Visionnaire de l'invisible
La littérature
Le soir approche et déjà le jour baisse
Cardinal Robert Sarah et Nicolas Diat - Fayard 2019
Dans ‘Le soir approche et déjà le jour baisse’, le cardinal Robert Sarah écrit « L’Eglise fait l’expérience de la nuit obscure. Le mystère d’iniquité l’enveloppe et l’aveugle… L’Eglise est devenue un repaire de ténèbres… comme le disait saint Paul VI, les fumées de Satan nous envahissent… Nous vivons le mystère de la trahison, le mystère de Judas… Le mal de l’activisme efficace s’est infiltré partout…Seul Dieu peut nous sauver. » (p 11-13)
Le cardinal donne de bons conseils mais il ne témoigne pas que Dieu fait briller une lumière dans les ténèbres du monde contemporain. Ce qui l’amène à juger très sévèrement ses frères évêques et des prêtres : « Centrés sur eux-mêmes et leurs activités, préoccupés des résultats humains de leur ministère, il n’est pas rare que des évêques et des prêtres négligent l’adoration. Ils ne trouvent pas de temps pour Dieu, parce qu’ils ont perdu le sens de Dieu. » (p 44) Un profond pessimisme transparaît au fil des pages. Le cardinal propose une profonde réforme spirituelle de l’Église et invite les disciples de Jésus a retrouvé le goût du silence, de ne pas hésiter à passer de longs moments à genoux en adoration, à vivre la foi en Dieu en mettant ses pas dans ceux de Jésus qui porte sa croix…
A lire ce réquisitoire contre les responsables de l’Eglise catholique, le lecteur peut se demander comment le cardinal reçoit cette recommandation de l’apôtre Jacques : « Frères, cessez de dire du mal des uns des autres… Pour qui te prends-tu donc, toi qui juges ton prochain ? (Jacques 4, 11-12)
Il est certain que le scandale de la pédophilie au sein de l’Eglise est un véritable drame. Le cardinal meurtri par cette catastrophe aurait pu témoigner comment les responsables de l’Eglise ont refléter non seulement la colère de Dieu mais aussi son amour pour les pécheurs.
Le dernier chapitre s’intitule : « Que doit-on faire ? « Il faut que se lèvent des hommes et des femmes qui ont le courage et l’énergie spirituelle de parler et d’agir semant ainsi autour d’eux des graines de bon sens, de vérité, d’amour et de paix. »
Rappelons que Cardinal Sarah est guinéen. Son pays a été meurtri par une guerre civile, par la corruption et vit actuellement dans la paix civile grâce à des guinéens et guinéennes qui ont risqué leur vie.
L’Eglise a-t-elle été pour son peuple une lumière qui brille dans non ténèbres ? La réflexion du cardinal Sarah aurait été audible s’il avait témoigné comment les guinéens et les disciples de Jésus ont semé ensemble des graines de bon sens, de vérité, d’amour et de paix dans leur terre baignée de sang.
juillet 2019 - Robert Pousseur
