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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

La saison des femmes
Réalisateur : Leena Yadav
Sortie : 20 avril 2016

 

 

Affiche du film : La Saison des femmes

       Inde, Etat rural du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, écrasé par la sécheresse et par le poids des traditions, quatre femmes, Rani, Lajjo, Bijli et Janaki, osent s’opposer aux hommes et au passé  ancestral qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons et rêvent d’amour et d’ailleurs… Née en 1971, Leena Yadav a fait son entrée dans l’univers du cinéma en montant des publicités dans les années 90. Puis elle a réalisé des programmes de télévision, avant de réaliser son premier film Shabd (2005), puis un second Teen Patty (2010), qui est un thriller sur la cupidité, la tromperie et la théorie des jeux. La saison des femmes est son troisième long métrage.

Voici l’essentiel de l’interview qu’elle a accordée à un journaliste : Quelle est l’origine de ce film ? Petite fille, mes parents m’ont appris à juger et traiter les autres comme des êtres humains, sans tenir compte de leur sexe, de leur religion ou de leur caste. Ce film est ma réaction à une société misogyne qui traite les femmes comme des objets sexuels, dont le rôle se limite à servir les hommes. Si j’ai choisi d’écrire l’histoire de ces femmes ordinaires au destin extraordinaire, c’est pour donner à mes personnages féminins une voix qui observe, comprend et réagit. Nous sommes tous parfois contraints par la structure sociale à nous conformer à certaines normes ou valeurs, sans nous interroger sur leur signification ou les remettre en cause. Durant l’hiver 2012, j’ai sillonné le désert aride du Kutch, dans l’Etat du Gudjarat, en quête d’histoires à raconter. Deux millions d’habitants y vivent, répartis en petites communautés. La population est régie par d’anciennes ‘’normes’’ patriarcales, décrétées par le conseil du village, composé en grande partie d’hommes… Quelles ont été vos sources d’inspiration pour créer vos héroïnes ? Dans un village, j’ai rencontré Rani. Elle nous a invités dans sa hutte et nous a raconté son histoire. Devenue veuve à l’âge de 15 ans, elle a consacré sa vie à l’éducation de ses enfants. Son histoire était authentique, parfois même drôle. Rani m’a pris la main et m’a confié : ‘’On ne m’a pas touchée depuis 17 ans. J’ai enfoui tous mes besoins au fond de moi pour faire ce qui convient pour mes enfants’’. Ses mots m’ont choquée et bouleversée. Qu’est-ce qui ‘’convient’’ ? Est-il ‘’convenable d’ordonner à une enfant de 15 ans de passer le reste de son existence vêtue de noir, d’élever seule les enfants qu’elle a eu très jeune, suite à un mariage forcé ? Qui a décrété ces ‘’normes’’ sociétales, et pourquoi Rani les a-t-elle acceptées ? J’ai gardé son prénom pour mon personnage principal…

La musique tient une place importante dans votre film. Le travail avec Hitesh sur la musique du film a été une sacrée aventure ! D’abord, nous avons déniché la voix brute de Gaazi Khan au Rajastan. Nous l’avons enregistrée et c’est là qu’est née la chanson ‘’Baaisa’’, qui est une ode aux filles mais, paradoxalement, nous l’avons utilisée dans la scène où la toute jeune épouse est expédiée vers son nouveau domicile conjugal. Il y a aussi les chansons grivoises sur lesquelles danse Bijji, la prostituée, et la chanson ‘’Maai’’ (Mère) très émouvante. Créer la bande originale dans sa totalité fut le fruit de longues discussions entre lui et moi, mais nous avons fini par trouver le bon ton pour le film.

Comment avez-vous recréé l’ambiance électrisante de ces scènes de danse ? Il était important pour moi qu’il y ait ce pendant festif au discours social que j’ai voulu faire passer dans mon film. Dans les scènes avec Bijji, la compagnie de danse que l’on voit dans le film reproduit une pratique très commune au nord de l’Inde, où des femmes montent sur scène pour émoustiller les spectateurs. Les paroles et les mouvements de leurs numéros sont à forte connotations sexuelles. Beaucoup de ces femmes sont aussi des prostituées. J’ai toujours été fascinée par ces danseuses itinérantes, qui sont paradoxalement bien implantées dans la tradition indienne. Le personnage de Bijji m’a permis d’explorer un aspect très intéressant de la sexualité. J’ai presque fait d’elle la voix de l’émancipation, puisque c’est la seule femme du groupe à s’être aventurée hors du village et à connaître le monde extérieur. Elle m’a aussi permis de mieux comprendre Rani et Lajjo à travers son regard, puisque moi aussi je viens de l’extérieur.

Votre film mêle une analyse frontale de la société indienne avec la tradition du cinéma bollywoodien. Est-ce important pour vous que ces deux pans coexistent ? En Inde, nous aimons les films et le cricket. C’est presque une obsession. Bollywood fait partie intégrante de nos vies, lorsque nous dansons et chantons en de multiples occasions. Nous nous exprimons quotidiennement par la danse et la musique. Je suis une cinéaste indienne et je n’aurai jamais pu faire un film sans ces éléments, même si j’explore des réalités très violentes. Alors oui, arriver à cet équilibre, c’était simple et vital à la fois.

Comment produit-on un tel film en Inde aujourd’hui ? C’est extrêmement difficile de trouver du financement pour un tel film en Inde aujourd’hui. J’aurais aimé que les choses soient différentes, que de tels films puissent trouver leur place dans l’immense industrie du cinéma indien et coexistent à côté du cinéma Bollywoodien. Nous avons tous, moi la première, pulvérisé bien des barrières pour faire exister <la saison des femmes. J’ai été soutenue par mon mari qui a endossé le rôle de producteur. J’espère juste que je pourrai montrer le film sans aucune censure en Inde.’’

Le film de Leena Yadav suit le destin de quatre femmes dans un petit village de l’État du Gujarat, en Inde. Rani est veuve et élève seule son fils, un petit délinquant sans envergure ; Lajjo est battue par son mari car il la croit stérile ; Bijli est une danseuse de cabaret qui se prostitue sous l’influence d’un mac et, enfin, Janaki est mariée de force à Gulab, le fils de Rani. Ensemble, elles vont s’opposer à l’ordre patriarcal qui régit les lois du village, chacune à leur manière.

Son espoir pour les femmes indiennes, elle le raconte à travers cette fiction : indépendance d’esprit par l’éducation, indépendance financière par l’entrepreneuriat et l’artisanat, indépendance du corps par le progrès du mariage consenti. Autant de rêves bien lointains, circonscrits au cadre d’un écran, pour nombre d’entre elles. L’engagement des trois actrices principales, Tannishtha Chatterjee, Radhika Apte et Surveen Chawla, apparaît d’autant plus méritoire. Il fait écho à celui d’autres artistes qui, à travers le 7e art, œuvrent pour un changement des mentalités dans de nombreux pays du monde. On pourra voir, dans le même esprit, No Land’s Song, qui révèle la voix et le combat des femmes iraniennes. Nous en avons parlé dans une de nos dernières recensions.

 

 

Claude D’Arcier - Juin 2016

 

 


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