L'Inculturation

 

 

 

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L'inculturation / Réaction d'internaute

 

Inculturation : un témoignage

         

 

L’inculturation, est,
selon la définition de Jean-Paul II

 

« l’incarnation de l’évangile dans les cultures autonomes,
et en même temps,
 l’introduction de ces cultures dans la vie de l’Eglise. »

 

Quand nous parlons d’inculturation, nous ne parlons pas d’abord d’une méthode, d’une pédagogie mais d’une aventure personnelle faite de création, d’innovation, d’audace d’une grande densité spirituelle. J’en ai été témoin dans un atelier réunissant des chefs d’entreprise autour du thème ‘créer’. Je reprends simplement ce qui avait été partagé.

° Il n’y a pas de vie humaine possible sans une « foi » : sans une confiance en « quelque chose » dans quoi je me risque sans le maîtriser totalement et sans savoir où cela va me conduire. « Je ne savais pas dans quoi je mettais les pieds ! » C’est la condition humaine même, c’est à la portée de tous, ce n’est pas un héroïsme réservé à quelques « grands quelqu’uns ».

° Ce qui a été partagé dans cet atelier me semble animé de l’intérieur, sous une forme ou sous une autre, par une confiance/foi en la vie qui est déjà de nature spirituelle, et qui est partie intégrante de notre foi au Dieu de Jésus-Christ. Notre foi n’est pas une référence extérieure qui donnerait des principes à appliquer, comme on le dit parfois.

 

Qu’est-ce qui me le fait dire ?

° Je voudrais évoquer la figure d’Abraham, le « père des croyants » pour les Juifs, les chrétiens et les musulmans. Non pas un grand de la terre, mais un homme ordinaire, comme vous et moi : un  simple chef de clan.

Du temps de son père, le clan avait commencé une grande migration pour trouver une vie meilleure, mais on s’était arrêté à mi-chemin ; comme nous le faisons parfois : à quoi bon ?... Quand Dieu appelle Abraham à « partir », il ne lui dit où aller : de lui-même, Abraham reprend le chemin commencé du temps de son père, puis il verra. C’est une authentique aventure.

Quelle est la première foi que Dieu demande à Abraham ? Ce n’est pas une foi à contenu religieux ; c’est une foi en la vie, dans ce monde dur et dangereux où l’on aimerait bien vivre mieux, mais où il est si difficile d’espérer, de durer, de persévérer : « Comment peux-tu y croire comme ça et te lancer dans le vide ?  _ Je ne sais pas trop. Ca a été une confiance en l’avenir ». L’appel de Dieu fait repartir l’espérance humaine d’Abraham : « Pars… Quitte… pour le pays que je te ferai voir. »

Au fur et à mesure, Abraham fera face aux circonstances avec ce qu’il est :

  • un homme généreux : nous sommes trop nombreux, choisis le pays que tu préfères et je prendrai l’autre… Évidemment, son neveu Loth choisit le pays le plus prospère !
  • un homme rusé : nous devons nous réfugier en Égypte à cause de la sècheresse, dis que tu es ma sœur et non que tu es ma femme, sinon on me fera la peau pour t’avoir, alors que, là, on me couvrira d’honneurs !
  • un homme d’une culture : j’aurai un enfant avec ma servante puisque ma femme ne peut pas en avoir… ici, il y a des sacrifices humains, il faut certainement que je lui sacrifie mon fils pour montrer à Dieu que je lui dois tout…

Abraham ne marche pas dur une route toute tracée d’avance. Il crée sa route, animé d’une confiance en la vie, dont une confiance en lui-même. C’est une aventure. « Ma foi me donne une confiance en l’avenir ».

 

Dans l’Évangile, j’évoquerai simplement la parabole des talents : ce qui est reproché à celui qui n’avait reçu qu’un seul talent, c’est de l’avoir enterré et de n’avoir pris aucun risque pour le faire fructifier, c’est de ne pas avoir osé. La 1ère foi que Dieu attend de l’homme, c’est cette confiance ne la vie, qui n’est pas un cadeau empoisonné, en dépit des apparences parfois, mais un cadeau de Dieu.

J’évoquerai encore Jésus qui, même quand il comprend que les choses vont mal tourner pour lui, et jusque sur sa croix, ne rejette ni les hommes (même ses amis si lâches, même ses ennemis, même les foules manipulées), ni son Père. En Jésus, Dieu est impliqué dans l’histoire des hommes ; pour lui, notre histoire n’est pas vaine, même quand elle est ambiguë, même quand elle est tragique et qu’elle semble échouer. On trouve chez lui une confiance indéfectible, quoi qu’il arrive, en la vie et en l’homme. Nous le disons dans chaque eucharistie : ce pain « fruit de le terre et du travail des hommes » [pas du travail des saints, mais de celui des hommes, tous, tels qu’ils sont !], qu’il devienne corps et sang du Christ…

D’ailleurs, Jésus commence son ministère non pas au Temple de Jérusalem, lieu symbolique pas excellence de la présence de Dieu, mais auprès de Jean-Baptiste : là où des hommes sont en recherche (cf. « Que devons-nous faire ? ») et à l’écoute. Pour lui, c’est un lieu de Dieu plus fondamental que le Temple.

 

A partir de là, je voudrais allumer 3 clignotants.

1. Cette confiance/foi fondamentale n’est pas d’abord un devoir ni une exigence, mais un cadeau. Et cela de deux manières :

  • Ce qui nous anime : il y a un goût de vivre extraordinaire dans l’humanité, à chaque génération, en chaque être humain, en nous. Nous sommes « habités » d’un goût de vivre.
  • Ce goût de vivre est suscité, réveillé par des appels à travers des rencontres, des événements, un entourage… Nos pouvons les lire à juste titre, avec Abraham et Jésus, comme des appels de Dieu, dans la mesure où ils viennent susciter, réveiller notre goût de vivre… quelquefois au creux de l’échec, du doute (cf. « Tu pars ! »).

2. Tout au long de cette route avec Abraham, avec Jésus, nous découvrons le vrai visage de Dieu ; ou plutôt, ce visage se dévoile à nous. Dieu compagnon de route en Jésus-Christ (cf. Emmaüs), y compris dans nos désespérances, quand nous « marchons vers le couchant ». Dieu qui n’est pas un bienfaiteur, qui ne nous donne pas du « tout cuit », mais qui nous suscite et nous fait confiance. Dieu qui n’a pas de plan préétabli, mais qui est créateur : avec notre propre créativité.

3. L’importance de la prière, de la lecture de la Bible, des évangiles… Elles ne font pas changer Dieu, mais elles nous mettent au diapason de Dieu (Thomas d’Aquin) : ce sont les deux facettes de la même chose. Elles nous rendent enfants de Dieu et nous rendent frères des hommes : ce sont les deux facettes de la même chose. « Dire le ‘Notre Père’, c’est terriblement rassemblant ! »

 

En conclusion :

  • Nous n’appliquons pas la pensée sociale de l’Église. Le rapport est inverse : elle vient éclairer notre expérience.
  • Nous ne mettons pas Dieu dans notre action, dans notre entreprise: il y est déjà, dans toute l’audace, la confiance/foi, la créativité qui se vit.
  • La parole créatrice de Dieu Créateur ne fait pas de nous des exécutants d’un projet qui ne nous appartiendrait pas : elle engage aussi notre responsabilité et notre propre créativité.

               

Jacques Teissier


 

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Illustration de © Grégoire Dehem