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Visionnaire de l'invisible
La littérature

"Il faut dire que les temps ont changé..."
Chronique (fiévreuse) d’une mutation qui inquiète
Daniel Cohen
(Albin Michel - 2018)

 

Toute mutation inquiète

 

Il faut dire que les temps ont changé...

Daniel Cohen, directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure illustre par d’innombrable exemples que les temps ont toujours changé mais que nous vivons un temps de changement beaucoup plus rapide que les autres, plus mondial, plus radical. Grâce à la science, certains pensent que bientôt on pourra non seulement réparer l’Homme mais on aura la capacité de l’augmenter grâce aux nouvelles technosciences. Pour certains scientifiques, il ne s’agirait pas d’inventer un homme nouveau mais de se mettre à l’école des animaux : la vision de l’homme pourrait avoir les mêmes capacités de celles des oiseaux de proie, le même odorat,  les mêmes capacités d’ouie que celui de certains animaux prédateurs. Avec des puces informatiques implantées dans le cerveau, l’Homme pourrait obtenir une capacité de calcul et de mémoire mille fois supérieurs…

Daniel Cohen a raison d’écrire que toute mutation inquiète. Il l’illustre en rappelant l’histoire de l’humanité a été une aventure d’une créativité étonnante et dramatique. Prenons un exemple dans l’histoire des idées qu’analyse l’auteur : 

Pour les philosophes des Lumières, c’est dans ‘l’arrachement’ aux traditions culturelles et religieuses  que l’homme devient authentiquement lui-même, quand il déchire le voile des conventions sociales. Kant précisera  que le projet des Lumières « est de rendre l’humanité adulte, majeure, c’est-à-dire capable de penser, d’agir, de juger par elle-même. C’est en se soumettant à une religion, à des usages et des moeurs, à des habitudes et à des coutumes, bref à la tradition que l’individu renonce à son autonomie originelle. » (p 88) L’homme est ce qu’il veut devenir.

Pour les romantiques qui vont succéder  dans l’histoire des idées aux Lumières, c’est le projet des Lumières qui est déshumanisant. Quand ‘l’autonomie’ devient une fin en soi, elle débouche sur la recherche des besoins factices à satisfaire, et l’homme finit par croire qu’ils sot ‘naturels’ mais qui le rabaissent en fait au niveau animal. Pour les romantiques, l’humanité n’existe que dans les civilisations, religions, langues particulières qu’elle a créées. Le fait de se soustraire à toute humanité particulière n’est pas une aliénation.  L’universel ne s’accomplit qu’en se particularisant. Il en est de même quand on rêve à une fraternité universelle. Ce rêve repose  sur une fiction sentimentale qui veut que les hommes et les femmes soient tous semblables. Mais cette fraternité ne peut survivre à la découverte que les hommes et les femmes sont différents.

Après mai 68, un cycle totalement inédit s’ouvre : « Le déclin de l’industrie va entraîner la fin des espérances mises dur la classe ouvrière, que la critique sociale avait placée à l’avant-poste de la transformation du monde. » (p56)  Sur le terrain intellectuel la classe ouvrière perdra de son aura avec la montée de l’aspiration écologique. Le capitalisme a ôté le désir ou le pouvoir de réfléchir aux besoins ‘véritables’ de chacun, de débattre avec les autres des meilleurs moyens de les satisfaire et de réfléchir aux moyens de les satisfaire.

Après la société industrielle, nous enfantons actuellement la civilisation digitale, celle d’un monde affranchi des limites du corps humain.    Cette mutation fait naître chez beaucoup de nos contemporains des questions : ce changement va-t-il dans la bonne direction ? Les robots seront-ils des acteurs d’avenir ? Les technosciences seront-elle utilisées au service de l’accomplissement de l’humain ? Seront-elles au service de tous, notamment au service des Hommes les plus démunis ? Au regard des scientifiques, l’homme restera-t-il un mystère ? La réalité sera-t-elle toujours couverte d’un voile ou l’Homme sera réduit à une machine perfectible ?  

 

 

 

Novembre 2018 - R. Pousseur 

 

 

 

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