Recherche dans le site

 

 

Les films
classés RÉALISATEURS


Les films
classés par TITRES


Classement selon
la période d'analyse


Vient d'être commenté sur le site


Le film précédent :
Le fils de Joseph

Le film suivant :
L'Avenir



 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

Boulevard
Réalisateur : Dito Montiel
Sortie : 18 mai 2016

 

 

Affiche du film : Boulevard

 

       La vie de Nolan Mack, 60 ans, s’écoule sans heurts, entre Joy, sa femme cultivée et son travail à la banque où il est sur le point d’obtenir une promotion. S’il fait chambre à part avec son épouse, cela ne l’empêche pas de l’aimer tendrement. Alors qu’il revient de l’hôpital où son père vit ses derniers instants, Nolan rencontre Léo, un jeune prostitué homosexuel. Fasciné par le jeune homme, il réalise qu’il ne peut plus se mentir et veut désormais compter dans la vie de Léo. Celui-ci, en proie à la violence de son souteneur, ne comprends pas Nolan et ses intentions. Joy commence à s’inquiéter du changement de comportement de son mari… Boulevard est l’un des derniers films de Robin Williams, avant sa mort en août 2014. L’acteur donne la réplique à Roberto Aguire, un jeune acteur que l’on a pu voir dans Pretty Little Liars et NCIS : Nouvelle-Orléans. A noter aussi la présence de Bob Odenkirk, l’inoubliable Saul Goodman de Breaking Bad.

Il n'avait plus trop le cœur à rire pour ses derniers films, Robin Williams. Tourné quelques mois avant son suicide par pendaison, alors qu'il était déjà vraisemblablement dépressif, Boulevard  offre à l'acteur américain, ‘’oscarisé’’ pour son interprétation dans Will Hunting, un rôle posthume assez tragique et tourmenté, qui constitue pourtant une fin de carrière magistrale. Robin Williams incarne un employé de banque effacé dans une ville américaine (Nashville), qui vit auprès de la femme qu'il aime depuis des années, mais sans plus aucun contact physique avec elle.

Un soir, en rentrant en voiture sur un boulevard, il vient en aide à Léo, un jeune prostitué, écorché vif et toxicomane, auquel il ne tarde pas à s'attacher, puis avec qui il engage un début de liaison amoureuse. L'homme trouve ainsi l'occasion de vivre enfin une homosexualité qu'il a longtemps refoulée, et la force de tout avouer à sa compagne avant de quitter le domicile conjugal.

Comme dans la plupart de ses rôles dramatiques, Robin Williams interprète son personnage avec justesse, déployant une sensibilité par petites touches sans jamais surligner les sentiments. D'une attitude, d'une moue, d'un regard, il parvient à exprimer le poids du silence et des années. Le comédien occupe évidemment l'écran mais n'écrase pas pour autant ses partenaires, et le couple qu'il forme avec son épouse, incarnée par l'excellente Kathy Baker, est à la fois crédible et attachant. Robin Williams savait tout jouer. Il l'a prouvé jusqu'au bout.

C’est une situation difficile pour un cinéaste de présenter un film dans lequel le héros est une star défunte, surtout quand il s’agit d’un acteur qui a la célébrité de Robin Williams. Boulevard, d’une façon assez discrète, arrive pourtant à assumer ce rôle imprévu d’épitaphe de l’interprète de Hook et de Mrs. Doubtfire : deux films de pères reniés, luttant pour reconquérir le cœur de leur progéniture; deux films aussi qu’on ne regardait quasiment plus, mais dont justement la progéniture cinéphile a bien grandi. Dans Boulevard, R. Williams aurait pu avoir des enfants mais il n’en a pas eu. Enfermé dans un mariage fade et vieillissant, il se découvre une affection de plus en plus passionnée pour un jeune prostitué, qui se prend au jeu de ce vieil homme, qui ne demande aucune faveur sexuelle, mais souhaite seulement le regarder et lui faire la conversation. Ce qui surprend le plus, c’est le platonisme pudique du film, qui ne consomme pas l’amour ressenti par le personnage, mais interroge plutôt le désamour dont il fait l’objet – d’où sans doute le fait qu’on éprouve une certaine tristesse lorsque le film se termine, mais de façon très belle et mélancolique.

C’est un film fin et sensible, qui offre à Robin Williams un (dernier) grand rôle d’autant plus bouleversant que son suicide est venu apporter, au mal de vivre qu’il joue, la confirmation de la réalité. Comme dans la plupart de ses rôles dramatiques, Robin Williams interprète son personnage avec justesse et pudeur, déployant une sensibilité par petites touches sans jamais exagérer les sentiments. Ce beau portrait austère et mélancolique d’un sexagénaire discret, tenté d’assumer enfin son homosexualité, offre à l’acteur l’occasion d’une performance bouleversante. Reste un sentiment d'inachevé car ce film est surtout centré sur le thème de la perte. C'est un film à voir, ne serait-ce que pour la dernière prestation de Robin Williams et la valeur humaine du personnage de Nolan, mais il reste globalement triste. Robins Williams était bipolaire et atteint de Parkinson. La question du ‘’coming out’’ (le fait d’annoncer son orientation sexuelle) chez les seniors est un thème qui est de plus en plus traité au cinéma. Si le sujet est abordé de manière comique dans la série américaine de Netflix Grace et Frankie, le réalisateur Dito Montiel a décidé de montrer l'aspect dramatique d'un tel bouleversement dans son film Boulevard. L’épouse de Nolan, jouée par Kathy Baker, est particulièrement touchante ; son désarroi face au coming out de son mari et tout ce que cela implique, concernant son mariage mais aussi son avenir, nous montre l'autre côté du miroir. Si l'on assiste à la libération de Nolan Mack, on est également témoin de l'effondrement de sa femme pour qui cette nouvelle est une tragédie.

 

 

Claude D’Arcier - Juin 2016

 

 


Réactions d'internautes

       

 

 

Le film sur Allocine

 



 

Haut de page