Notre foi interrogée par les mutations culturelles
Texte de référence
Dans sa chair, l’homme
|
Au 2ème siècle de notre ère, les adeptes de certaines sectes prêchaient la séparation entre le monde matériel et le monde spirituel. A leurs yeux, seul le spirituel avait de la valeur. Par une connaissance secrète et une vie ascétique qui allait jusqu’à renoncer au corps et aux plaisirs charnels, ils délivraient la parcelle de feu qui brûlait en eux. Ainsi, ils pouvaient communier à la plénitude divine. On comptait parmi eux un certain nombre de chrétiens qui avaient quitté l’Eglise.
Aujourd’hui, ce courant attire sous d’autres formes un bon nombre de nos contemporains souvent épris de la philosophie orientale. Ils cherchent à se libérer de leur corps pour être en communion avec l’énergie cosmique, pour se fusionner dans le grand tout…
Cela peut paraître paradoxal, mais notre époque est en même temps marquée par une valorisation du corps humain.
Saint Irénée, né en 130, premier grand théologien de l’Eglise, était évêque de Lyon alors que l’Eglise était en pleine crise, des chrétiens abandonnant l’Eglise pour entrer dans ces sectes venues d’Orient. Pour combattre cette vision négative du monde matériel, Irénée va prêcher le respect de la terre. La création est un des lieux de la manifestation de Dieu. Dieu a travaillé de ses mains pour faire de la terre le lieu d’habitation de l’homme. Ce fut un véritable travail d’artiste. Aussi, l’homme est appelé à être en communion avec la création qui chante les louanges de Dieu, comme l’ont si bien proclamé certains psaumes : « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains… » (Ps 18,2). Pour ce théologien et pasteur, la création n’est pas un lieu dont on doit s’échapper pour avoir le salut. Si l’on pense que ce monde est pourri, comment croire que Dieu est présent aux hommes ?
C’est dans le corps humain que Dieu a voulu témoigner son amitié pour les hommes. Si l’homme est poussière et retournera à la poussière, il a reçu en lui le souffle divin pour achever la création, devenir pleinement humain et pour être avec Dieu éternellement. Pour réaliser sur terre cette vocation, l’homme a en lui un trésor : sa liberté. Par elle, l’homme est appelé à achever le chef d’œuvre de Dieu qu’est la création de l’homme, être en devenir. C’est donc sur cette terre que l’homme trouve son salut. Sa vocation d’enfant de Dieu est inscrite dans sa chair, porteuse de l’image de Dieu. L’existence corporelle de l’homme dans ce monde est le lieu propre de sa justification et de sa sainteté.
Le Verbe de Dieu était à l’oeuvre dés la création. Le Verbe de Dieu, ayant présidé à la création de l’homme, vient dans son domaine en s’incarnant. Le Christ, le verbe fait chair, rend visible l’activité créatrice de Dieu depuis le commencement. La création ne peut pas être mauvaise car, pour être avec l’homme, Dieu, s’est fait chair. Jésus connaît intimement l’Artiste qui a modelé l’homme. Il montre à l’humanité la voie pour devenir pleinement homme.
Pour réaliser sa vocation dans sa chair, l’homme peut accueillir en lui l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu a non seulement appris au Fils ce qu’est l’homme et à l’homme qui est Jésus mais Il donne au cœur de l’homme une dimension universelle et éternelle.
Pour ceux et celles qui voudraient approfondir le message de Saint Irénée, nous recommandons vivement le livre de Donna Singles dont nous nous sommes inspirés pour écrire cet article.
La pensée de Irénée, le premier grand théologien de l’Eglise, parlent aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui. Sa vision joyeuse de la venue et de Jésus-Christ, sa description de la vocation de l’homme qui est inscrite dans sa chair, son appel à participer à la symphonie inachevée de la création nous rejoint et nous éclairent.
Donna Singles, américaine et professeur de théologie à Lyon, présente dans un langage très accessible la pensée de Saint Irénée.
Octobre 2011 - R. P.
.
Pour partager vos expériences, initiatives, cliquer ici
|
I