieu son Père qui a crée l’homme et la femme à son image, séparation des juifs et des païens alors qu’il sera admiratif devant la foi d’un centurion …)
Par Jésus, Dieu est entré dans l’histoire humaine. Jésus a jeté une graine dans cette histoire : l’humanité a un Père qui aime l’humanité comme le Père de l’enfant prodigue. Par son attitude, Jésus rend visible cet amour mais il faudra du temps pour découvrir qu’être aimé par Dieu, le Père de l’humanité, sème la révolution. Il s’agit d’une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité : la présence aimante du Père manifesté par Jésus va se révéler être une présence vainqueur du mal. Les païens ne sont plus des ennemis, ni des vases vides que les disciples de Jésus ont mission de remplir mais des porteurs de trésors comme les mages à la naissance de Jésus.
Alors que Jean le Baptiste laissait entendre que la fin du monde était proche, avec Jésus, cette fin peut attendre puisque Dieu vit avec l’humanité. Le rêve de Dieu pour l’humanité a franchi une étape décisive : « Le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17,21) Pour chacun, il s’agit de vivre avec un cœur nouveau, de renaître pour réaliser avec l’Esprit Saint, le rêve de Dieu : faire de tout voisin un frère, façonné une terre où règne la justice animée par l’amour réciproque et que Dieu soit reconnu comme un Père, ami des ‘pauvres’.
Avril 2017 R. Pousseur
UNE QUESTION D'ACTUALITÉ
Les personnes homosexuelles et l'Église
Conférence de Véronique Margron, doyenne de la faculté catholique d’Angers - Nimes, le 31 janvier 2017
La soeur Véronique Margron était invitée sur ce thème par le CADOS [voir en bas de page]
et le "Pôle solidarité" du diocèse de Nîmes
pour une conférence publique.
C'est une question sensible parce que l'homosexualité touche à l'intime,
bien que, toujours, l'intime ait aussi des conséquences sociales.
Ma base sera la 1ère lettre de Jean (ch.3, verset 2) :
Mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté.
Nous savons que, lorsqu'il paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu'il est.
Parce que telle est la question fondamentale :
se reconnaitre et devenir enfant de Dieu
et, par là, qui et quoi que nous soyons,
faire communauté ensemble comme frères et sœurs de Jésus-Christ.
Sur ce chemin, nous sommes tous à égalité.
Quant à savoir si certains y sont plus avancés que d'autres, seul le Père le voit.
Souvenons-nous de la parole de Jésus :
En vérité, je vous le déclare, collecteurs d'impôts et prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu (Matthieu 21,31).
Notre question est celle de la relation entre une situation
(qui n'est pas l'identité fondamentale de quelqu'un comme être enfant de Dieu)
et l'Église en tant que mystère et corps du Christ.
Autrement dit, une relation homosexuelle vécue en fidélité peut-elle être un chemin de sainteté ?
1. Il nous faut mettre 3 termes en tension les uns avec les autres
• la différence, qui est une question de justice et de vérité,
• l'altérité, qui est autre chose que la différence,
• et l'amour.
L'homosexualité est un fait de nos sociétés.
En France, 5 à 7% de personnes sont clairement homosexuel(le)s.
Il y a des couples homosexuels et, parmi eux, des chrétiens.
Je dis qu'ils ont foncièrement une égale dignité, comme enfants de Dieu.
La différence
Différence des sexes, des générations etc.
L'Église y est très attachée, depuis toujours car ces différences sont irréductibles.
La différence, c'est ce que je trouve quand j'arrive au monde.
Je ne la choisis pas. Elle me précède.
À ma naissance, on me déclare : garçon ou fille, né tel jour, de tels parents.
Notons que cette différence est "déclarée" : elle est toujours associée à une parole.
L'altérité
L'altérité, c'est autre chose que la différence.
C'est considérer l'autre comme un sujet et une fin,
jamais comme un moyen, comme une chose sur laquelle on pourrait mettre la main.
L'homosexualité pose la question des différences : quel est mon sexe ?...
La différence des sexes y disparaît.
Personne n'est responsable de l'orientation de sa sexualité ;
c'est d'ailleurs un processus très complexe.
Mais l'altérité, elle, demeure !
Il n'y a pas confusion/fusion entre l'autre et moi.
La responsabilité du travail d'altérité demeure.
L'autre n'est pas ma chose, ou mon objet de plaisir.
Il y a là le travail d'aimer,
qui concerne tout le monde et où personne ne peut se dire en avance sur un autre.
L'amour
L'amour apporte toujours un trouble.
Même s'il y a une certaine organisation sociale de l'amour (cf. en matière de mariage, de famille etc.),
il échappe à toute organisation à tout ordonnancement.
On ne maîtrise pas l'amour.
La question de fond n'est pas celle de l'organisation de l'amour, mais :
qu'est-ce qui fait vivre et qu'est-ce qui fait mourir l'amour ?
Qu'est-ce qu'aimer avec justesse comme enfant de Dieu, dans notre Église
et avec la particularité de chacun ?...
Il s'agit d'aimer… en vérité… dans sa condition singulière…
En vérité… J'ai rencontré des prédateurs : ils disaient tous l'avoir fait pour le bien de l'autre !
2. La relation entre la fécondité et le manque
Toute relation juste, de quelque nature qu'elle soit, a une fécondité, un fruit…
lequel nous échappe toujours.
En quoi la présence d'homosexuels en Église est-elle féconde ? et pour qui ?
Voilà, la question à se poser.
La relation féconde nécessite la reconnaissance de l'autre
avec une égale dignité qui permet une réciprocité d'humanité.
Sinon, il y a souffrance qui conduit à la revendication.
C'est un peu l'histoire du combat de Jacob avec Dieu : te laisseras-tu bénir ?
Se battre, se laisser bénir et en rester boiteux, marqué :
Jacob resta seul. Et quelqu'un lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore.
Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, il le frappa à l'emboîture de la hanche,
et la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui.
Il dit : "Lâche-moi, car l'aurore est levée",
mais Jacob répondit : "Je ne te lâcherai pas, que tu ne m'aies béni" (Genèse 32,25-27).
Mais la fécondité va toujours avec le manque.
Bien sûr, il y a un manque qui peut faire mourir, tel le manque d'amour, de reconnaissance.
Je veux parler du manque à l'intérieur de la fécondité :
je ne suis pas entièrement à moi-même ni à l'autre.
Il me manque toujours quelque chose… heureusement !
Si le manque est bien fruit de la reconnaissance mutuelle, on peut en faire une chance pour la rencontre.
Alors, il n'y a plus de revendication permanente !
On ne peut pas rester dans la revendication permanente…
Attention ! Pour fonder la reconnaissance, il n'est pas la peine d'aplanir les différences.
Dire que tout se vaut, que tout est la même chose bien que ce soit différent,
comme on tend à le dire aujourd'hui dans notre société : non !
Un(e) hétéro et un(e) homo, ce n'est pas la même chose.
L'Église ne les considère pas comme la même chose.
Un couple homo est symboliquement autre chose qu'un couple hétéro.
Mais il faut pouvoir nommer une différence - qui est discriminante par elle-même -
sans que cela entraîne la non-reconnaissance du sujet - et par là son exclusion.
C'est une ligne de crête qui demande de la délicatesse te de la sensibilité.
Il nous faut être passionnés de l'humanité de l'autre telle qu'elle est.
Puisse l'Église en rendre compte dans nos sociétés actuelles,
qui ont tant de mal à distinguer, comme si tout était l'équivalent de tout.
C'est un service à leur rendre.
Car la confusion et l'exclusion engendrent toutes deux de la violence.
Nous avons besoin de penser la distinction comme non-exclusive, ce qui est difficile aujourd'hui.
Notes succinctes de Jacques Teissier
Nous pouvons remarquer que, spontanément, nous recevons toutes les différences en y plaçant une certaine échelle de valeur.
Un adulte, c'est plus qu'un enfant… un homme, c'est plus qu'une femme… un blanc, c'est plus qu'un noir…
un patron, c'est plus qu'un ouvrier… un riche, c'est plus qu'un pauvre etc. etc.
S'affranchir de ces jugements de valeur est un travail à la fois simple et exigeant.
Il passe par la découverte que l'autre est porteur d'une richesse que j'ai besoin de recevoir,
ce qui fait passer d'une relation de domination à une relation de réciprocité.
Ce n'est peut-être pas par hasard que Jésus est si incisif chaque fois qu'il rencontre un jugement sur l'autre,
que ce jugement soit délibéré (cf. les pharisiens % autres)
ou "naturel", culturel (cf. les disciples qui veulent écarter les enfants… et que Jésus leur donne en exemple cf. Marc 10, 13-16).
http://acf.genese-toro.com/evnmt/hom1.html
Jacques Teissier jmontpezat@nerim.net
De Damas, UN CAREME EN LARMES Mars 2017
1) SCENE D'APOCALYPSE:
En six ans de guerre la visage de la Syrie est bien transformé..
Un grand chantier de ruines , des immeubles calcinés, des maisons brûlées , des quartiers fantômes, des villages au ras de sol.. plus de douze millions de Syriens ( 50% de la population) n'ont plus de toits..
Ils forment la plus nombreuse masse de réfugiés depuis la deuxième guerre mondiale.. Plusieurs millions ont quitté le pays en quête d'un ciel plus clément.. Beaucoup attendent l'aumône dans des camps de misère, plusieurs sont morts noyés ou font la queue devant les ambassades. un peuple nomade à la recherche d'une terre d’accueil. Comment sortir la Syrie de cette tourmente ?
2) FAMILLE BRISEE:
La famille rempart de l'église et de la Nation qui a sauvé le pays vient d'être durement secouée. Il est presque rare de trouver une famille entière. La violence a dispersé cette cellule de base.. certains sont dans les tombes , d'autres en exil ,en prison ou sur le front....
une situation douloureuse qui envoie le petit reste dépourvu de soutien dans la mendicité , la dépression et l'angoisse..
Des fiancés séparés par l’exode , l’émigration du partenaire et la mobilisation militaire ne peuvent plus se marier, la crise d’habitat fait le reste..
Un atout d'avenir vient de s’écrouler..
Comment poursuivre le Chemin sans Famille ou avec une Famille boiteuse ?
3) ENFANCE SACRIFIEE:
Les enfants sont les plus fragiles.. Ils ont payé assez cher cette violence sans merci.. Selon l'Unesco plus de trois millions d'enfants syriens ne sont pas scolarisés…priorité à la survie physique.. et ceux qui sont scolarisés ont vu baisser le niveau d'enseignement à cause de l'encombrement du nombre d'élèves dans les écoles disponibles et à cause de l'exode du corps enseignant.. l'échec scolaire s'impose en maitre...
Les centres de soutien psychologique sont débordés par le grand nombre et l’ampleur des blessures et blocages psychiques ..
Comment restaurer les esprits de ces enfants abimés par la violence et les scènes de barbarie ?
4) PAROISSES MENACEES:
les paroisses qui ont vu baisser le nombre des fidèles et les activités pastorales bien réduites, ont privé les prêtres de milieux porteurs et de soutien humain et spiritual. L’Eglise de Damas a vu partir le tiers de son clergé ( 27 prêtres ) un coup dur qui affaiblit la place et le rôle de la minorité Chrétienne déjà en déclin.
Les autres prêtres qui résistent sur place encore ne sont pas rassurés et cherchent à parlementer un départ éventuel …
Ils sont en attendant des agents socio-humanitaires auprès des familles sinistrées..
Comment remédier à cette hémorragie alarmante ?
Peut-on imaginer une Eglise sans Prêtres ?
5) ENTRE PAIN ET LIBERTE:
Les syriens ne quêtent plus derrière la Liberté…Ils mènent des combats journaliers pour chercher le pain , l'eau , le gaz , le fuel de plus en plus rares. Les coupures de courant électrique assez fréquentes et prolongées noircissent nos soirées et réduisent les vie sociale ..
La recherche des frères, des parents et des amis disparus se fait avec beaucoup de discrétion , d’inquiétude et d’espérance...
Trouver un petit logement ,un abri dans un pays en ruine devient le rêve impossible des familles et surtout des jeunes fiancés…
Entre un combat pour la liberté et la course pour le pain quelle voie choisir ?
Ce petit peuple Syrien vit ce déchirement avec beaucoup d’amertume lisible dans un regard silencieux et des ruisseaux de larmes..
Le Carême 2017 si amer , nous offre un temps de désert pour revoir notre engagement d’Eglise au milieu de nos fidèles en détresse afin de mieux baliser la marche vers la Christ Ressuscité Lumière du monde et Sauveur des hommes lui qui dit : « Venez à moi , vous tous qui peinez sous le poids du fardeau..» Mt 11,28
Carême 2017 + Samir NASSAR
Archevêque Maronite de Damas
e.mail : psamirnassar@gmail.com
Un sol taché de rouge pur
Mardi Saint 15 avril 2014 a vu le sang de 55 enfants se mêler au Sang du Christ sur le Chemin interminable de la Croix en Syrie.
Une scène sanglante a taché de rouge pur le sol de Damas…
Un obus tombé ce lundi matin dans la cour d'une école à 7h50, transforme le quartier en deuil et sème la peur aux cœurs et aux yeux des familles déjà angoissées par l'assassinat du Père Franz une semaine plutôt .
Tout le monde court pour transporter ces petits à l'hôpital St Louis, le plus proche où se démènent les Filles de Charité et le corps médical pour soigner les blessés et sauver la vie de ces anges pris dans l'engrenage d'une
violence absurde qui frappe la Syrie pour la quatrième annés..
Le service d'urgence est saturé, certains élèves sont transférés vers d'autres
hôpitaux.. Certains de ces enfants deviennent handicapés et porteront à vie les signes de cette haine sans merci..
Belle introduction de la Semaine Sainte, les souffrances du Christ sont imprimées dans les corps des innocents enfants de Damas qui interpellent
Les Saints Innocents Enfants Martyrs de Bethléem et exhortent la justice du Ciel..
Le sang de ces enfants qui coule sur cette terre déjà arrosée par les milliers de martyrs de 1860, renforce la Foi sur Terre Biblique qui a vu l'arrivée du Christianisme avant St Paul qui y fut converti et baptisé…
Ces victimes Innocentes confirment le témoignage de nos héroïques fidèles qui comptent sur votre soutien amical et spirituels..
Tertullien disait au deuxième siècle:
" LE SANG DES MARTYRS EST SEMENCE DES CHRETIENS."
Pâques 2014. (2) +Samir NASSAR
Archevêque Maronite de Damas
e.mail : psamirnassar@gmail.com
De Damas, Mgr Nassar nous invite à entrer dans le carême
en ayant dans le cœur le drame du monde dans lequel l’Esprit agit.
Et il paraît que les jeunes n’ont plus de points de repères
Une communauté francophone m’a invité à préparer une quarantaine de jeunes à leur profession de foi, leur confirmation et à passer une soirée avec 15 jeunes qui participent à l’aumônerie du Lycée français. Ne connaissant pas ces jeunes, j’ai voulu d’abord les interroger sur l’idée qu’il se faisait de Dieu, ce qu’il trouve de fort chez les autres et en eux, ce qu’ils souhaitaient changer dans le monde et qu’ils attendent de l’Esprit-Saint. J’ai été surpris de la richesse de leurs réponses. En voici quelques extraits.
Quelle idée te fais-tu de Dieu ?
Dieu est celui qui pardonne. Aussi, quand des amies se sont disputées, je les ai réconciliées.
Dieu nous aime avec nos défauts. Il nous défend. Il voit notre bon côté.
Je ne sais pas vraiment l’idée que je me fais de Dieu mais je pense qu’il est différent des images que l’on nous donne de Lui.
Dieu est vérité mais je n’ai pas de mots pour le décrire.
Dieu est quelqu’un que je connais parfois. Je l’aime quand j’ai de la chance et de la gaieté. Je me demande si il existe quand je suis misérable. Un jour, je me suis dis que je l’aime sans le voir.
Je me fais l’idée que Dieu est un homme indulgent, aimable et qu’il était prêt à se sacrifier pour le bien des autres et du monde. Penser à Dieu ainsi change ma vie.
Pour moi, l’homme et l’amour sont inséparables. Dans mon école, il y a beaucoup d’amour mais quand des camarades ne s’aiment plus, j’essaie de les réconcilier pour que l’amour dure. Dieu aime que l’amour dure. Aussi, il essaye que notre amour soit solide.
Je pense qu’il est bon et généreux mais je pense surtout que des gens le dégradent dans des films et des images. Je ne trouve pas cela correct envers ceux qui croient en Lui.
Comment découvres-tu que tous ceux et celles avec qui tu vis ont une lumière en eux ?
Il est difficile de décrire les qualités de ceux que j’aime car c’est pour cela que je les aime. Il m’est aussi difficile d’accepter mes qualités et mes défauts. Quand on me complimente, je souris puis quand on ajoute un ‘mais’, je m’attriste. Bien sûr, je l’accepte mais c’est difficile.
Je découvre le bien chez mes amis en communiquant tout simplement avec eux. On se parle des problèmes qu’il y a et on essaie de les régler. Nous parlons aussi des choses bien qui nous arrivent. C’est comme cela que je les découvre mes amis. C’est important pour moi de communiquer ainsi.
Je découvre le bien chez mes amis surtout en les écoutant et en leur donnant des conseils quand ils en ont besoin. Je découvre le bien chez mes amis aussi en voyant comment ils écoutent.
Quelle est ta qualité principale que tu peux faire vivre pour changer le monde ? J’ai été étonné que beaucoup d’entre eux ne s’étaient jamais posé la question. Un des jeunes pensait qu’il n’avait rien de fort en lui et pourtant, à 9 ans il a demandé le baptême et est resté fidèle à sa requête malgré de nombreuses difficultés rencontrées. Quelques lycéennes ont résumé ainsi leur réflexion pour les partager aux confirmands.
Nous avons souligné qu’il était important de prendre du temps pour réfléchir à ce qui se passe dans nos vies. Une d’entre nous a témoigné que tous les soirs, avant de s’endormir, elle repensait à sa journée pour prendre conscience de ce qui avait été des moments de joie, de paix et ce qu’il fallait améliorer dans sa vie.
Certains ont mis sur la table une grosse difficulté : la dispute en famille et avec les amis. En réfléchissant, nous nous sommes dit qu’il était important de savoir défendre nos opinions, notre territoire (certains pensaient à leur chambre). Les parents qui nous accompagnent nous ont dit que cela était important dans le monde d’aujourd’hui car tout se banalisant, on risque de ne pas penser par soi-même mais de répéter et qu’il était compliqué de se défendre au travail. Nous nous sommes dit que se disputer nous permet de grandir mais qu’il fallait se battre contre soi-même pour qu’il n’y ait pas de méchanceté en nous.
Finalement, chacun d’entre nous portons en nous une lumière, une force bien à nous. Nous avons quelques fois du mal à en prendre conscience. Nos amis et nos parents peuvent nous aider à la découvrir en nous. Cette force peut faire grandir la justice, la paix, l’amour dans notre lycée et collège, dans nos familles, avec nos amis…
Quelques fois, on ne s'aime pas soi-même. On ne peut pas changer du tout au tout. Il faut s'aimer car sinon on ne peut pas avoir confiance en soi.
Qu’as-tu envie de changer dans ta vie ? Que fais-tu de beau pour les autres ? Et les autres pour toi ?
Je suis allée en voyage, les habitants de ce pays m'ont accueilli très généreusement et ceci nous donne envie de les respecter.
J’aimerais qu’à l’école, il n’y ait plus de discriminations : je connais un enfant qui est très malheureux et même mes amis se moquent de lui. Moi, je ne trouve pas cela drôle. Au contraire, cela me donne encore plus envie de l’aider. Il n’y a pas très longtemps, je l’ai invité chez moi et j’ai joué avec lui. Je lui ai parlé des choses qu’il aime bien. Mais je sais qu’il faudra plus que moi pour le consoler.
Qu’est-ce que tu attends de l’Esprit-Saint ?
Je pense que c’est plutôt lui qui attend quelque chose de moi. Il attend de moi que j’aide les personnes autour de moi en cas de besoin, que je fasse en sorte que la paix règne autour de moi, surtout à l’intérieur des personnes que je connais, que j’envoie beaucoup d’amour autour de moi, mais surtout que je passe un message qui rappelle à tous les hommes qu’une flamme en eux peut se réveiller à tous moments. Pour cela, il suffit de comprendre le monde. En fait, je pense qu’il attend de moi que je me confie à lui pour qu’il m’aide moi aussi à comprendre le monde.
En écoutant ces jeunes, j’ai découvert que leurs points de repères n’étaient plus les mêmes que les nôtres. Il m’a fallu repenser les interventions que j’avais préparées. Ce qu’il y a de fort, de juste, de recherche en eux devait être accueilli, reconnu et grandir à la lumière des Evangiles.
Août 2012 Un internaute.
L’importance du vin dans la vie et dans la Bible
Le contexte général.
Situons-nous d’abord dans le contexte général. L’histoire de la vigne se confond avec celle du bassin méditerranéen. Il y a plus d’un million d’années, la vigne y poussait déjà sous forme de lianes agrippées aux arbres en bordure des forêts. Cette vigne sauvage, appelée lambrusque, n’a plus qu’une lointaine ressemblance avec nos cépages modernes, cultivés et sélectionnés par l’homme. Mais la lambrusque n’est pas la plus ancienne vigne connue puisqu’à Sézanne, dans la Marne, on a découvert une trace de vigne fossilisée datée de 55 à 65 millions d’années (ère tertiaire ; période du paléocène).
L'une des premières vinifications attestées a été découverte en Iran. Il s’agit des restes d'un résidu jaunâtre déposés sur la paroi d'une jarre néolithique, vieille de 7 000 ans [-5 000]. Ce sont le vin et le procédé de vinifications les plus anciennement attestés, la résine étant un agent conservateur qui parfume le vin, et surtout l'empêche de tourner en vinaigre.
Depuis, des fouilles archéologiques ont été faites dans les montagnes du sud-est de l'Arménie. En 2.010, elles ont mis au jour un complexe de vinification daté de 6 100 avant notre ère. Ce complexe de vinification est composé d’un pressoir à vin et d’une cuve de fermentation en argile, tous deux abrités dans la grotte. Le pressoir, un bassin d’argile d'un mètre carré et de 15 centimètres de profondeur, possédait un conduit permettant au jus de raisin de se déverser dans la cuve de fermentation. Profonde de 60 cm, celle-ci pouvait contenir de 52 à 54 litres de jus/moût. De toute évidence, les raisins étaient écrasés avec les pieds comme cela s’est fait très longtemps dans toutes les régions de production viticole… puisqu’il m’est arrivé de le faire occasionnellement à Générac, étant enfant ! Cela s’appelait « trouiller ».
Le site de vinification d’Areni-1 était entouré de dizaines de tombes. Elles font penser que le vin pourrait avoir joué un rôle rituel. D’autant plus qu’aucune trace de consommation à l’extérieur de la grotte n'a été trouvée. Pour ma part, je ne savais pas que notre « vin de messe » ait des racines culturelles et cultuelles aussi anciennes…
À ce jour, Areni est l'exemple le plus complet et le plus ancien de production vinicole de la préhistoire. Cette découverte rejoint et confirme un faisceau d’études qui permet d'établir avec une bonne certitude que le berceau de la vigne et du vin se situe en Arménie. Curieusement, la Bible rattache le vin à Noé (Gn 9,20s), dont l’arche est réputée s’être échouée, à la fin du Déluge, sur le mont Ararat : en Arménie, justement. Derrière les légendes, il y a souvent la trace de souvenirs historiques bien réels.
On considère que la viticulture a diffusé depuis l’Arménie vers l’ouest du Bassin méditerranéen et l’Europe. Le vin a traversé les plus grandes civilisations de l'Antiquité : mésopotamienne, égyptienne, grecque, étrusque, romaine, celte… En Gaule, la culture de la vigne a été introduite par les Grecs de Phocée [Marseille] vers -600 ; tandis que le vin lui-même a été introduit par les marchands venus des cités étrusques à peu près à la même époque. Ensuite, ce sont les Romains qui l’importeront massivement par bateaux remplis d’amphores : ici, nous le savons tous. J’ai personnellement trouvé sur la plage, à l’est des Saintes-Maries-de-la-Mer, un col d’amphore, daté à peu près de -100, encore muni de son bouchon en liège et de son enduit de poix. Au premier siècle avant notre ère, seuls les citoyens romains ont le droit de planter des vignes en Gaule [déjà les droits de plantation !]. Les amphores peuvent être sabrées lors des banquets… les Champenois n’ont pas tout inventé ! Et loin de l'opinion populaire selon laquelle le vin est consommé par tout le peuple, il s'agit plutôt d'un marqueur de rang social et de prestige. Dom Pérignon, Mouton Rothschild, Hospices de Beaune et autres Pic Saint-Loup… déjà !
À partir du IVe siècle, le christianisme concourt au renforcement de la valeur attachée au vin, prenant ainsi la relève d'un Empire romain anéanti. La liturgie de la communion sous la double forme du pain et du vin, pratiquée jusqu’au XIIIe siècle, est devenue l’un des moteurs du maintien de la tradition viticole. Plus tard, à partir de la période coloniale, l’expansion du christianisme sera encore à l’origine de la diffusion de la viticulture sur toute la planète.
Le Moyen-âge voit des progrès qualitatifs du vin. Alors que les vins de l’Antiquité étaient coupés d’eau et agrémentés d’herbes et d’aromates, le vin apparaît au Moyen-âge sous la forme où nous le consommons aujourd'hui. Les véritables dépositaires de la qualité sont les moines, qui perpétuent et améliorent la tradition viti-vinicole. Les cathédrales et les églises sont propriétaires de vignobles ; mais, en gérant de nombreux vignobles monastiques, sous couvert de l’activité du ‘vin de messe’, les moines contribuent à la création de vignobles de qualité, qui existent encore aujourd’hui. On trouvera un peu plus tard, en Andalousie, un phénomène analogue pour les chevaux et les toros…
Jusqu’au XVIIe siècle, le vin constitue la seule boisson stockable et sûre. Mais avec le développement des bières, avec l’apparition de nouvelles boissons d'importation coloniale telles que le thé, le café, le chocolat, avec l’apparition de l’eau courante, le vin est détrôné. Menacé par ces nouveaux venus, notre vin reprend sa place avec l’invention de la bouteille qui connaît un développement rapide. Les premiers vins de garde donnent alors au commerce du vin un second souffle. Nous en vivons encore.
La viticulture d’après la Bible.
La viticulture était répandue en Palestine et dans les pays voisins ; il y avait même des productions réputées, tels les raisins de la vallée d’Eskhol, près d’Hébron (Nb 13,23s), le vin du Liban (Os 14,8) ou celui d’Helbôn, près de Damas (Ez 27,18). On plantait les vignobles de préférence sur un coteau bien exposé (Am 9,14 ; Is 5,1 ; Jr 31,5). On les entourait d’une clôture pour les protéger des troupeaux, et des bêtes sauvages telles que les petits renards (Ct 2,15) et surtout sangliers -déjà !- (Ps 80,14), voire des maraudeurs. Une hutte ou une tour de garde abritait les gardiens de la vigne (Is 1,8 ; 5,2). C’était encore la pratique courante du temps de Jésus (Mt 21,33).
On recherchait des plants de qualité (Is 5,2 ; Jr 2,21) (déjà !). Les sarments étaient soutenus par des bâtons, ou bien on les conduisait sur des figuiers, d’où l’expression « habiter sous sa vigne et sous son figuier » (1R 5,5 ; Mi 4,4 ; Za 3,10 : 1M 14,12). Il fallait évidemment tailler régulièrement les sarments (Is 5,6 ; 18,5 ; Jn 15,2), arracher les mauvaises herbes (Is 5,6 ; 27,2s ; Pr 25,31).
La vendange, temps de réjouissances (Jg 9,27 ; Is 16,10 ; Jr 48,33), se faisait après la moisson et le battage des céréales, entre la fin-juin et la fin-août. Le vin est habituellement produit avec des raisins au jus rouge, qui tache les vêtements de ceux qui le foulent (cf. Is 63,1s). Le pressoir, généralement taillé dans le rocher et situé dans le vignoble même (Is 5,2), était composé de deux parties : la plus élevée étant destinée aux raisins, qui étaient foulés aux pieds (Is 63,2.3 ; Jr 25,30 ; 48, 33 ; Lm 1,15 ; Ne 13,15 ; cf. Si 33,17) ; la partie en contrebas recueillant le moût. On le conservait ensuite dans des cruches (Jr 13,12) ou des outres dans lesquelles il continuait à fermenter ; c’est pourquoi il fallait des outres neuves qui ne risqueraient pas de se déchirer cf. (cf. Jb 32,19). Très observateur, Jésus reprendra le dicton : « A vin nouveau outres neuves » (Mt 9,17) pour exprimer la difficulté de Jean le Baptiste, homme du premier Testament, à entrer dans la nouveauté de l’Évangile.
Une petite notation qui pourrait inspirer l’esprit de nos pratiques économiques actuelles : le propriétaire n’avait pas le droit de grappiller dans sa vigne. Le grappillage était réservé au pauvre, à l’étranger, à la veuve et l’orphelin (Lv 19,10 ; Dt 24,21).
La vigne était l’objet de tant de soins et le vin jouissait d’un tel prestige qu’ils nourrissaient l’imaginaire, un peu comme les expressions et les images taurines nourrissent aujourd’hui la langue espagnole. Le peuple d’Israël était considéré comme une vigne plantée et soignée par Dieu (Is 5,1-4). Le cep de vigne pouvait être une image de la sagesse, c’est-à-dire de l’art de bien vivre (Si 24,17). La femme qui a beaucoup d’enfants est ‘une vigne généreuse’ (Ps 128,3). Pour décrire combien les fautes des uns rejaillissent parfois sur d’autres, bien que ces derniers n’y soient pour rien, il y avait le dicton : « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des fils ont été agacées » (Jr 31,29 ; Ez 18,2). L’homme déraisonnable est comme un cep qui laisse tomber ses raisins (Jb 15,32s). Mal se conduire, c’est produire de mauvais raisins (Is 5,2 ; Jr 2,21). A l’inverse, celui qui a le sens de la justice boit un vin non coupé d’eau (cf. Is 1,22). La signification des symboles est mouvante. Le vin n’y échappe pas : il devient parfois le symbole de la colère de Dieu contre les hommes qui se laissent séduire par les faux absolus et se moquent de la justice (Jr 25,15-29) –l’humanité n’a guère changé ! ; le livre de l’Apocalypse reprendra abondamment cette image de la colère de Dieu contre les Nations dévoyées (cf. Ap 14,8.10).
Quant à Jésus, j’ai déjà cité le dicton « A vin nouveau outres neuves ». Et l’on sait qu’il emploie beaucoup l’image de la vigne dans ses paraboles (Mt 20,1-16 ; 21 33-46 ; Jn 15,1-8). Il s’inscrit dans l’imaginaire de son temps et de son peuple.
Les usages du vin.
Dans la Bible, comme dans tout le bassin méditerranéen, l’usage du vin est double : profane et rituel/religieux.
° Usages profanes. Les Israélites buvaient surtout du vin rouge, que l’on peut qualifier de « vermeil » (Pr 23,31) ; d’où l’expression « le sang des raisins » (Gn 49,11 ; Dt 32,14 ; Si 50,15 ). Ce symbolisme est d’ailleurs très répandu car, dans bien des rituels antiques, le vin est considéré comme un substitut ou un équivalent du sang : le vin ressemble au sang, liquide vital qui symbolise les liens d'hérédité et d'alliance. A ce titre, il est le privilège des divinités et des puissants. Boire, partager le « sang de la terre » permet de s'approprier une part de l'immortalité. D'Osiris au Christ, en passant par Dionysos, le vin est l'emblème des dieux qui renaissent, même si le sens profond de ces renaissances est très divers.
On emportait volontiers du vin en voyage (Jg 19,19), on en fournissait aux garnisons (2Ch 11,11) ; à l’époque grecque, au IIe siècle avant notre ère, on le coupait d’eau. C’est en raison de cette coutume, probablement suivie par Jésus, qu’aujourd’hui encore on ajoute, dans le calice, quelques gouttes d’eau au vin de la messe.
On améliorait le bouquet et le goût du vin en le laissant sur lie un temps assez long (cf. Jr 48,11s ; So 1,12), en y ajoutant des herbes parfumées. Par contre, l’addition de myrrhe en faisait un stupéfiant : on en présenta à Jésus pour atténuer les souffrances de la crucifixion mais il n’en prit pas (Mc 15,23). Le vin était servi aux festins (1S 25,36 ; 2S 13,28 ; Is 5,12) ; du temps de Jésus, l’épisode des noces de Cana et de l’eau changée en vin en est un exemple célèbre (Jn 2,1-11).
Tout autre usage : dans la parabole évangélique du bon Samaritain, le vin sert à soigner les plaies, comme l’huile d’olives (Lc 10,34). Il peut même être considéré comme un médicament : « Cesse de ne boire que de l'eau. Prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises » (1Tm 5,23), conseille l’apôtre Paul à son fidèle Timothée, vers l’an 65.
° Usages rituels. En Israël, ceux qui avaient fait les vœux de nazirs devaient, pour motif religieux, s’abstenir de vin et de toute boisson alcoolisée pendant toute la durée de leurs vœux (Nb 6,1-4 ; Jg 13 ; Am 2,11s ; Lc 1,15 ; 7,33). La Loi juive imposait la même chose aux prêtres accomplissant certaines fonctions particulièrement sacrées (Lv 10,8-11 ; Ez 44,21).
Chez les Hébreux, les libations se faisaient sur la victime déjà immolée et posée sur l'autel, prête à être consumée par les flammes, en holocauste (Lv 6,20 ; 8 25, 26 ; 9,4 ; 16,12, 20 ; 23,13). Chez les Grecs et les Latins on offrait aussi des libations avec les sacrifices, mais on les versait sur la tête de la victime, pendant qu'elle était encore en vie. C’est pourquoi, depuis sa prison de Rome, comprenant qu’il sera bientôt exécuté, l’apôtre Paul écrira au même Timothée qu'il est comme une victime déjà prête à être immolée, et qu’en quelque sorte, on a déjà fait sur lui les libations du sacrifice (2Tm 4,6) : à la romaine, donc, puisqu’il est encore vivant.
Dans les sacrifices juifs, le vin n’était jamais offert en tant que tel, mais toujours en accompagnement de l’offrande principale (agneau, bélier, taureau). On le versait contre l’autel du sacrifice ; et plus l’animal était conséquent, plus la quantité de vin prescrite augmentait. Si le sacrifice d’un animal était suivi d’un repas sacré dans lequel on en mangeait une partie, ce repas était accompagné de vin (1S 1,9.14). Tardivement, on accorda une signification particulière au vin qui accompagnait l’agneau pascal : le dernier repas de Jésus avec ses apôtres est probablement à situer dans cette perspective.
Pour des chrétiens, le vin évoque surtout ce vin de la dernière Cène de Jésus, juste avant sa mort, et donc celui de la messe. Les symbolismes se superposent : « sang du raisin » ou « sang de la terre » qui évoque le sang versé par Jésus en croix… sang séparé du corps, symbolisé par le pain… non plus le vin de la colère de Dieu contre les turpitudes des hommes, mais l’expression d’un amour plus grand que toutes les horreurs dont les humains sont capables… vin qui est le « fruit de la vigne et du travail des hommes », symbole que Dieu accueille et fait sien tout ce que les hommes font les uns pour les autres à partir de la nature qui leur est confiée, bien que leur travail ne manque pas d’ambigüités comme nous le savons tous…
Petit florilège de la sagesse biblique sur le vin
En matière d’amour : « Tes caresses sont meilleures que le vin. » (Ct 1,2)
Les risques du vin: « Le vin est moqueur, l'alcool est tumultueux ; quiconque s’en laisse enivrer ne pourra être sage. » (Pv 20,1) « Qui boit et se gave, tombe dans la misère. » (Pv 23,20)
Et, pour les experts en la matière, cette description pittoresque : « Ne regarde pas le vin, comme il est vermeil ! Comme il brille dans la coupe ! Comme il coule droit ! Il finit par mordre comme le serpent, par piquer comme la vipère. Tes yeux verront d'étranges choses, ton cœur s'exprimera de travers. Tu seras comme un homme couché en haute mer, ou à la cime d'un mât. » (Pv 23,31-34)
Le vin qui adoucit… « Procure des boissons fortes à qui va mourir, du vin à qui est rempli d'amertume : qu'il boive, qu'il oublie sa misère, qu'il ne se souvienne plus de son malheur ! » (Pv 31,6-7)
Le vin et l’art : « Un sceau d'émeraude sur une monture d'or, telle est une mélodie accompagnée d’un vin de choix. » (Si 32,6)
« Le vin et les arts mettent la joie au cœur ; et mieux encore l'amour de la sagesse » (Si 40,20).
La sagesse du vin : « Vin nouveau : ami nouveau. Laisse-le vieillir, tu le boiras avec délices. » (Si 9,10)
Le vin et la pub : « Avec le vin ne fais pas le brave, car il a perdu bien des hommes. Mais le vin bu modérément, c'est la vie pour l'homme. Que serait la vie, privée de vin ? Gaîté du cœur et joie de l'âme, voilà le vin. » (Si 31, 25…28)
Jacques Teissier, Nîmois. Son père a, entre autres, cultivé une vigne.
En marche à la suite de Jésus
Lecture d'évangile
En ces temps de recherches spirituelles multiples,
en ces temps où les itinéraires de pèlerinage sont en vogue,
il n'est pas sans intérêt de se tourner vers l'itinéraire spirituel que propose Jésus...
Jacques Teissier
http://acf-nimes.cef.fr/livr/livr33.html