Les Bouleversements culturels /Réaction d'internaute
L’évolution de la place de la femme
Depuis la naissance de l’humanité, l’homme se heurte à des événements appelés ‘butoirs de la pensée’. La différence entre une femme et un homme en est un et de taille. Les femmes mettent au monde des filles mais fait étonnant, elles donnent aussi naissance à des corps différents d’elles, à des garçons. Quant aux hommes, ils ne sont même pas capables de mettre au monde des corps semblables aux leurs
La façon d’appréhender le rapport masculin/féminin a étonnamment évolué au 20ème siècle. La maîtrise de la fécondité par la contraception, jointe au puissant désir des femmes, de participer davantage à l’activité sociale, économique et politique, a bouleversé les représentations des rôles masculin et féminin. Il s’en est suivi une transformation du modèle familial. Avec le primat donné à l’équilibre de vie et au plaisir sur la reproduction, la signification d’une réalité aussi constitutive que la sexualité a évolué elle aussi. Les repères traditionnels sont ‘chamboulés’. Il est important de se souvenir que cette évolution ne date pas du 20ème siècle. Les historiens ont montré que dans l’histoire de l’Eglise, la virginité a eu beaucoup de succès chez les femmes car en vivant cet état, elles s’émancipaient de l’esclavage du désir de l’homme. Les religieuses ont su creuser des chemins originaux pour manifester la charité. D’autres ont été reconnues comme docteurs de l’Eglise.
Au 21ème siècle, nous sommes entrés dans l’ère ‘post-féminisme’. Les femmes, plus individualistes que leur mère, revendiquent moins une égalité entre les sexes. Elles luttent davantage pour la reconnaissance de leur identité, de leurs capacités et de leurs choix personnels. Elles revendiquent leur liberté tout en affichant leur féminité. Elles sont plus douées pour les relations sociales, pour le langage, pour l’empathie, moins compétitives. Alors que les femmes prennent de plus en plus de responsabilités dans la société et dans les Eglises, elles ne veulent pas être les clones des hommes dans la vie professionnelle ou ecclésiale, elles veulent se démarquer de la façon de faire des hommes. Leur manière d’être au monde reste marquée par ce qu’elles sont profondément. Elles n’ont pas le même regard sur la vie, les mêmes ambitions tout en ayant conscience qu’une séparation familiale les met dans une situation de précarité et d’insécurité. Tout en ne mettant pas la maternité au centre de leur vie, elles apportent une autre façon de vivre le temps que les hommes. En faisant l’expérience de l’enfantement, la femme vit une autre dimension du temps : il faut quelques neuf mois pour mettre au monde une personne qui deviendra autonome. Couper le cordon ombilical en est un premier signe. Dans la Bible, la femme qui enfante est un symbole. A l’Annonciation, ce symbole prend une autre dimension : l’Esprit Saint a une présence féconde dans le cœur des hommes qui veulent vivre mais il lasse la femme enfanter la vie.
Cette façon de vivre le temps et de faire l’expérience de l’autre que l’on a mis au monde interroge la façon d’exercer le pouvoir comme domination des autres. « Quand l’immédiat dévore, l’esprit dérive. » (E. Morin)
Leur goût des relations sociales exige de savoir prendre du temps pour laisser parler la sagesse, élaborer les perspectives nouvelles dans la société alors que la rapidité est souvent la règle. Leur charisme pour l’empathie est une chance pour que la dimension sociale prenne le pas sur l’économique etc…
Introduire cette évolution culturelle dans l’Eglise.
En Afrique, les femmes jouent un rôle privilégié dans la vie de l’Eglise au moment où elles prennent dans la société civile, de plus en plus d’initiatives. Aux USA et en France, 80% de bénévoles dans les Eglises sont des femmes. Aussi, plusieurs questions sont posées :
Exerçant de plus en plus de responsabilités dans l’Eglise, est-ce que la façon d’être des femmes interroge la vie et la gouvernance de l’Eglise catholique ?
A-t-on déjà demandé aux hommes (clercs ou non) qui exercent une responsabilité pastorale dans l’Eglise en quoi les femmes interroge leur façon de voir, de concevoir leur responsabilité dans l’évangélisation ? Qu’en disent-ils ?
Les femmes ont-elles eu l’occasion d’exprimer ce que leur présence et leur charisme remettaient en cause dans la façon dont l’Eglise conçoit la pastorale dont le dernier mot revient aux clercs ?
Nous avons interrogé Monique, mère de famille, ancienne responsable diocésaine d’un mouvement apostolique, actuellement responsable d’une association qui a pour but d’accompagner les malades dans leur épreuve ultime :
« Les femmes et les filles accordent beaucoup de poids à l’échange. Il en va souvent de leur équilibre de vie et quand elles sont touchées par des événements importants, de la recherche de sens. Quand nous vivons un temps vrai et de confiance avec d’autres, dans la vie de tous les jours, nous avons la joie de croire que l’Esprit-Saint y est pour quelque chose.
Comme nous sommes vite mangées par la responsabilité d’Eglise qu’on nous demande de prendre, nous avons le sentiment que nous sommes utilisées par les clercs.
Quand nous sommes actives dans des associations qui ne dépendent pas de l’Eglise et que nous y exerçons des responsabilités animées par notre foi, nous faisons l’expérience douloureuse que cela n’intéresse pas les prêtres. Les homme ont-ils conscience que pour la plupart d’entre nous nous avons du mal à concilier noter engagement extérieurs et notre vie de mère et grand-mère de famille. Est-ce que les prêtres ne s’intéressent qu’à la vie de l’institution catholique ?
Les bénévoles non rémunérées sont souvent des femmes et on a du mal à les remplacer. Mais prend-t-on en compte que pour les jeunes générations que pour beaucoup de jeunes femmes, la dépendance financière est plus importante que les enfants et notre carrière ?
Nous voyons que nos petits enfants ne sont plus intéressés par l’Eglise. La parole de l’Eglise ne répond pas à leur attente qu’ils n’arrivent pas toujours à bien exprimer. Les prêtres en ont-ils conscience ? Quand nous exprimons cette souffrance de voir nos petits enfants s’éloigner de l’Eglise et des sacrements, nous avons le sentiment que nous ne sommes pas entendues. »
Nous avons aussi interrogé Alain, curé d’une paroisse parisienne et aumônier national d’un mouvement de jeunes : « Leur attention à la façon dont les personnes ressentent les évènements et reçoivent ce qui leur est dit ouvre parfois aux hommes (donc à nous, prêtres aussi) des perspectives qu’ils n’auraient pas soupçonnées. Cela peut modifier leur façon de vivre leurs responsabilités au travail tout autant que de se comporter avec leurs enfants. »
Incarner l’Evangile dans ce mouvement culturel.
Les femmes sont-elles plus sensibles à certaines attitudes et paroles de Jésus ? Qu’est-ce que cela révèle de l’Evangile ?
Les femmes ont-elles une spécificité dans l’annonce de l’Evangile ? De le traduire dans leur vie ? Dans la liturgie ?
Monique : « Jésus va à la rencontre de ceux qui ont peu de prix. Il est, à ceux dont on ne fait pas attention, aux exclus. Si nous voulons mettre nos pas dans ceux e Jésus, il nous faut quitter les rives de l’institution pour nous rendre solidaires de ces personnes. »
Alain : « Comment écouter et tenir compte de la sensibilité des filles jeunes devant les propositions d’activités ou de service que leur fait ici ou là l’Eglise ou bien de la place qui leur est attribuée dans les liturgies ? »
Ce qu’expriment Monique et Alain n’a pas la prétention de répondre aux questions qui leur ont été suggérées. N’hésitez pas à enrichir leur apport en nous faisant parvenir vos propres réactions.
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