Les dernières analyses de livres
Ci-dessous les derniers livres analysés et commentés par des membres de notre équipe de rédaction. Ils sont par la suite répartis sur des pages individuelles.
Le siècle vert
Un changement de civilisation
Régis Debray - Tracs Gallimard - 2020
Les jeunes vivent dans un autre monde que leurs parents et grands parents. Régis Debray a tenté de décrire ce monde nouveau. Son essai peut être l’occasion de confronté comment les jeunes perçoivent ce changement de civilisation en s’inspirant de cet essai.
Victor Hugo a fait ce souhait : ‘La France sera sauvée quand les vieux regarderont en avant et quand les jeunes regarderont en arrière.’ Nous avons vécu sous la cloche de l’Histoire, nous vivrons sous celle de la Nature.
À travers Le Siècle vert, court essai incisif qui paraît dans la collection ‘Tracts’ de Gallimard, l’écrivain poursuit sa réflexion sur la grande mutation occidentale. Il voit dans la montée en puissance des préoccupations écologiques l’émergence d’un nouveau monde féminisé et aseptisé, mais peut-être paradoxalement moins civilisé.
« Ignorant que ce que nous détruisons nous détruit nous-mêmes, le locataire de la planète qui se prenait propriétaire se retrouve en squatter insolvable, menacé d’expulsion… Nous quittons les chantiers pour embrasser les arbres. »
C’en est fini ‘Tu mangeas ton pain à la sueur de ton front et tu enfanteras dans les douleurs’. L’ère ancien était dure et hiérarchisée, l’ère digitale se voudrait égalitaire et ouverte, donnant à chacun le droit de participer. à l’évolution.
Le point de mire n’est plus une société sans classes ni exploiteurs, mais sans carbone ni déchets à la dérive. L’ennemi principal n’est plus le patron mais la fumée d’usine.
Ce que nous avons oublié, c’est que l’homme est partie intégrante, et non surplombant de la Nature.
« L’homme nouveau est une femme, cheveux court, talons plats, une cheffe de gouvernement qui fait ses courses à al superette, en payant son berlingot de lait pasteurisé avec sa carte bleue personnelle. »
Nous passons d’une condition spirituelle à une condition naturelle.
Le catholicisme n’est plus un pape inquisiteur mais saint François d’Assise.
On ne veut plus de l’élaboré, mais du ressenti, plus de vérités générales mais des expériences originales, des œuvres, oui, mais de l’âme, non de l’esprit.
Mars 2020 - R. Pousseur
Le Nouveau Testament sans tabous
Simon Butticaz - Labor et Fides - 2019
La lecture du Nouveau Testament fait souvent naître des questions comme le monothéisme est-il tolérant ? La foi et l’homosexualité sont-elles compatibles ? Le tombeau de Jésus était-il vide ? Pourquoi le Nouveau Testament n’a-t-il pas condamné l’esclavage ? Non seulement, il pose des questions mais aujourd’hui, le religieux se radicalise et devient violent.
Simon Butticaz, professeur du Nouveau Testament et des Traditions chrétiennes anciennes à la Faculté de théologie et des sciences religieuses de l’Université de Lausanne aborde dans son livre Le Nouveau Testament sans tabous ces questions sans complaisance.
Pour l’auteur, « le croire sans compréhension est en danger de succomber dans le dogmatisme qui tue ou l’obscurantisme qui diabolise le réel/ La compréhension offre au croyant une intelligibilité et un langage qui lui permette de se situer dans le monde et face à Dieu. » (p 12)
Pour illustrer son propos, l’auteur invite le lecteur à se mettre devant le cadavre de Jésus en croix et d’accepter d’être confronté à l’altérité radicale, celle d’un Dieu fait homme mort en croix. Ce Dieu manifesté dans le corps nu et martyrisé d’un crucifié, ce Dieu des vauriens et des mal-nés est un scandale fait éclater toutes les représentations de Dieu.
L’auteur abordent d’autres questions : Le monothéisme est-il intolérant ? Faut-il sauver Dieu de la tentation ? Pourquoi le Nouveau Testament ne condamne-t-il pas l’esclavage ? Paul l’ennemi des femmes ? Le Nouveau Testament contre l’homosexualité ? Le tombeau était-il vide ? Quelle espérance pour Israël ?
Le Nouveau Testament sans tabous est intéressant car il illustre bien combien les évangiles ne rassurent pas mais dérangent
Mars 2020 - R. Pousseur
Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire
Être missionnaire aujourd’hui dans le monde
Pape François interviewé par Gianni Valente - Bayard - 2020
Aucun disciple de Jésus ne peut être missionnaire aujourd’hui dans le monde s’il ne fait pas confiance à l’apôtre Pierre qui le jour de la Pentecôte a annoncé à la foule que la prophétie de Joël vient de se réaliser : « Il arrivera que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. » (Actes des apôtres 2,17) Durant des siècles, partout dans le monde, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants de bonne volonté ont risqué leur vie pour que des graines de vie, de vérité, de justice ou d’amour qui ont été semées dans un monde en évolution continuelle puissent germer. Ces semences d’amour et de justice qui ont germé sont l’œuvre de l’Esprit en lien avec des millions des personnes de bonne volonté.
Dans ce livre d’entretien avec le père Gianni Valente, le pape François met les points sur les i : Dans les contrées non évangélisées, l’Esprit Saint a déjà œuvré et est à l’œuvre.. C’est pourquoi le pape rappelle que tous ceux et celles qui cherchent à témoigner de l’amour du Père pour l’humanité sont appelés à sortir et se mettre en chemin.
Les actes des apôtres ont fait découvrir que le premier rôle dans la mission d’évangélisation ne revient pas aux apôtres mais il revient à l’Esprit Saint. Les apôtres ont découvert que là où ils arrivent l’Esprit Saint agit gratuitement: ‘Dieu a aimé l’humanité le premier…’:
Il ne faut pas confondre vivre dans une région déchristianisée et un région où l’Esprit créateur d’amour et de justice de Dieu serait absent. Celui ou celle qui accueille un disciple de Jésus étrangé à cette région a pour mission de lui révéler la présence de l’Esprit Saint à l’œuvre dans cette région.
La mission de ‘l’Eglise en sortie’ ne constitue pas un programme à réaliser par un effort de volonté.
Quand les disciples du Christ sortent et arrivent dehors, ils font une expérience spirituelle et pastorale qui met en cause leur projet d’évangélisation du monde. Ils sont surpris par l’Esprit Saint qui est là avant eux et qu’Il les attend pour les associer à son œuvre. Le disciple de Jésus se laisse attirer par l’amour Dieu le Père. « Nul ne peux venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » (Jn 6,44)
Dieu agit par attraction amoureuse Aussi, le Pape n’hésite pas à rappeler aux disciples du Christ que le prosélytisme est toujours violent, ne supporte pas la liberté et la gratuité.
Mars 2020 - R. Pousseur