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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

 

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
Réalisateur : Philippe de Chauveron
Sortie : 16 avril 2014


Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?

  L’argument : Claude Verneuil et sa femme Marie, un couple de la haute bourgeoisie provinciale, se sont toujours efforcés de faire preuve d'ouverture d'esprit, notamment dans l'éducation de leurs quatre filles. Chrétiens et défendant les valeurs de la famille, certes, mais aussi tolérants et repoussant toute idée de racisme. Mais les choses se compliquent quand les aînées épousent successivement un musulman, un juif et un Chinois. Tous les espoirs du couple de voir l’une de leurs filles faire un ‘’mariage normal’’ se reportent alors sur la cadette, encore célibataire. Car ils en sont convaincus : elle va rencontrer un bon catholique. Ce qui ne tarde pas à arriver…

 

Je me suis décidé à aller voir ce film, sur le conseil de plusieurs amis, pour ne pas ‘’mourir idiot’’. Comme tout le monde, j’ai rigolé quand il le fallait, quand les répliques habilement amenées en donnaient le signal. Cependant, je suis sorti de la salle assez perplexe, ne sachant pas quels mots mettre précisément sur le malaise que j’avais pu ressentir. Je sentais confusément que mes copains arabes, juifs ou africains ne se seraient pas vraiment sentis respectés par cette histoire et par ces rires.

C’est en revenant chez moi que, en lisant la critique proposée dans mon journal préféré La Croix du 7-8 mai 2014, l’article signé de Bruno Bouvet., intitulée : ‘’Cinq millions de rires pour combattre les préjugés’’, j’ai pu identifier la raison de mon malaise en lisant : ‘’C’est bien parce qu’elle n’épargne ni ne blesse inutilement personne que cette comédie efficace, soutenue par des répliques écrites pour faire mouche, a déjà rassemblé 5 millions de spectateurs (depuis la sortie en salles le 16 avril), conviés à rire de leurs stéréotypes’’.

En fait, c’est un film qui rassemble tout le monde et qui donne à chacun, tout en rigolant, une bonne opinion de soi. Chacun en sort en se disant que, sur le registre des idées antiracistes, il est au top puisqu’il est capable d’en rire ! D’ailleurs, tout est fait pour nous conforter dans ces convictions généreuses. Dans le film, chacun des personnages concentre sur lui tous les préjugés, toutes les idées reçues, tous les jugements racistes que subissent ceux qu’ils représentent (l’Arabe, le Juif, le Noir, l’Asiatique), mais rien n’est suggéré sur la joie de leur rencontre amoureuse, rien sur les dépassements auxquels il a fallu consentir pour pouvoir vivre ensemble. Même chose pour les parents catholiques traditionnels, dont la foi n’apparaît pas, mais dont on voit uniquement le souci de faire bonne figure devant l’adversité qui les poursuit ; aucune joie, aucune affection manifestée à leurs enfants et conjoints, aucune spontanéité authentique, mais uniquement un rôle à jouer, une façade pour paraître à la page.

Quand à la rencontre interculturelle que ces unions auraient pu permettre, il n’en est pas question non plus. Pas la peine de se torturer les méninges pour mettre en valeur l’ouverture, les changements, les retournements auxquels chacun a dû consentir pour ‘’vivre ensemble’’, il suffit d’en rire et ‘’tout l’ monde il est gentil’’, comme disait l’autre.

Non, tout le monde ne pense pas comme cela ; tout le monde ne voit pas la vie à travers la grille de ces préjugés-là. Dans les quartiers, où les populations d’origine diverses cohabitent, où le racisme et la violence s’expriment sans paravent, nombreux sont ceux qui cherchent la rencontre et le dialogue en vérité. Mais c’est rarement d’eux et de leur action dont on parle dans les films. Et quand l’un d’entre eux les met en scène, il ne fait pas 5 millions d’entrée en trois semaines.

Je regrette que le succès ''populaire'' de ce film repose sur la jubilation secrète qu'éprouve le spectateur de voir à l'écran des caricatures qui sont exactement conformes aux idées reçues que chacun a dans la tête et dont on croit pouvoir se défaire si facilement dans un grand éclat de rire libérateur.

Je regrette surtout que, contrairement à ce que suggère la morale de l'histoire qui est développée à la fin, à aucun moment ce spectateur ne soit amené à s’interroger sur ces stéréotypes qu’il vit. En fait ce film nous berce d'illusion en nous laissant croire qu'il peut exister un ‘’racisme bon enfant’’J’emprunte cette expression à Geneviève Jurgensen qui a eu la bonne idée de publier une critique contradictoire dans La Croix du 10-11 mai 2014., sur le dos duquel on peut rigoler sans que cela ne laisse de traces.

 

 

Mai 2014                                                                                         Jean-Claude D’Arcier


 

 

                       Réactions d'internautes

 

 

            « Je regrette que le succès ''populaire'' de ce film repose sur la jubilation secrète qu'éprouve le spectateur de voir à l'écran des caricatures qui sont exactement conformes aux idées reçues que chacun a dans la tête et dont on croit pouvoir se défaire si facilement dans un grand éclat de rire libérateur.

             Je regrette surtout que, contrairement à ce que suggère la morale de l'histoire qui est développée à la fin, à aucun moment ce spectateur ne soit amené à s’interroger sur ces stéréotypes qu’il vit. En fait ce film nous berce d'illusion en nous laissant croire qu'il peut exister un ‘’racisme bon enfant’’ sur le dos duquel on peut rigoler sans que cela ne laisse de traces ».

Une internaute

 

 

 

 

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