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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

De douces paroles
Réalisateur : Shemi Zarhin
Sortie : 25 mai 2016

 

 

Affiche du film : De Douces paroles

       À la mort de leur mère, une jeune femme israélienne et ses deux frères découvrent qu’elle avait enfoui un important secret. La quête de la vérité va les entraîner jusqu’en France, dans un voyage qui provoquera un chaos sans nom, tour à tour tragique et hilarant, au milieu duquel Dorona, Natanel et Shai s’interrogeront sur leur identité, sur la vérité et sur l’amour.

Le film De douces paroles (Hamilim Hatovot) arrive en France auréolé d’un large succès au box-office israélien et d’une pluie de nominations aux Ophirs (Césars locaux). Le réalisateur Shemi Zarhin signe une comédie dramatique souvent touchante, sur l’histoire de trois frères et sœurs à la recherche de leurs racines, dans une quête identitaire illustrant les questionnements contemporains de la société israélienne.

Le nouveau long-métrage de Shemi Zarhin (Bonjour Monsieur Shlomi, en 2003) prend la forme d’une comédie dramatique familiale, suivant la quête identitaire d’une fratrie endeuillée qui découvre la vie cachée de leur mère (thématique récemment développée par D’une pierre deux coups, de Fejria Deliba, 2016). Une révélation redéfinissant leur filiation, leurs origines, et la manière dont ils s’identifient. De douces paroles  mettent en scène deux frères et une sœur, qui incarnent différents visages de la société israélienne. Un aîné conservateur, respectant les principes religieux à la lettre (et avec zèle) mais raciste envers les arabes. Un cadet qui se cherche, oiseau de nuit, jeune papa,  s’étant découvert bisexuel sur le tard. Et une sœur rebelle, se moquant de l’orthodoxie rigoriste de son frère, démarrant au quart de tour à la moindre contrariété et cachant sa fragilité par un cynisme désabusé. Une fratrie attachante, complice, qui va se retrouver pour partir à la recherche d’un père biologique dont ils ne connaissaient même pas l’existence.

La réalisation ne brille pas par son inventivité mais accompagne efficacement cette quête des origines, entre Israël, l’Algérie et la France. L’esprit est à la comédie douce-amère, qui joue sur le naturel des interactions dans chaque scène, et rend chaque personnage attachant. Tout cela amène à poser des questions plus profondes sur les défis identitaires de la société israélienne. Les dialogues abordent régulièrement les différents rapports à la judéité, aux rites, aux préjugés sur les arabes, à l’antisémitisme, à la paranoïa. Avec une liberté de ton certaine et une vraie drôlerie, qui permet au film d’évite le mélo. L’enquête familiale a du mal à se clore et le script aurait gagné à raccourcir sa dernière partie qui s’éternise un peu. De douces paroles est malgré tout un divertissement très recommandable, qui permet de découvrir un cinéma israélien contemporain populaire et plein de bien-être. Il a été récompensé par un bel accueil critique en France et un succès au box-office local qui sont mérités.

C’est la chronique d’une période clef de leur vie familiale. Elle se déroule en deux moments : à Jérusalem, Dorona et ses deux frères, tous trentenaires, voient leur mère tomber malade, puis mourir. Avec le deuil vient la révélation d'un secret dont ils vont chercher la solution jusqu'en Europe... C'est une sorte de premier film, âpre, tendre, nerveux, qui se déroule en Israël. Le réalisateur se concentre sur Dorona, au caractère impulsif et emporté, notamment sur ses problèmes de couple. Un beau personnage, à la fois solide et paumé, qui nous sert de guide à son clan disparate : mère mystérieuse et farfelue, père remarié et rejeté, frères adorés mais soumis aux mille chamailleries...Du quotidien au drame (quelques instants pris sur le vif, à l'hôpital), chaque scène, courte, sobre, sonne juste, interprétée par des comédiens inspirés.

Quand la fratrie débarque en France, c’est comme un second film dans le film ; il ne manque ni de vivacité ni d'humour, mais toutefois il perd un peu en intensité : la quête d'identité devient plus romanesque, mais, hélas, plus convenue. A Paris, ils retrouvent une vieille tante, actrice autrefois amoureuse de l’homme qu’ils recherchent, patron d’un cabaret voué à Izhar Cohen, le candidat israélien de l’Eurovision en 1978…

Diverses rencontres animent cette investigation, entre rire et larmes, dans laquelle la mère défunte n’hésite pas revenir rendre visite à sa fille. Ce périple à rebondissements offre à chacun le temps et l’occasion de comprendre que le présent importe plus que le passé, et même que l’avenir, dont Antoine de Saint-Exupéry a écrit qu’il n’y a pas à le prévoir, mais à le permettre. De douces paroles est un film qui nous fait voyager, qui nous promène parfois. La mise en scène gagnerait quelquefois à plus de subtilité : plutôt que d'alourdir certaines scènes, ne vaudrait-il pas mieux user d’un registre plus suggestif... Humour, violence, brutalité sont au rendez-vous de cette aventure familiale, qui plaide en faveur d’un regard lucide sur la famille qui peut être potentiellement pathogène. Conquérir sa liberté de mouvement, de choix, implique souvent beaucoup de courage. C'est parfois une véritable odyssée.

 

Claude D’Arcier - Juillet 2016

 

 


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