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Visionnaire de l'invisible
La littérature

 

Le ‘handicapé’ ouvre une porte sur la condition humaine

 

 

 « La vie est un combat… Je dois mettre à profit la vie, trouver de la joie, sinon je suis perdu. Mais comment, comment donc ?...  Combattant à l’aide de mes semblables pour devenir autonome, la jubilation venait couronner et transformer en triomphe tout progrès, toute réussite, même la plus insignifiante... Un homme âgé vivant parmi les livres opposait à sa santé précaire une joie souveraine qui exerça sur moi une curiosité faite d’abord d’incompréhension, mais bientôt pétrie d’admiration. Pour la première fois je prenais conscience que l’esprit mérite quelque attention. »

Ces extraits sont tirés d’un livre écrit par un philosophe qui réfléchit à ce qui fait que nous sommes des hommes. Il puise sa réflexion non dans des idées émises par ses prédécesseurs pour les contester ou les enrichir mais dans sa propre vie. C’est pour cette raison que son livre de réflexion est accessible à ceux qui vivent une vie qui peut paraître banale. Continuons la lecture de ‘Le métier d’homme’ d’Alexandre Jollien paru au Seuil.

« Je dois mettre à profit la vie, trouver de la joie, sinon je suis perdu. Mais comment, comment donc ? » (p.17) Eric Jollien, gravement handicapé à la naissance, a un projet : transformer sa précarité en une source de vie. Chaque geste, chaque sourire de l’autre devient pour lui une victoire car il se sait un être inachevé. Pour lui, sculpter à chaque instant sa vie devient source de joie. « La formation de la personnalité exige, comme singulier point de départ, un dépouillement radical : se (re)connaître vulnérable, perfectible, prendre conscience d’évoluer en terres incertaines, essayer de savoir pourquoi on combat… joyeusement. » (p 29) Cette réflexion, pleine de sagesse, appelle à ne pas arrêter son regard à la chaise roulante, à la couleur de la peau…  mais découvrir le mystère qui habité chaque homme.

De cette façon de vivre, l’auteur en tire la fierté « d’être un homme avec des droits et devoirs égaux, partager la même condition, ses souffrances, ses joies, son exigence. Cette fierté nous rassemble tous. » (p. 35) 

Et la souffrance ? Aucun être humain ne peut éluder la question car le tragique est la toile de fond de toute vie. Rien n’est sûr sinon la mort. La souffrance ne grandit pas, c’est ce qu’on en fait qui peut grandir l’individu. Pour en faire une source de vie et de joie, rien de plus précieux qu’un être cher, qui sait être présent, se taire et écouter.

L’auteur est bien placé pour réfléchir sur la place que prend son corps dans la construction du soi, ce corps siége de la douleur et du plaisir. Ce corps est à conquérir car il ‘travaille à la grandeur de l’homme comme l’esprit.’ Ce corps, même s’il est réduit à l’état de ‘légume’, est autre chose que lui. » (p.60)

Ce qui déforme l’homme, c’est l’isolement. « Deux êtes humains ne sont pas suffisants pour faire un enfant. Il en faut bien davantage.» (p.69) Il se bâtit avec ceux qui lui sont différents. On ne peut pas enfermer la différence dans un ghetto car elle engendre l’invention.

A la fin de ces réflexions, on ne peut que souscrire à ce que nous partage Alexandre Jollien : Le handicapé ouvre une porte sur la condition humaine car l’être dit anormal au regard de ceux qui se croient normaux, est maître es humanité.

 

Novembre 2010
R.P.

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