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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

The Assassin
Réalisateur : Hsiao-Hsien Hou
Sortie : 9 mars 2016

 

 

Affiche du film - The Assassin

      Sept ans après "Le Voyage du ballon rouge", son film "français", le maître taïwanais revient au cinéma avec "The Assassin", un film contemplatif et mélancolique qui atteint une grande perfection formelle. Dès l'introduction, en noir et blanc, Hou Hsiao Hsien redéfinit son style. Un beau travail sur le cadre - la photographie de Mark Lee Ping Bing est un hommage à la peinture chinoise -, un écoulement du temps qui fait de chaque scène un formidable tableau vivant et, dans tout cela, le cinéaste qui cherche le mouvement de caméra parfait pour exprimer les sentiments.

Auréolé du Prix de la mise en scène à Cannes en 2015, The Assassin, dont la sortie a été maintes fois reportée, montre le grand retour de Hou Hsiao-Hsien  (Poussières dans le vent, La Cité des douleurs, Millenium Mambo). Le romantisme du cinéaste taïwanais s’exprime à nouveau dans ce film de sabre chinois.

Figure de proue de la nouvelle vague taïwanaise et chantre de la jeunesse égarée, Hou Hsiao-Hsien a orienté son cinéma vers le genre de ‘’chevalier errant’’, très apprécié par la culture chinoise. Un certain mystère entourait The Assassin : allait-on la poésie des sens de Millénium Mambo (2001) ? Il a finalement opté pour une alternance entre un récit intime et une fresque historique. Son regard sur le passé n’est pas figé par les besoins de la reconstitution. La Chine médiévale est abordée comme un univers plein d’énigmes qu’il s’agit de capter ; un ensemble de surfaces flottantes et transparentes, avec les étoffes, les rideaux, les robes, la lumière des bougies et les vapeurs d’encens. Il y a un art de l’envoutement qui attire et mobilise la mise en scène.

"The Assassin" est une œuvre qui montre la suprématie de la mise en scène sur le récit, dans la mesure où celle-ci ne se contente pas de l’illustrer, mais lui apporte au contraire contraste, distance, complexité et nuances.

‘’Le film est historiquement plus réaliste que le bref récit de Pei Xing dont il est inspiré, explique Hou Hsiao-Hsien. Mais à la limite, on n’a pas besoin de connaître cette réalité historique. » On s’attarde plutôt sur les rapports entre les personnages. L’héroïne Yinniang (interprétée par la comédienne Shu Qi) se reconnaît parce qu’elle est toute de noir vêtue. Son nom signifie « la femme secrète et embusquée ». Elle a été enlevée à ses parents dans son enfance par une tante éloignée, la princesse-nonne Jiaxin, que l’on distingue à sa tenue blanche. Cette dernière l’a élevée pour en faire une tueuse redoutable. Sauf quand elle « se laisse attendrir », comme le lui reproche sa maîtresse.

Yinniang a pour mission d’assassiner son cousin, gouverneur d’une province qui refuse l’autorité impériale (incarné par Chang Chen, star de Tigre et Dragon ou des films de Wong Kar-wai). « L’intrigue tourne autour de ces deux femmes », confirme maître Hou : la nonne, chargée de remettre de l’ordre dans l’Empire, et son élève qui, avant de devenir adulte et mariée à un polisseur de miroir, avait été promise à ce cousin qu’elle continue d’aimer secrètement. « Ta technique est irréprochable, mais ton âme reste prisonnière de tes sentiments », lui reprochera encore la nonne à la fin du film.

Interrogé par un critique de l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai, le cinéaste Hou Hsiao-Hsien déclarait : ‘’Je suis toujours du côté des femmes. Leur monde, leur psyché, me paraissent nettement plus intéressantes que ceux des hommes. Les femmes ont une sensibilité et une complexité mentale, un rapport au réel qui me semble plus intriguant. Disons que les femmes ont des sentiments sophistiqués et très excitants alors que les hommes ont des idées raisonnables plutôt ennuyeuses. De plus, d’un personnage de femme à l’autre, la complexité varie. L’épouse du gouverneur est prête à tout pour maintenir les intérêts de son clan. Yinniang, la femme assassin, est au contraire partagée entre son devoir, obéir aux ordres sans état d’âme, et son impossibilité fondamentale de taire ses sentiments amoureux pour l’homme qu’elle doit assassiner. Indépendance, détermination, solitude : ce sont, je crois, les trois caractéristiques de mes personnages de femmes’’.

Le critique Stéphane Leblanc écrit dans 20 Minutes : ‘’L’Histoire de Nié Yinniang qui donne aujourd’hui The Assassin, se trame sur un fonds de luttes de pouvoir inspirées de la réalité historique, comme dans Henri VI ou Richard III, et possède un zeste de mysticisme et de magie noire, comme dans Hamlet ou Macbeth ’’. « Je suis parfaitement d’accord avec ce parallèle, souligne maître Hou. Tant mieux s’il peut aider le public occidental à s’imprégner du film. »

The Assassin  est esthétiquement sublime, mais avare d’explications. C’est un film qui se mérite, comme on dit. Et c’est plus facile de l’apprécier quand on a quelques clés pour le comprendre…

 

 

Claude D’Arcier - Mai 2016

 

 


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