Visionnaire de l'invisible
La littérature
'Ce que les hommes disent aux dieux'
A. Abécassis, M. Angot, M. Chebel, P. Cornu, J. Perrier
Editions du Seuil - 2007
Les hommes parlent différemment aux dieux
A. Abécassis, M. Angot, Malek Chebel, P. Cornu, J. Perrier présentent « Ce que les hommes disent aux dieux » (Editions du Seuil 2007). Leur tâche peut paraître bien délicate car qui peut s’introduire dans l’âme du croyant s’ouvrant à son Dieu ? La prière n’est qu’un ‘fragment de religion’. Aussi, pour comprendre la démarche spirituelle des cinq grandes religions, les auteurs présentent le sens que donne chacune de ces religions à la prière. Le lecteur peut alors découvrir des centaines de prières des cinq grandes religions.
Pour les juifs, la prière est une supplication, une attente, une louange. Mais elle est aussi un retour sur soi, une reprise de conscience de sa façon d’être juste, c’est-à-dire être ajusté à Dieu, aux autres, à soi-même et à la nature. La prière est une prise de conscience de soi comme être créé qui a reçu la vie. Elle prépare à affronter les redoutables questions : « Q’en ferais-je ? Qu’est ce que j’en fait ? Qu’en ai-je fait ? » Pour le juif, la prière est non seulement une attitude spirituelle mais elle se vit à travers des gestes, des attitudes, des cris, des pleurs et des jeûnes.
Jésus a appris à ses disciples à s’adresser Dieu comme un Père. La prière chrétienne commence lorsque le priant parle à Dieu à la deuxième personne : ‘Toi, mon Père.’ La prière est une relation. Elle est dialogue avec Dieu. La prière est de se laisser aimer jusqu’au pardon et est aussi un regard d’amour vers le Père. Le chrétien est devant son Père comme un enfant plein de remerciements, de désirs et de demandes confiantes. La prière des chrétiens est aussi communautaire. Dans le mystère de l’Eucharistie où Jésus est présent, l’Esprit Saint crée une profonde communion entre chrétiens les faisant frères et sœurs de tous les hommes. Avec Jésus, par lui et en lui, la vie des chrétiens devient une offrande agréable au Père.
La prière musulmane est vécue comme une marche d’accès pour se mettre au diapason de la parole de Dieu, une manifestation d’une soumission fervente à Dieu. L’appel à la prière clamée en haut des minarets constitue l’identité visuelle de l’islam. Les musulmans expriment alors cette soumission en se tournant vers la Mecque en se prosternant sur un tapis de prière. Le musulman doit vénérer Allah cinq fois par jour. Le pratiquant exprime sa bonne intention par une purification. La prière est pour le musulman comme une poutre qui tient sa vie debout, le corps et l’esprit purifiés. Elle rassemble les fidèles et les met en mouvement vers Dieu.
L’hindouisme n’est pas une institution religieuse et ne possède pas de livres sacrés comme la Bible et le Coran. Aussi, il n’y a pas de prière commune à tout l’hindouisme. La prière dépend de la secte à laquelle l’hindouiste appartient, du temple dans lequel il prie. La prière hindouiste est un moyen d’entrer en communion aux sphères supérieures. Elle permet d’élever son âme vers les sphères divines. Elle permet même dans l’hindouisme tantrique de s’identifier à Dieu.
Le bouddhisme n’est pas une religion au sens ou les occidentaux l’entendent. Il est essentiellement un cheminement spirituel de délivrance. Le pratiquant parcourt ce cheminement pour se libérer de ses souffrances. Ce parcours est un véritable combat intérieur accompagné de bénédictions, d’invocations… Ces cheminements spirituels sont vécus bien différemment selon que l’on est influencé par le bouddhisme sino-japonais, indo - tibétain, tantrique ou traditionnel.
R.P.
Illustration de © Robert de Quentin