Visionnaire de l'invisible
La littérature
La Visitation dans l'art
Anne-Marie Velu
(Cerf - 2012)
La rencontre mystérieuse entre Elisabeth et Marie
Anne Marie Velu, théologienne et spécialiste de l’icône byzantine, présente dans ce livre comment les artistes d’Occident et d’Orient du 5ème au 16ème siècle ont traduit par leur art ce moment si bouleversant de la visite de Marie à Elisabeth, sa cousine qui attend un enfant. Au premier chapitre, l’auteur commente le récit qu’en a fait Luc : « Le verset 39 contient des mots qui reviennent souvent chez Luc pour indiquer que la vie est chemin, voie, mise en route, départ… c’est le fait de se mettre en route qui compte et la manière de le faire : en hâte. Le ton est donné, celui de l’élan, de la joie. » (p.23)
Luc écrit que Marie partit en hâte mais il n’écrit pas que Marie quitte sa famille, son fiancé, son village avec joie. Comme l’ont exprimé des femmes violées qui ont médité sur ce texte de Luc, quand elles se sont aperçues qu’elles attendaient un enfant, elles ont fui leur entourage et ont été se réfugier chez des amis pour réfléchir à leur situation.
Elisabeth, remplie de l’Esprit-Saint, accueille Marie en lui criant d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je le bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Alors, seulement Marie exprima sa joie à Elisabeth qui vient de lui confirmer l’œuvre de l’Esprit en elle. Après cet accueil prophétique, Marie a sans doute pris le temps de réfléchir pour trouver les mots pour partager ce qui lui arrivait avec Joseph et sa famille. Cette remarque peut paraître à certains anodine mais elle soulève une question : comment ces artistes ont-ils interprété ce texte ? Sans doute mais, par cette rencontre entre Elisabeth et Marie, Dieu ne nous dit-il pas que nous avons besoin de la parole des autres pour confirmer ce que Dieu fait en nous ? Cette façon d’être de Dieu rend la joie entre ces deux femmes encore plus lumineuse, plus intense. Des artistes l’ont exprimé avec leur génie. Ils l’ont fait de mille manières, l’Occident insistant plus sur l’humanité du Christ tandis que l’Orient étant plus contemplatif et plus sensible à la divinité de Jésus-Christ.
Anne Marie Velu raconte cette aventure artistique en commentant les reproductions avec des détails qui permettent de communier à la méditation des artistes qui ont exprimé avec leur talent la façon dont Dieu intervient et parle au cœur de l’aventure humaine.
Août 2012, R. P.