L'Église de notre temps à l'écoute des artistes en Arts plastiques
Quelle connerie la guerre !
Cycle de spectacles
Tel est le titre un peu provoquant qu’a choisi le Forum des images, situé au 3° sous-sol du forum des Halles à Paris, pour présenter le cycle d’ouverture de ses spectacles pour l’année 2014-20 quinze.
Les commémorations se multiplient pour le centenaire de la Grande Guerre. Le Forum des images choisit de célébrer le combat pour la paix. Il met à l’honneur tous ceux qui dénoncent dans leurs paroles, leurs actes ou leurs images l’absurdité des conflits armés, les destins brisés, les exactions contre les civils, l’humanité déshumanisée.
Des cinéastes donc, des poètes aussi comme Jacques Prévert qui exprime magnifiquement son indignation – Quelle connerie la guerre ! -, mais également des artistes qui témoignent avec leurs propres armes et interrogent la violence institutionnalisée. A l’image du célèbre caricaturiste Plantu et de son association Cartooning for Peace, réunissant des dessinateurs de presse engagés qui défendent avec humour le bien précieux de la paix.
Du 16 septembre au 2 novembre, le Forum des images explore comment l’idée de paix traverse le cinéma mondial sur tout un siècle. De la dénonciation des horreurs des tranchées jusqu’aux images de Sarajevo assiégé, en passant par Munich, la guerre froide ou les luttes contre celle du Vietnam, le septième art prend des formes multiples. Et les films explorent de nombreuses nuances pour s’engager dans un combat pour la paix.
La boucherie de la Première Guerre Mondiale a fait naître de tous les côtés, et durablement, un sentiment qui a pris des formes multiples : la haine de la guerre, pacifisme, antimilitarisme, objection de conscience, non-violence. De tout cela le cinéma témoigne, s’engageant parfois fermement pour la paix, comme avec ‘’A l’ouest rien de nouveau’’ de Lewis Milestone ou comme ‘’Quatre de l’infanterie’’ de G.W. Pabst.
Après la Première Guerre Mondiale, le discours unanime devient : ‘’Plus jamais ça !’’. Mais la lutte contre le nazisme devient une priorité, même aux yeux de nombre de pacifistes. Cette contradiction révèlera le trouble moral qui affecte toujours les esprits à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, légitime dans ses fins mais inacceptable dans ses moyens, avec par exemple ‘’Requiem pour un massacre’’ de Klimov ou ‘’Le temps d’aimer et le temps de mourir’’ de Douglas Sirk. Quand Abel Gance refait un ‘’J’accuse’’ parlant en mille neuf cent trente huit, il dénonce les possibles retours d’une guerre aussi sanglante que la Première. Comme lui, on peut se prendre à rêver qu’un jour, les morts se lèvent et s’avancent tous ensemble sur les routes, poussant les gouvernements à abolir la guerre et à décréter le désarmement universel et intégral.
Pour les amoureux du cinéma, dans le cadre de ce cycle, deux cours de cinéma sont proposés, en entrée libre.
Le premier, animé par Laurent Veray, historien du cinéma et spécialiste de la Première Guerre Mondiale, analyse les films des années 30, traitant de ce conflit entre patriotisme et pacifisme – ce sera le vendredi dix-neuf septembre à 18h30, suivi de la projection de ‘’Quatre de l’infanterie’’ de Georges W. Pabst à 21h.
Le second, animé par Christian Delage, historien et réalisateur, directeur de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, porte sur l’expérience de guerre de John Ford, Samuel Fuller et George Stevens, à qui on avait confié une mission inédite : filmer la guerre et ses atrocités de manière telle que leurs images puissent, le moment venu, servir de preuves judiciaires. Ils ont filmé la libération, en mille neuf cent quarante cinq, des camps de Dachau et de Falkenau, avec des images qui serviront de preuves au procès de Nuremberg.
En cette période où les dangers s'accumulent pour la paix, il est important que les peuples s'unissent pour affirmer leurs aspirations et leurs exigences de paix, notamment lors de la Journée internationale de la Paix le 21 septembre 2014, avec sa déclinaison d’actions très diverses, en France et dans le monde. Aussi, ne manquons pas ce rendez-vous citoyen que nous propose le forum des images.
Septembre 2014 - Jean-Claude D’Arcier