Visionnaire de l'invisible
La littérature
Babel
Régis Cotentin
(Éditions invenit - 2012)
Quand des artistes revisitent Babel
Des artistes contemporains ont revisité le mythe biblique de la tour de Babel. Ce récit mythique met à nu le rêve des hommes qui veulent tout maîtriser.
Ces artistes ont pressenti que ce mythe était en résonance avec le monde moderne. La tour de Babel peut encore aujourd’hui questionner la volonté de puissance des hommes qui est symbolisée par la construction de tours de plus en plus hautes. Pour réussir cette performance, il faut que l’Etat soit fort et impose son rêve à tous les citoyens. Alors que Dieu à demandé à l’homme de remplir la terre, des puissants cherchent à enfermer les hommes dans un même lieu pour réaliser leur rêve de puissance.
Au palais des Beaux Arts de Lille, des artistes ont représenté les ‘tours’ que les hommes ont cherché à construire au cours des siècles. Certains seront sans doute étonnés que des artistes aient pensé que les cathédrales édifiées au Moyen-Âge relevaient de ce rêve de puissance qui est au cœur de toute civilisation.
Imposer une seule langue est le germe d’un pouvoir absolu. Aussi, à Babel, Dieu a multiplié les langues afin que les hommes ne tombent pas dans la tentation de réaliser une ambition démesurée qui finira par l’écraser. C’est bien ce qui s’est passé au siècle dernier. Le projet nazi de créer une race pure en supprimant les différences dans des chambres à gaz a conduit ce peuple à sa propre perte.
Dans la préface du catalogue de l’exposition, Jean-Claude Carrière suggère que ce mythe invite à aller chercher ailleurs que ce que la vanité des hommes rêve de réaliser. L’ailleurs est à chercher au fond de soi. Mais l’infini demeure invisible et inatteignable sans la diversité des expériences. Cette quête a besoin de multiples langues pour exprimer la richesse et la profondeur de l’humanité.
Novembre 2012, R.P.