Les Bouleversements culturels /Réaction d'internaute
Quand les animaux rendent les hommes plus humains !
Rencontre avec Caroline, passionnée de chevaux.
Cette photo reflète la complicité et l’affection qu’il existe entre Mistral et moi,
ainsi que la simplicité du bonheur qu’il est capable de m’apporter.
La plus belle preuve de confiance qu’un cheval peut vous donner
est lorsqu’il accepte de se coucher à vos côtés.
L’obtention de cet exercice m’a demandé beaucoup de patience
et doit être basé sur une relation solide.
Ce qui me rappelle une citation de Ray Hunt :
« Si vous apprenez quelque chose à un cheval et que vous avez une bonne relation avec lui, vous ne le forcez pas à apprendre- vous le laissez apprendre. »
Alors que nous étions invités avec des amis dans une famille de cultivateurs, leur fille Caroline, qui fait des études préparatoires pour les écoles supérieures de commerce, nous a invité à voir ce que son cheval est capable de réaliser : se coucher par terre, s’asseoir, la suivre et être monté en totale liberté… Tous, nous étions étonnés de voir Caroline, dominée par la taille et la masse de son cheval, capable de faire évoluer ‘Mistral’ ainsi sans crier ni le menacer de sa cravache comme au cirque.
Intrigué par la complicité de Caroline avec ‘Mistral, j’ai souhaité la rencontrer pour qu’elle nous partage son expérience avec les animaux. Alors que nous sommes continuellement alertés par les dangers écologiques et que les responsables de la cité nous demandent mille efforts pour ne pas laisser en héritage aux futures générations une terre irrespirable, le rapport à la nature et aux animaux de Caroline m’a intrigué. Aussi, elle a accepté de répondre à nos questions.
- Quel rapport as-tu avec ton cheval ?
- C’est à l’âge de 8 ans qu’est née en moi la passion pour les chevaux. Maintenant, quand j’ai un peu de temps, je vais parler à Mistral, le caresser, le brosser, le travailler… J’ai un rapport affectueux avec lui. Je le trouve courageux, joueur, taquin. Il est un peu gamin. Je dis cela car il ne triche pas, il n’est pas vicieux et il est généreux dans le travail.
-Tu le séduis pour arriver à ton but ?
- Si je prenais cette voie, je crois que je ne respecterais pas. J’aboutis à ce vous avez vu faire par mon cheval par l’affection mais surtout grâce à un travail que je fais sur moi-même. J’apprends à être patiente, c’est-à-dire que je ne dois pas chercher à avoir un résultat tout de suite. Je dois me mettre à son rythme et non au mien.
- Pourtant, en te regardant l’autre jour, j’avais l’impression que tu arrivais à dominer ton cheval.
- Je n’emploierai pas ce terme pour définir mon rapport avec lui. C’est vrai que je le commande mais je reste respectueuse, très attentive à son état. J’ajouterai que c’est réciproque. Je le respecte et quand je sens qu’il a du mal à se concentrer, je le laisse se défouler quand il a envie de courir, de brouter de l’herbe… avant de reprendre le travail. Cela me permet d’avoir une meilleure connexion avec lui. J’ajouterai ceci car cela me paraît très important : Mistral me respecte.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Je vais prendre simplement un exemple : maintenant, il ne me bouscule plus, garde ses distances avec moi. Il a appris à avoir son propre espace et à respecter le mien. Il y a à la maison deux chiens que j’aime bien. Mais avec Mistral, c’est différent : il est plus grand que moi. Il me domine par la taille. Je trouve qu’il me valorise quand j’obtiens quelque chose de lui.
- Nous arrivons à la fin de notre entretien : Après cet échange, qu’as-tu envie d’ajouter ?
- Entre les animaux et nous, il y a quelque chose de mystérieux qui se passe. Mistral ne parle pas mais je le comprends et j’ai l’impression qu’il me comprend. C’est cela qui rend notre relation unique.
La vision qu’ont les hommes des animaux évolue constamment. Certains philosophes comme Descartes, réduisaient les animaux à des ‘choses’. Ensuite, on a interdit les gestes violents vis-à-vis des animaux car ils risquaient d’inciter les hommes à être de plus en plus violents. On a fini par vouloir éradiquer les souffrances inutiles faites aux animaux. Aujourd’hui, nous risquons de franchir une autre étape qui passe par la vision que nous avons du corps humain qui n’est pas sans lien avec la vision que nous avons du corps animal. La philosophe Sylviane Agacinski écrit dans Le Corps en miettes à propos des mères porteuses : La seule question pertinente « est de savoir si la loi doit préserver la dignité du corps humain charnel, ou bien lui attribuer une valeur d’usage et une valeur d’échange. » (p 15) Sa réflexion résume bien notre culture actuelle.
Créer des liens qui respectent et valorisent l’être est devenu un art.
Merci à Caroline de nous l’avoir démontré.
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