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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

SPOTLIGHT
Réalisateur : Tom McCarthy
Sortie : 27 janvier 2016

 

Affiche du film  "SPOTLIGHT"

      Dans une petite ville de la côte Atlantique française, après un hiver rigoureux, Alex, George, Laetitia et Gabriel passent le temps sur la plage et profitent du beau temps enfin revenu. Un jour, Alex qui occupe seul la grande maison familiale, car sa mère est partie à l’étranger pour plusieurs mois, propose à ses amis de le rejoindre chez lui. Là, pour attirer l’attention de son hôte dont elle est tombée amoureuse, la jeune et jolie George, âgée de 16 ans, propose un jeu auquel tous leurs amis du lycée vont peu à peu participer. Petit à petit, ils vont repousser leurs limites sexuelles. Échangisme, voyeurisme, drogue, rien ne leur fait peur. Désinhibés, éloignés de toute culpabilité, filles et garçons abordent ces pratiques avec une insouciance désarmante… avant d'être rattrapés par la réalité.

Scènes d’orgies, crudité des mots et  omniprésence du sexe dans les dialogues, Bang Gang, premier long-métrage d’Eva Husson, sorte de ‘’teen-movie’’ à la française, dépeint les frasques d’adolescents dont la sexualité se libère en collectivité. La réalisatrice trace le portrait d’une bande de jeunes, dans leurs rapports complexes à l’être, à la nudité, à la solitude et au groupe.

Bang Gang n’est pas un film porno, ni une belle histoire qui lorgnerait vers le porno pour donner l’impression d’être dans l’air du temps, pour se donner le frisson de l’interdit sans avoir l’air d’y toucher. Non, Bang Gang est un film sur l’amour, en 2015, observé au sein d’une jeunesse qui s’ennuie et qui cherche, ce qui est le propre de l’adolescence, les limites à franchir afin de se sentir exister.

Et l’amour en 2015, ça se vit avec internet et les réseaux sociaux, avec la vitesse incroyable de diffusion d’un texto ou d’une vidéo pour informer de l’organisation d’une soirée virant en partouze. C’est comme cela, c’est un fait. C’est d’ailleurs une de ces histoires réelles qui a inspiré Eva Husson pour écrire son film.

La question que pose ce film, c’est de savoir si cela change quelque chose à ce qu’est l’amour, si la naissance d’une vraie histoire d’amour peut éclore dans ce contexte-là. Et la réponse d’Eva Husson est tout simplement positive. Pour elle, une histoire d’amour en 2015 est toujours la même chose qu’avant ; c’est simplement le contexte dans lequel elle naît qui a changé. C’est le rapport à la sexualité des adolescents qui a évolué entre 1925 et 2015. Ce changement de contexte permet de parler aujourd’hui de sa sexualité, de l’exhiber de façon plus crue et plus brute. Mais le fait de tomber amoureux, lui, n’a pas vraiment changé. Et, en ce sens, le titre du film n’est pas un simple jeu de mots, mais bien le signe d’un renversement des valeurs que la réalisatrice a voulu montrer. L’idée n’est pas d’exposer comment la recherche de l’amour peut conduire à des partouzes en forme de Gang Bang, mais bien comment, dans le franchissement des limites des jeux sexuels, peut naître l’amour.

 

Ce qui frappe, dans ce premier long-métrage audacieux, c’est la bienveillance constante avec laquelle la réalisatrice regarde ses personnages, et la façon dont elle les accompagne dans leur aventure. La maîtrise technique du cadre et du montage n’est pas en reste. On voit la caméra tourbillonner autour des protagonistes au rythme de la musique électro, des coups de reins et des cris de détresse. Privilégiant une lumière diffuse proche de la lumière naturelle, les images donnent une tonalité à la fois naturaliste et poétique au film. La nature y est omniprésente et elle fait penser à une mère désemparée regardant ses enfants s’entredévorer dans les plaisirs du corps et par l’intermédiaire de vidéos compromettantes postées sur internet.

Bang Gang est donc un film bien plus proche de la réalité qu’il n’y paraît, saisissant au vol, et avec beaucoup de sensibilité, l’émotion et la passion de ses jeunes héros, révélant du même coup leurs personnalités et leurs psychologies complexes.

D’un sujet apparemment désuet et souvent traité  au cinéma, Eva Husson, bien en phase avec son temps et son époque, parvient à saisir une vérité de l’adolescence contemporaine, tout en proposant une réflexion nouvelle sur l’amour et les sentiments et en illustrant, concrètement et subtilement, le dilemme universel entre l’être et de l’avoir, entre prendre, ravir et se donner.

Bang Gang se présente comme un hymne à l’amour, intemporel et incroyablement puissant. Bien plus puissante que cette indécente facilité à expérimenter des jeux sexuels que l’on croyait réservés à des clubs échangistes, la rencontre entre deux êtres qui vont ébaucher une histoire d’amour, emporte tout sur son passage. Elle comble le vide et la solitude que cherchent à fuir désespérément les adolescents en transgressant toutes les barrières dressées par le monde des adultes.

Les années 2010 ont vu percer la mode des films scandaleux et remarquables, bousculant les mœurs et l’éthique de la société française. On se souvient, par exemple, de L’Inconnu du lac, d’Alain Guiraudie, de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, ou plus récemment, de The Smell of Us, le dernier film de Larry Clark, très disputé par la critique. En ce début d’année 2016, c’est au tour d’Eva Husson d’entrer dans la ronde avec Bang Gang (une histoire d’amour moderne), l’histoire d’adolescents bourgeois se retrouvant dans une grande maison pour jouer à un jeu de la vérité revisité, sous lequel se dissimule la délicieuse et destructrice tentation des plaisirs défendus.

Eva Husson réussit à filmer ces êtres humains en construction, capables du meilleur comme du pire avec la même insouciance, avec un regard empreint d’une grande tendresse pour cet âge de l’adolescence où tout peut advenir, mais qui reste, à travers le temps, le moment le plus fertile pour l’éclosion de l’Amour. Bang Gang est un film à fleur de peau, aussi naïf que ses personnages. Et c’est précisément pour cela qu’il nous touche.

 

Claude D’Arcier - Mars 2016

 

 


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