Notre foi interrogée par Jésus fidèle à sa culture juive
Texte de référence
Pourquoi Jésus a-t-il choisi
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Jésus a choisi le genre littéraire de la parabole pour révéler le mystère de Dieu et la façon dont il est présent à l’histoire des hommes, façon inimaginable pour ses contemporains qui se sont fait une idée du Dieu unique et Tout-Puissant. Jésus crée ou recrée certaines paraboles afin que l’auditeur ne soit plus face à un maître de la loi ni un gardien de la morale, mais devant une personne qui livre sa vie et dévoile un mystère. Pour faire un tel choix, il lui faut avoir une âme d’artiste. En effet l’art n’est pas une chose anecdotique dans l’histoire de l’humanité, un passe temps dans l’activité humaine. Pour un certain nombre de paléontologues, l’apparition de l’art est centrale dans l’évolution de la conscience humaine. L’art sous toutes ses formes, que ce soit la danse et le rythme, le dessin ou la peinture, le mythe, le tatouage… est une ouverture à l’autre, un message qui s’adresse à une collectivité, soit comme la formulation d’un avertissement, soit comme le récit d’une histoire secrète ou d’un dévoilement, soit comme la manifestation d’une présence indicible.
Dans la parabole, Jésus part d’une réalité quotidienne que tout le monde connaît: une semence du jardin jetée en terre, une pièce d’argent perdue, l’attente d’un père du retour de son fils… Benoît XVI dans son livre sur ‘Jésus de Nazareth’ écrit : « Les paraboles constituent sans aucun doute le cœur de la prédication de Jésus…. » (p.207) Jésus choisit la parabole car elle possède pour lui une qualité précieuse : elle respecte la liberté et requiert la participation active de celui qui écoute. Dans ‘Quarante méditations juives’ (p. 80), Gilles Bernheim, grand rabbin de France exprime bien la différence qu’il y a entre la parabole et la leçon de morale : la parabole « agit comme une semence, dure, ronde, pénétrante, elle s’insère et s’enfonce dans la pâte molle de l’esprit. Et c’est là qu’elle germe… Déposée dans l’esprit, la parabole y fermente et prolifère… tandis que la leçon de morale met un point final à la réflexion. La parabole révèle là où la leçon de morale conclut, l’une instaure, l’autre achève, l’une est découverte et renaissance infinie, l’autre n’est qu’artifice verbal et relève d’une technique. D’un côté, une graine vivante, de l’autre une structure… ». L’évangile est illustré par des paraboles, offertes pour être déchiffrées inépuisablement. Jésus laisse toute sa place à la liberté de conscience, à la maturation dans une culture donnée, et éveille une envie de participer, de créer en changeant sa façon de vivre ou d’entrer en relation avec les autres, ou en s’ouvrant à la découverte d’un nouveau visage de Dieu, Père de tous les hommes. C’est pour cela que le christianisme a pu, à la fois se lier sans contradiction à l’inventivité de la pensée grecque, mais aussi être parlant dans quantité d’autres cultures.
Jésus n’a pas seulement choisi la parabole pour éveiller les hommes à son mystère, mais il a dû aussi réfléchir au choix d’un lieu adéquat pour annoncer l’amour de son Père pour le monde. Faut-il aller au Temple comme l’annonce le prophète Malachie : « C’est dans le Temple que viendra le Seigneur que vous cherchez. » (Malachie 3,4) ? Fallait-il rejoindre Jean-Baptiste et le mouvement qu’il suscitait ? L’arrestation de Jean le Baptiste a provoqué Jésus à prendre la décision de monter en Galilée, terre de mauvaise réputation aux yeux des gens de Jérusalem, car ce ‘carrefour des nations’, était une contrée d’accueil et de passage de tous les immigrés des pays avoisinants. N’était-ce un terrain idéal pour y manifester, par sa vie et par sa parole, la Bonne Nouvelle en train d’arriver ? Mais pourquoi cela a t-il provoqué tant de controverses qui pousseront certains jusqu’à l’envie supprimer Jésus ?
A côté des paraboles, Jésus a aussi posé certains gestes (des signes) pour permettre à ceux qui le suivaient de pressentir qui il était. Ainsi lors de sa rencontre avec un paralysé à qui il dit : « Tes péchés sont pardonnés. » Les scribes se mettent alors à s’interroger : « Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ? » Jésus guérit ce malade pour attester la vérité de sa parole (Lc. 5,20).
En s’incarnant et en grandissant « en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2,52), Jésus, le Fils de Dieu, s’est ajusté aux hommes et à Dieu son Père. Pour Jésus qui se déclare ‘sorti de Dieu’, accueillant en lui le Père avec qui il ne fait qu’un, que devient alors sa foi au Dieu unique ? En donnant sa vie, il a donné une dimension incroyable à la mort humaine, réalité incontournable qui pose la question du sens de la vie. Comment suivre, comment être disciple d’un homme qui laisse entendre que la mort est un passage vers une vie humaine divinisée, impérissable et immortelle ? Comment comprendre alors qu’aucun des actes humains ne tomberont dans l’oubli ? En s’identifiant aux plus petits d’entre les hommes, Jésus nous ouvre à une dimension universelle qui fait du fils de Dieu, un frère intime, et de tous les hommes, des frères. Cela ne remet-il pas en cause notre vision du monde, le regard que nous portons sur les ‘autres, en particulier ceux que nous considérons comme des ‘matérialistes’ des ‘sans repère’, des ‘païens’ ? Comment faire découvrir que la soif de l’indicible qui travaille nombre de nos contemporains peut se ‘nourrir’ de la présence de Dieu fait homme?
Photos de Claire LY - Mars 2012
J-C Faivre d’Arcier (Bagnolet), Jn. de Montalembert (Argentine) R. Pousseur (responsable du site)
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