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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

 

Winter sleep
Réalisateur : Nuri Bilge
Sortie : 6 août 2014
Palme d’or au Festival de Cannes 2014


Winter sleep

       Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel, dénommé Otello, en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements.

      Nuri Bilge Ceylan est né à Istanbul le 26 janvier 1959. Après des études d’ingénieur chimiste et électricien, et son service militaire, il étudie le cinéma à l’Université Mimar Sinan, tout en devenant photographe professionnel pour gagner sa vie.

Fin 1993, il commence à tourner son premier court métrage, Koza. Le film devient le premier court-métrage turc projeté au Festival de Cannes. En 2003, son film ‘’Uzak’’ remporte le Grand Prix et le Prix d’interprétation masculine, faisant de lui un réalisateur reconnu au niveau international puisque ce film gagna quarante sept récompenses, dont vingt trois internationales. En 2011, son film ‘’Il était une fois en Anatolie’’ gagne à nouveau le Grand Prix. En 2014, son septième long-métrage ‘’Winter Sleep’’ remporte la Palme d’Or et le prix Fipresci de la presse internationale.

         Attelé à son ordinateur, dans le refuge de son bureau rempli de livres, Aydin, comédien retraité, essaie d’écrire une histoire du théâtre turc, tout en rédigeant les éditoriaux d’un journal local, Vent des steppes, dans lesquels il livre ses opinions sur les situations du moment.

       Il vit dans ce bel hôtel troglodyte de Cappadoce, avec sa jeune et belle épouse Nihal et sa sœur Necla. Les paysages sont fabuleux, les clients se font rares, la vie semble douce pour ces bourgeois cultivés. Cette tranquillité, engourdie par l’arrivée de l’hiver, va être perturbée par un incident qui déclenche l’action du film : un gosse du village jette une pierre sur la voiture d’Aydin. On apprendra qu’il voulait venger son père, locataire d’une maison appartenant à Aydin et victime d’une saisie d’huissier pour cause de loyers impayés. Cet événement fait apparaître une sourde lutte de classes qui déstabilise l’hôtelier comédien, démocrate éclairé, et le renvoie brutalement à sa situation de propriétaire exploiteur. De fait, il ne s’occupe pas lui-même de ses biens, mais il en a confié la gestion à son homme de main.

        Ce conflit se répercute sur les trois habitants de l’hôtel, qui vont s’opposer sans concession, dans un huis clos qui forme l’armature de Winter Sleep. Ce sont les âmes que Ceylan fouille, avec une lucidité qui pourrait passer pour du sadisme, si son regard n’était constamment éclairé par la bienveillance. Ce que l’on cache, ce que l’on tait, ce que l’on sait des autres sans vouloir le dire, il révélé là peu à peu ; notamment lors de deux grands moments d’affrontements de Aydin avec sa sœur, puis avec sa femme.

         En fait, la majeure partie du film est occupée par de longues séquences dialoguées, d’une intensité extrême, au risque, il est vrai,  d’épuiser le spectateur lui-même. Quelque chose vibre en deçà des mots qu’il faut du temps pour comprendre. Les dialogues sont de haute volée, à la fois intimistes, politiques et philosophiques. Les acteurs impressionnent par leur souffle et leur profondeur, donnant à ces échanges l’intensité de véritables scènes d’action.

        L’épilogue incertain ouvre pourtant un espoir qui se traduit dans le jeu des regards entre Aydin, dans la cour enneigée, et Nihal, derrière sa fenêtre à l’étage.

      L’ensemble est passionnant, d’une finesse sociale et psychologique qui force l’admiration. Le personnage de cet homme cultivé et fortuné, qui fuit les réalités sociales de son pays et qui louvoie entre ses prétentions intellectuelles et ses préceptes religieux, nous touche. La montée de m’émotion dans cette fresque intime de plus de trois heures témoigne d’une grande maîtrise de la mise en scène, du cadrage  et de la lumière. Ce film est éclairé avec soin par un cinéaste venu de la photographie, très attentif à la composition et grand connaisseur de la peinture. La 20° sonate pour piano de Schubert soutient ces scènes  d’affrontement en leur apportant une note de douceur déchirante.

       Un très beau film, âpre et plein d’humanité, qui déroule son récit entre règlements de comptes et paysages somptueux. On l’emporte avec soi et on y repense longtemps. 

Jean-Claude D’Arcier - 15 septemre 2014

 

 


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