Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma
François Truffaut, l’homme qui aimait les films
Le dernier métro
Réalisateur : François Truffaut
Sortie : 1973
En 1942, dans le milieu théâtral parisien, Marion Steiner, comédienne a repris la direction du théâtre Montmartre que son mari, Juif allemand, a dû abandonner. Alors que les Allemands occupent la moitié de la France, Marion Steiner ne pense qu'aux répétitions de la pièce qu'elle doit monter au théâtre Montmartre dont elle assure la direction depuis que son mari, Lucas, juif allemand, s'est enfui de Paris. En réalité, Lucas s'est réfugié dans les sous-sols du bâtiment. Chaque soir, Marion vient lui rendre visite et commente avec lui le travail des comédiens et notamment celui du nouveau jeune premier de la troupe, Bernard Granger. Ami de toujours, Jean-Loup Cottins, qui a ses entrées chez les Allemands, assure la mise en scène. La concierge, Germaine, et le débrouillard régisseur, Raymond, font aussi l'objet des conversations. Surveillée sans relâche par un critique pro-nazi du nom de Daxiat, Marion doit d'autant plus jouer la prudence, que Bernard, membre d'un réseau de résistance poursuit activement la lutte contre l'ennemi tandis que Raymond, pour rendre service, se livre, lui, sans vergogne au marché noir. Après la Générale, et le succès de la pièce, excédé par le "papier" provocateur de Daxiat, Bernard est à l'origine d'un scandale qui l'incite à choisir ouvertement son camp. Il abandonne alors le théâtre mais sauve la vie de Lucas et avoue son amour à Marion avant de partir. C'est au théâtre et sur scène, en compagnie de Marion et de Lucas qu'il se retrouve néanmoins à la fin de la guerre.
Film riche et accompli, Le Dernier Métro multiplie les niveaux de lecture et aborde de nombreux thèmes : l'Occupation allemande, les bouleversements et les attitudes qu'elle entraîne, les résonances entre la vie réelle et la fiction théâtrale. L'homosexualité, masculine et féminine, est abordée avec tolérance. Truffaut reste fidèle à ses thèmes de prédilection dans l'idée d'interchangeabilité des masques en société et en scène, télescopée avec le hasard, la séduction, la galanterie, le mensonge, la vérité et le sentiment amoureux. Le triangle central, une femme et deux hommes est préservé grâce à la ruse, la duplicité et surtout la passion de l'art et de la création qui absorbe les existences entières du microcosme d'individus mis en scène.
Jean-Claude D’Arcier - Novembre 2014
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