Derniers Échos de la presse
Ci-dessous les derniers "Échos de la presse" redistribués dans leur section respective selon le thème développé. Ces articles, commes les précédents, sont ensuites répartis sur des pages individuelles (voir ci-contre les listes par thèmes)
Les catastrophes dans le Monde
J'ai été frappé par la lecture de deux articles successifs sur le même thème, "catastrophiste", de la fin des temps. Je vous invite à lire ces papiers, ou du moins à réfléchir aux thèmes qu'ils approfondissent. Les deux sont parus dans le Monde, à quelques jours d'intervalle.
Le premier : "le temps des catastrophes" (le monde du 26 mars 2011, page 22) est de Harald Welzer, psychosociologue, chercheur à l'institut des sciences humaines d'Essen. Le deuxième, titré : "le genre humain menacé" a pour avant titre : "il sera bientôt trop tard pour remédier aux catastrophes naturelles et à leurs conséquences sociales et politiques". Il est sous la signature commune de Michel Rocard, de Dominique Bourg, professeur à la faculté des sciences et de l'environnement de Lausanne, membre du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot, et de Florent Augagneur, qui enseigne la philosophie à l'Institut d'études politiques de Paris. Les épreuves du Japon, un tsunami ravageur venant quelques minutes après le tremblement de terre de l'intensité la plus forte jamais connue par ce pays, suivi de la catastrophe nucléaire à Fukushima, voilà le fait déclencheur de ces articles. Mais ils voient plus large. le réchauffement climatique est porteur de désordres climatiques plus fréquents, et de plus en plus violents : ouragans, changements des courants marins, sécheresses ravageuses ici, et inondations ailleurs comme au Pakistan (300 000 morts) et en Australie. Les conséquences économiques et sociales de ces désordres sont déjà effrayantes, les suites des évènements à venir seront sans doute pires. De toute façon, même si "sortons du nucléaire", n'est pour l'instant qu'un slogan porteur, le recours au tout nucléaire n'est plus possible après Fukushima. Et les ressources alternatives au pétrole, par exemple les shistes bitumineux, s'avèrent d'un coût social et environnemental complètement insupportable. Alors que l'accumulation de gaz carbonique dans l'athmosphère continue, en 2006, le monde a dépassé l'épuisement de la moitié des ressources disponibles en pétrole, même si la crise économique mondiale a retardé la prise de conscience de ce changement radical. "Les prix de l'énergie ne peuvent que s'affoler" (le Monde 3-4 avril)
De son côté, le sociologue allemand souligne un autre désordre social et économique, qui sert de cadre aux secousses géologiques et aux ratés du progrès technique : c'est le creusement d'un fossé inimaginable avant notre temps entre une petite tribu de gens extrêmement privilégiés, et une foule de plus en plus nombreuse de pauvres de plus en plus misérables. Certains privilégiés auront les moyens de se protéger, les masses de pauvres subiront la catastrophe. Voilà qui invite à prendre encore plus au sérieux le spectre menaçant de la tyrannie évoqué par Michel Jonas, cité par Michel Rocard.
Le bref rappel des commentaires de ces deux articles, nous invite à prendre en compte, humainement et dans la foi, les avertissements qui sont lancés. On ne peut se contenter de dire qu'il y a toujours eu des craintes millénaristes (en l'an mille, des illuminés annonçaient la fin du monde), et des dénonciations effrénées du progrès technique, les voitures à essence, les locomotives à vapeur ont été dénoncées comme portant le feu partout. Les auteurs qui s'expriment ici sont pondérés, donnent des faits vérifiables et des estimations raisonnables. Et pourtant ils prédisent des catastrophes, sauf à inviter l'humanité à opérer des changements radicaux, en faveur du respect de l'environnement, d'une économie sur de nouvelles bases plus solidaires et radicalement économes en énergie.
Je ne me situe pas seulement à ce niveau, ou déjà l'appel à la charité est évident. Le monde est confié par Dieu aux hommes pour qu'ils en soient des intendants actifs. Je souhaite également me poser la question de la fin des temps annoncée ici avec une force inhabituelle. Dans le discours biblique, l'apocalypse dépeint la fin des temps, en deux aspects, la venue en gloire du Seigneur à qui tout est remis pour louer le Père, et, en contre point la grande catastrophe, où le monde ancien disparaîtra.
Pour en rester au niveau du regard humain, penser le temps des hommes et de l'univers comme fini, avec un terme relativement proche, voilà un changement d'état d'esprit crucial. Les générations qui nous suivent seront encore plus concernées, mais déjà ces considérations nous invitent à une conversion, un retournement complet de perspectives et de comportement, avec des conséquences politiques, économiques et sociales radicales. Au plan de la foi, nous avons désormais moins à nous interroger sur la création "Lorsque Dieu commença la création du ciel et de la terre" Genèse 1, 1, point de départ et présence continue du Créateur dont nous contemplons la beauté de ses oeuvres "Mon Dieu que tes oeuvres sont belles" dit le cantique, que sur le terme de cette création : urgence vitale pour l'humanité, et donc pour chacun à son niveau, appel à la foi "Viens Seigneur Jésus": "Marana tha" (Apocalypse 22, 20)
Avril 2011 - Gilbert
DIEU SERAIT-IL UN LUXE SALUTAIRE ?
« Dieu est un luxe » : tel est le titre d’un entretien avec la psychanalyste Marie Balmary, recueilli par Élodie Maurot et publié par le journal La Croix en date du vendredi 24 décembre 2010.
« Cette phrase résonne très fortement dans une époque marquée par l’utilitarisme », note Élodie Maurot, qui fait remarquer avec finesse combien « les chrétiens aussi sont parfois tentés de proposer un Dieu ‘utile’… » Il est vrai que, sous le règne de l’ultralibéralisme et du dieu-argent, nos sociétés mettent au premier plan l’utile, le rentable, le fonctionnel ; à tel point que cette mentalité imprègne tout le monde sans qu’on n’y prenne garde, comme l’air que l’on respire.
« Laïcité [et sécularisation] aidant, nous pouvons enfin découvrir, redécouvrir, que nous n’avons pas ‘besoin’ de Dieu… Le luxe commence là où s’arrête le besoin… La première chose que Dieu fait devant les vivants, c’est de les bénir, de faire leur ‘éloge’, comme dit la traduction grecque [du livre de la Genèse]. Voilà une parole qui ne sert à rien ! approuve Marie Balmary. Méfions-nous de ce qui sert : c’est aussi avec ce mot que l’on fait servage et servitude… Le Dieu luxe est du côté de l’émerveillement. »
Voilà des paroles qui prennent encore du relief si l’on se souvient, avec Mgr Joseph Doré [La Croix du 23 décembre 2010], que « le véritable adversaire » que Jésus reconnaît à son Père, « c’est l’argent ». Non pas l’argent en-soi, mais l’argent en tant que premier moteur de la vie, sociale ou/et personnelle : « Je savais cela, continue Mgr Doré, mais je n’avais pas réalisé à quel point cela est vrai dans le monde, parfois aussi dans l’Église. Jésus ne désigne pas d’autre adversaire. Et comme pasteur, j’ai pu effectivement vérifier que l’argent est effectivement le seigneur des temps modernes. »
Eh bien je trouve que ces remarques fortes mais, somme toute assez classiques, pourraient profondément nourrir, et peut-être transformer, notre regard sur ce monde décrié et mal dans sa peau qui est le notre.
L’homme ne peut pas vivre que de fonctionnel et d’argent ?... Il étouffe si on ne lui propose rien d’autre pour inspirer son existence ?... Mais alors, de ces jeunes adultes peu motivés par le travail à outrance jusqu’à ces drogués désespérés, en passant par ces adolescents abîmés dans les jeux hyper violents du monde virtuel, nous pourrions accueillir et regarder autrement les comportements étranges, déroutants, choquants, iconoclastes, violents parfois, de tant de jeunes et d’artistes actuels : n’exprimeraient-ils pas une soif, une attente d’autre chose ?
S’il est vrai que Dieu est un luxe, peut-être nous parle-t-il plus fortement à travers ces comportements hors-normes qu’à travers tant de vies bien ordonnées ou tant de prières convenues. Déjà, le Pharisien de la parabole (Luc 18, 9-14) se vantait de « n’être pas comme le reste des hommes », et c’est à travers le publicain dédaigné que Dieu montrait son vrai visage…
Il me semble que avons plus et mieux à faire qu’à nous laisser enfermer dans des jugements immédiats : que nous avons à porter sur notre temps un regard évangélique, animé par l’Esprit, qui nous fasse communier à ses soifs profondes et discerner en filigrane le visage de notre Dieu… luxe !
Nouveaux horizons ?...
Février 2011 - Jacques Teissier
L'Eglise, en train de se réinventer ?
La revue ‘Télérama’ dans son n° du 13 novembre 2010, pose la question : L’Eglise en train de se réinventer ? Dans la ce dossier, O. Pascal-Housselard présente l’Eglise comme un grand corps en mutation, plein de forces et de fragilités. Pour l’illustrer, il donne la parole à un curé de paroisse de Gironde, à deux femmes qui veulent faire bouger l’Eglise en invitant les chrétiens à prendre la parole pour que ses portes s’ouvrent au monde et au théologien jésuite François Euvé, directeur du Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris. On peut se réjouir qu’une revue telle que Télérama prenne cette initiative. Pour notre revue de presse, nous nous attarderons plus spécialement sur ce qu’exprime François Euvé. Pour lui, l’Eglise est l’ensemble des gens convaincus que leur Eglise à quelque chose à dire au monde à condition qu'elle change sa façon de le communiquer. Vu notre univers culturel, une forme d’expression ne fonctionne plus. Si le message chrétien passe bien quand l’Eglise aborde certains domaines comme la solidarité, il faut reconnaître que sur le plan doctrinal, l’expression pose sérieusement problème. On peut mesurer le grand écart entre la pensée moderne et l’Eglise… Le père jésuite remarque très justement que l’Eglise est écoutée quand elle se démarque de la puissance de l’argent dans notre société. Quand l’Eglise ne rentre pas en dialogue avec les hommes, l’échec est assuré… L’Evangile n’est pas une morale mais une rencontre avec Jésus-Christ, rencontre vécue sur notre terre et marquée par la liberté et l’ouverture à l’autre. Cela suppose que les communautés chrétiennes ne soient pas paralysées par une trop grande centralisation et que les ministères soient diversifiés car aujourd’hui, ce sont les relations interpersonnelles qui font mieux passer le message.
Novembre 2010.