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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

La frêto de Quinconces
Réalisateur : Grégoire Leprince-Ringuet
Sortie : juin 2016

 

La famille est un jardin secret bien gardé : qu’il est difficile de communiquer avec les siens

Affiche du film : La forêt de Quinconces

      Sofia, végétarienne de 35 ans, a deux enfants. Depuis un certain temps, sa vie à Valdivia est chamboulée. En quête de tranquillité après sa récente séparation, elle jette son portable dans le fleuve Calle et ne regarde plus la télévision. Elle a aussi décidé de se priver d'Internet et de lecture pendant un an. C'est alors que son père décide de quitter sa mère après plus de trente ans de mariage. Sa grande sœur Ana, toujours aussi désagréable, revient vivre au Chili et ses enfants deviennent obsédés par l’idée de manger de la viande. Sans le vouloir, Sofia découvre un secret gênant sur son père. Elle le soupçonne bientôt d'avoir caché son homosexualité pendant des années...

       Cristian Jimenez explique que ‘’la notion de off est une manière de révéler la différence entre la vie qui s’écoule et l’expérience personnelle des gens, la manière dont la parole, le dialogue et la réalité des choses, semblent parfois ne pas être connectés…’’

      A Valdivia, la ville chilienne où il est né, le réalisateur a mis en scène cette tragi-comédie familiale. On fait la connaissance de Sofia, récemment divorcée, de son père, qui a bien l'intention de l'imiter, de sa mère et sa grand-mère... Sans oublier la soeur de Sofia, Ana, son petit ami français et leur bébé, qui reviennent vivre dans la ville où elle va prendre un poste d’enseignante. En observant tendrement tout ce petit monde, le film assure une atmosphère animée et chaleureuse, traversée par des crises qui, au fond, ne parlent que d'affection et de tentatives de compréhension. Avec cette chronique du retour d’une sœur exilée en France, le réalisateur Cristian Jiménez signe une comédie, ironique et sans faux-fuyants, sur la difficulté à communiquer avec les siens.

Le film commence par un accouchement filmé au plus près, spectacle que le père ne supporte pas, ce qui ne manquera pas de lui être reproché. Des reproches, il en essuiera beaucoup d’autres, lorsque, après avoir quitté la mère de ses deux filles, seront révélés des comportements troublants, jusque-là inconnus des siens. A plusieurs reprises, Manuel a été accusé de harcèlement sexuel et sa carrière professionnelle en a été  gravement affectée. Malgré l’éloignement géographique, les deux sœurs sont restées en lien. Même si Sofia s’est mise en « off » en réalisant un « vœu de déconnexion pour se purifier », elle fait appel à sa fille pour utiliser le téléphone et Skype afin de contourner l’interdit qu’elle s’est imposé à elle-même. Avec Voix off, le cinéaste renoue avec l’esprit de son premier long métrage Illusiones opticas (2009), choisissant le son de la voix et en plaçant au centre la question de l’incommunicabilité entre les membres d’une même famille. Le film suit un double mouvement : on attend la recomposition de la famille avec le retour d’Ana mais celle-ci est compromise par le départ inattendu du père, dont les deux filles tentent de comprendre la raison. Une tonalité nostalgique affleure, liée au fait que Cristian Jiménez filme sa ville et même le quartier où il a grandi. On retrouve la fantaisie un peu cruelle de son univers. Le père quitte la mère en expliquant à Sofia, tout juste divorcée, qu’il a suivi son exemple. Celle-ci arrive à s’entendre avec le père de ses enfants pour alterner leur garde ; mais c’est la garde du chien qui pose problème entre eux, tandis que leur fille communique avec sa grand-mère par internet. Au milieu de ce drame social, leur dialogue sur la toile donne lieu à quelques scènes émouvantes.

Si les scènes réunissant et opposant les quatre générations concernées sont bien dessinées et filmées avec habileté, Voix off souffre peut-être d’un manque de tension dramatique pour soutenir l’attention. Les deux sœurs, superbement interprétées, sont comme ‘’le noyau dur’’ du film ; pas si dur, cependant, au vu des doutes et des hésitations qui marquent la vie de chacun des personnages. Mais leurs relations, complexes, rendent Voix off très humain et très attachant, même si l’enchaînement des séquences ne manque pas souvent de déconcerter.

Cristián Jiménez, dont les précédents films (Illusiones opticas en 2009 et Bonsái en 2011) ont déjà été remarqués, s’en remet essentiellement aux dialogues et aux acteurs, tous excellents, pour composer le tableau d’une famille menacée d’éclatement. Oui, la famille est un jardin secret bien gardé. Heureusement !

Claude D’Arcier - Août 2016

 

 


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