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Les Bouleversements culturels /Réaction d'internaute

 

 

Réflexions d'un père de famille sur la famille

 

Merci au père de Montalembert de son témoignage.

Père de famille, grand-père, je voudrais apporter ma pierre à la réflexion sur la famille, les relations sexuelles et l'Eglise. Le père de Montalembert paraît surpris du décalage qui s'est exprimé lors d'un rencontre à laquelle il a participé, entre la conception du sexe, source de plaisir selon les jeunes, et la position de l'Eglise, où le sexe est d'abord lié à la procréation. Il n'y a pas décalage mais gouffre. C’est dramatique. Les média ont énormément glosé sur les toutes récentes paroles de Benoit XVI sur le préservatif qui, enfin, pourrait être accepté, comme un moindre mal, pour éviter la propagation du sida. Il paraît que le pape ne fait là que reconnaître une position déjà approuvée en son temps  par le cardinal Lustiger "on ne doit pas se conduire comme des assassins" a dit le cardinal Barbarin. S'il y a déjà longtemps que cette position, paraît-il plus raisonnable, est acceptée dans l'Eglise, pourquoi le Vatican tarde t'il tant à s'y rallier, et seulement du bout des lèvres?

Le Cantique des Cantiques montre que les relations sexuelles, même dans la Bible, peuvent aussi être d'abord lieu de bonheur et de plaisir, source de joie, et sans que la volonté explicite d'ouverture à la procréation soit seulement évoquée. J'ai écrit, "peuvent aussi", pour moins choquer, mais je pense, plus clairement, que les relations sexuelles sont d'abord lieu de plaisir et de découverte du partenaire. Les chrétiens, et ils ne sont pas seuls, pensent que ce plaisir si intense est lieu de constitution du bonheur, et qu'il trouve son épanouissement dans la fidélité à un seul partenaire et dans la fondation d'un couple. C'est leur vie, leur expérience vitale. Le couple chrétien s'ouvre au don de la vie, comme prolongation du bonheur et de la vie. Mais le chemin vers le choix d'un seul partenaire ne se fait pas toujours à la première rencontre. C'est même une grâce merveilleuse quand cela peut se produire.

Parfois, et même souvent, les aléas de la vie et des rencontres font progresser les personnes, et l'accès à la maturité des choix ne se fait que progressivement. Parfois, l'expérience et les coups reçus ou les blessures infligés conduisent à un épanouissement plus tardif que le conte de fée rêvé par certains. Les premiers échanges sont parfois, souvent pour certains, des échecs ou des étapes, dans une maturation lente. De même l'ouverture du couple à la procréation est elle-même fonction des contraintes de la vie : contraintes physiques ou psychologiques de l'un ou l'autre des deux partenaires. Contraintes économiques : logement, niveau de vie...

L'Eglise nous dit : pas de relations sexuelles hors du couple, pas de relations sexuelles dans un couple, sans ouverture à la procréation. Elle ne tient aucun compte des difficultés psychiques ou psychiques de l'un ou l'autres, des énormes contraintes économiques ou sociales. Cette position est complètement hors de la culture de notre temps, et sans doute proprement hypocrite. Le malheur est que le Vatican continue de promouvoir la position d'Humanae vitae. Alors on appelle les prêtres à interpréter avec grande bonté et humanité, le décalage béant entre cette loi inhumaine et la pratique des couples. Certains prêtres font ce travail avec grande écoute et bonté. Ils témoignent de l'Evangile. Il y a d'autres attitudes qui portent contre témoignage.

              Au delà ce cette accueil évangélique, il est temps que les chrétiens amènent leur Eglise à venir à une doctrine qui refuse l'hypocrisie et proclame l'Evangile dans la vie humaine, sexuée, en reliant correctement les contraintes et aléas de la culture et de la vie avec l'appel à la charité. Lors de la maîtrise de théologie, j'ai pu me rendre compte du temps qu'il a fallu à l'Eglise pour faire évoluer des positions qu'elle présentait comme dogmatiques alors qu'elles n'étaient que l'attachement à un stade culturel dépassé, du passé. L'exemple du prêt à intérêt est éclairant. Il est temps, il est urgent, de faire évoluer la doctrine de l'Eglise sur le sexe, les couples, les rapports entre êtres sexuées, la procréation, et l'appel de l'Evangile.

J'ai tenté de ne pas polémiquer, je n'ai pas donné d'exemples précis. Les prêtres qui animent ce site en connaissent tant, et les chrétiens de base qui aimons ce lieu de parole en vivent également beaucoup, chacun différent. Il y a une autre actualité pour nous parisiens. Le cardinal nous appelle à la mission à partir d'une réflexion sur la famille. Il y a évidemment beaucoup à dire pour annoncer l'Evangile à partir de la famille : mais là aussi avec réalisme et sans hypocrisie : dans ma famille, nous avons un couple reconstitué, des aventures douloureuses, expériences de vie et de maturité, une histoire faite de plaies et bosses et de retrouvailles. Par pitié, ne présentons pas la "famille chrétienne" pure et dure comme l'exemple sans faille. Nous sommes en marche comme nos contemporains, chercheurs de Dieu et de sa bonté, que nous tentons d'annoncer, à travers la longue route que nous faisons ensemble, guidés par l'Esprit, que souvent nous peinons à écouter.

Gilbert

 

 

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