L'Église de notre temps à l'écoute des artistes en Arts plastiques
Entretien avec Isabelle de Hédouville, peintre
- Qu'est-ce qui vous frappe dans le monde aujourd'hui ?
- Les extrêmes se confrontent : à la fois beaucoup d’énergie et de générosité dans toutes sortes de domaines avec une communication très rapide, un afflux d’informations qui remplit l’espace mais tout ceci ne nourrit pas l’être d’où beaucoup de solitude. Il y a également un grand manque d’Espérance, de sens de la vie mais une grande capacité à se remettre en question. Enfin je perçois une soif de rencontres, de découvertes mais une vraie difficulté à approfondir les situations.
- L'Ecriture Sainte, les textes que vous aimez méditer changent-ils votre regard sur l'humanité? En quoi illuminent-ils la recherche des hommes ?
- Osée 1, 21-22 : Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahvé.
- Jn 8, 7 : Que celui d’entre vous qui est ans péché lui jette le premier une pierre !
- Lc 22, 61 : Le Seigneur se retournant fixa son regard sur Pierre.
- Jn 1, 5 : La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie.
Je me sens toujours en attente de cet amour divin. L’amour humain y prend sa source. Je puise dans ces textes l’espérance que l’homme ne se réduit pas à ses actes et qu’il est possible d’aimer par delà ses propres peurs. En tant que chrétienne j’ai fait une rencontre et je désire partager les fruits de celle-ci.
Tout homme est à la recherche de cet amour absolu mais craint que les ténèbres l’envahissent. La lumière dans les ténèbres est le moteur de mon travail d’artiste.
- Comment le traduisez-vous dans vos créations ?
- J’aime travailler les thèmes sur la recherche de l’homme face à son destin – les 7 péchés capitaux, Tristan et Isolde ; sur le temps qui travaille les cœurs – le pèlerin ; sur la rédemption – chemin de croix. Je confronte également l’homme avec ce qui l’entoure pour en faire ressortir sa dignité.
Le chemin de croix que j’ai réalisé en 2008 était une méditation sur la tentation que Jésus a subi à chaque étape-station et sur la réponse d’amour qu’il a donnée à chaque attaque ou souffrance.
Sur un plan plastique j’oppose les surfaces calmes à celles en mouvements, les zones lumineuses et les zones sombres. Ces variations de matière dans un même tableau font jouer la couleur et douter le regard. Je travaille de plus en plus sur la ligne afin de symboliser le lien entre les personnes, l’unité avec l’environnement, et pour mettre en valeur par un jeu de contrastes la lecture de la matière. Ce travail bouscule la vision du tableau en brouillant les perceptions de l’arrière-plan et du premier plan, en faisant courir les lignes sur la surface de la toile. Celles-ci créent un labyrinthe où les personnages semblent se perdre alors qu’il découvrent les liens avec ce qui les entoure.
Vos deux dernières expositions ont pour titre : 'L'homme dans la ville' et 'Présence et Désert'. Pourquoi ces deux titres qui semblent se heurter ?
Pourquoi l'homme... Pourquoi Présence ?
- Ce qui paraît contraire est pour moi complémentaire : l’humain et le divin, l’immanence et la transcendance, le figuratif et l’abstrait…
La ville incite l’homme à se révéler aux autres, le désert le porte à se révéler à lui-même.
Dans la ville que vaut l’homme seul face à la foule ou face aux masses horizontales ou verticales ? Comment peut-il exister face à ce qui semble l’écraser ? La foule, les masses, le bruit,… Mais il en sort une énergie qui le fait exister.
Dans le désert le silence de la nature sert de trame de fond à une parole intérieure. C’est un travail à la source dans le dialogue avec « la brise légère ».
J’aime découvrir comment l’homme prend sa place dans son environnement. Mon travail ne constitue pas une réponse mais une interrogation et des pistes de réflexion.
Isabelle de Hédouville
Si vous désirez entrer en lien avec l’artiste :
isabelle.fournis@free.fr
Si vous voulez aller sur son site :
http://isa.dehedouville.f.free.fr
Propos recueillis par R. P.
Août 2011.
