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Visionnaire de l'invisible
La littérature

DieuX Modes d'emploi
Élie Barnavi
(Tempora - éd A. Versaille - 2012)

 

DIEUx : les multiples modes d’approche

 

 

      On ne sort pas de l’exposition  ‘DIEUX Modes d’emploi’ comme on y est entré car on est frappé de découvrir la richesse qu’ont déployé les peuples et leurs artistes pour exprimer leur soif spirituelle, leur quête religieuse, leurs rites pour extérioriser leur prière ou leur ascèse pour entrer en eux-mêmes. Les hommes n’ont jamais accepté que leur horizon s’arrête au ‘visible’. Cette soif a donné naissance ou a modifié profondément leur  vision du monde, leur façon de vivre ensemble, leur destinée.

        Il n’est pas question ici de passer en revue les multiples créations exposées. Citer quelques réalisations illustreront la fécondité spirituelle et artistique de l’humanité. 

        Shiva, le dieu qui crée et détruit le monde est représenté sous la forme d’une femme au quatre bras qui danse. L’artiste hindou a voulu montrer par cette sculpture la proximité des dieux avec son peuple.

       Un artiste nigérien a sculpté dans le bois une ancêtre. Comme les dieux sont lointains, c’est elle qui a pour mission d’intercéder entre son peuple et le Dieu créateur. Cette sculpture est aussi un hommage rendu aux ancêtres.

          Comme nul n’est égal au Dieu des musulmans et que rien ne peut lui ressembler, les artistes expriment leur foi en Dieu par la calligraphie. Cette forme d’écriture, véritable art abstrait, est non seulement de toute beauté mais a la vertu d’exprimer l’indicible.

          L’immense artiste qu’est Marc Chagall est resté fidèle à la foi de son peuple qui croit au Dieu Tout-Autre qui ne peut être représenté. Ce qui ne signifie pas que Dieu reste loin de son peuple. Chagall a peint un des moments fondateurs de son peuple : Dieu qui le délivre de l’esclavage et lui remet les tables de la loi. Pour signifier cette proximité de Dieu, Chagall a peint les mains de Dieu qui remet à Moïse le décalogue.

         Au milieu de toutes ces représentations est représenté un homme crucifié. Cette œuvre du 12ème siècle provenant du Puy exprime la foi des chrétiens : Dieu est solidaire de l’histoire dramatique de l’humanité et l’amour de Dieu est plus fort que la mort.

 

              Cette exposition qui se situe au Petit Palais à Paris jusqu’au 3 février, a le grand mérite de rappeler que la plus belle expérience que l’homme puisse faire est bien l’expérience du mystère, mystère de la création artistique qui exprime, par la beauté, le mystère de l’homme, de la nature et de Dieu.

 

 

Décembre 2012, R.P.

 

 

 

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