Recherche dans le site

 

 

 

 

 

Accéder à la liste par AUTEUR

 

Accéder à la liste par TITRE

 

Accéder à la liste par THÈME

 

La page des livres non encore listés

 

L'ouvrage précédent :
Dans l'empire romain, la christianisme a séduit

L'ouvrage suivant :
Le disciple de Jésus et l'évolution du monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Visionnaire de l'invisible
La littérature

‘‘Un rabbin parle avec Jésus’
Jacob Neusner
(Cerf 2008)

 

 

Un juif invite les chrétiens à approfondir leur foi

 

 

 La Torah qui répond à la question que beaucoup se posent : ‘Qu’est-ce que Dieu attend de moi ?’ a été donnée à Moïse sur le Sinaï pour purifier le cœur humain. Jésus, maître juif, enseignant comme maître de la Torah. a-t-il contredit la Torah ? Jacob Neusner, appartenant au judaïsme réformé, dont les études sur le judaïsme ancien font référence, aborde cette question dans ‘Un rabbin parle avec Jésus’ paru aux éditions du Cerf en 2008. Il a écrit ce livre pour tenter de faire un peu la lumière sur les raisons qui opposent les chrétiens aux juifs. Pour ce faire, il a choisi l’évangile Matthieu car Jésus y est présenté comme un israélite qui est chez lui en Israël.

Jacob Neusner rappelle une donnée essentielle de la foi juive : Dieu attend que le croyant discute avec Lui comme Abraham, Moïse, Job et bien d’autres surent si bien le faire. Discuter avec Dieu c’est « l’offrande de l’intelligence sur l’autel de la Torah. » (p. 41) Discuter étant une attitude de respect, l’auteur n’hésite pas à discuter avec Jésus tel qu’il est présenté dans l’évangile de Matthieu.

L’évangéliste rapporte que Jésus n’est pas venu pour abolir la Torah mais pour l’accomplir. Les maîtres de la Torah n’ont pas pour vocation de répéter la Torah mais l’expliquer et l’enrichir. Aussi, Jacob Neusner se pose la question: Jésus apporte-t-il vraiment quelque chose de nouveau et qui appartient à la Torah ? Est-ce qu’il la renouvelle ? Son enseignement met-il à nu le centre et le cœur de la Torah ?

Les juifs et les chrétiens ont en commun de croire que nous sommes créés à l’image de Dieu mais les juifs n’admettent pas l’idée d’un Dieu incarné uniquement dans un seul homme.

Les juifs mettent la priorité sur la prière en communauté alors que  Jésus conseille à ses disciples de se retirer dans le secret de sa chambre pour prier.

Les juifs notent aussi l’absence dans l’enseignement de Jésus de la communauté et de la famille « Dans l’ordre naturel, viennent d’abord la famille, puis le village, et après seulement la personne individuelle trouve sa place dans le schéma de la réalité. » (p.77) Un juif ne peut que sursauter quand il lit que Jésus annonce qu’il est venu opposer l’homme à son père, la fille à se mère… L’enseignement de Jésus provoque la désintégration de la famille, la désintégration d’Israël qui est une famille. Suivre Jésus est donc, pour Jacob Neusner violer la Torah.

L’auteur avance d’autres arguments. Il rappelle le devoir des juifs : « C’est un devoir religieux de résister à celui qui fait le mal, de lutter pour le bien, d’aimer Dieu et de se battre contre ceux qui se font les ennemis de Dieu «  (p. 63) alors que Jésus enseigne de ne pas tenir tête à un méchant, d’aimer ses ennemis et de prier pour ses persécuteurs…

Il entend Jésus répondre au jeune qui veut obtenir la vie éternelle. « Que faire pour devenir celui que Dieu attend que je devienne ?  Comment ressembler à Dieu ? » La Torah et Jésus répondent au jeune : « Observe les dix commandements, c'est-à-dire imite Dieu, compatissant et miséricordieux. Ce sera pour toi une façon spéciale d’être humain. » Alors que la Torah s’adresse à un peuple en disant ‘vous’, Jésus lui répond en disant ‘Tu’. « La Torah parle toujours à la communauté et s’intéresse à la formation d’un ordre social digne de Dieu, qui a fait naître Israël. » (p.130) En disant au jeune : « Suis-moi ! » Jésus ne donne à la Torah qu’une dimension individuelle et remplace la Torah par lui-même. Il y a une vraie différence entre « Vous serez saints car moi, votre Dieu je suis saint » et les paroles de Jésus « Si tu veux être parfait, vends ce que tu as et suis- moi. »

Dans Matthieu 12, 1-8, l’évangéliste rapporte que Jésus vint à passer un jour de Sabbat à travers les moissons. Ses disciples qui avaient faim se mirent à arracher des épis les mangèrent. Aux Pharisiens  qui lui reprochent l’attitude de ses disciples, Jésus leur rappelle que David et ses compagnons, alors qu’ils avaient faim, mangèrent les pains d’oblation. Et Jésus ajouté : « Il y a ici plus grand que le Temple… Le Fils de l’homme est maître du Sabbat. » Jacob Neusner décrit ce que représente le Sabbat pour les juifs. C’est le jour où la communauté juive apprécie la création. En respectant ce jour, peuple élu témoigne de l’éternité.  C’est pour la communauté juive une façon d’imiter Dieu, d’être semblable à Dieu, de faire le délice de Dieu et de se rappeler qu’ils ne sont plus esclaves. « La célébration du sabbat définit ce qui fait qu’Israël est Israël. » (p.103) Le sabbat fait de la famille juive une famille sainte, ce qui réjouit Dieu. Jésus, en répondant aux pharisiens dit que le lieu sacré du peuple juif n’est plus le Temple mais il est formé par le cercle du maître et de ses disciples.  Et que Jésus, en prétendant détenir l’autorité,  prend désormais la place de la Torah. Pour les juifs, c’est un renversement inouï car ils ne peuvent s’empêcher de poser cette question aux disciples de Jésus : ‘Votre maître est-il Dieu ?’

Moïse a parlé au nom de Dieu. Jésus, lui, ne parle pas comme un sage ni un prophète mais parle en son nom propre : ‘Moi, je vous dis… » Il parle pour son propre compte: « Je n’ai jamais entendu que Jésus ait parlé d’alliance, d’Israël, d’une obligation pour Israël à tenir tous ensemble et au même moment. Il a toujours parlé de moi, jamais de nous, il a parlé de quitter, jamais de tenir, d’un immédiat et jamais d’une réalité à long terme… La Torah enseigne aux gens comment construire ce royaume là ou ils sont et tels qu’ils sont… Il parle des Cieux, pas de la terre… Dieu au Sinaï nous a dit qu’il n’y a pas de royaume de Dieu sans maison, sans famille, sans village et sans communauté, sans pays et sans peuple. » (p. 194-195)  

              En lisant ce livre, on ne peut qu’adhérer au but que l’auteur s’est fixé : aider les chrétiens à devenir de meilleurs chrétiens et ce pour plusieurs raisons.

              D’abord de reconnaître que Jésus est un juif qui n’ jamais renié ses racines ? Comme l’a écrit Christian Salenson, directeur de l’Institut des Sciences et Théologie des Religions de Marseille dans La foi au cœur des cultures et des arts « Israël est appelé à continuer à  témoigner du Dieu unique à la face des nations. L’Eglise participe à la mission d’Israël, et par son ouverture aux païens avec l’universalité qui la caractérise, elle est sacrement d’unité. »

En lisant ce livre les disciples de Jésus sont invités à prendre plus profondément conscience  combien leur foi est enracinée dans la foi du peuple juif. Elle est en même temps, en rupture car la religion chrétienne n’a pas pour vocation de défendre des valeurs mais de suivre Jésus en étant compagnon de l’Esprit répandu sur toute chair qui fait germer la justice dans toutes les cultures.

 

 

 

Janvier 2011
R.P.

 

 

L'article de l'éditeur

 

 

Haut de page