Le cosmos évolue en permanence. Depuis la découverte des bienfaits de la cueillette et de la chasse en passant par la création artistique, l’humanité vit une aventure culturelle extraordinaire. Dans ce monde en plein bouillonnement, certains pensent même que nous entrons dans une nouvelle civilisation dans la mesure où la révolution industrielle, puis celle de l’informatique et du numérique ont favorisé une urbanisation massive, rendu la communication instantanée et mondialisé les défis qui se posent à l’homme.
Les bouleversements culturels actuels suscitent mille initiatives et recherches. Sur les cinq continents, les citoyens veulent avoir la parole, se battent pour préserver leur liberté de conscience et aspirent à l’autonomie individuelle. En même temps, ces bouleversements font surgir bien des questions. Quand ils touchent ainsi l’humanité au plus profond, alors les questions les plus radicales se posent à nouveau à l’homme :
Pourquoi enfanter la vie alors que la souffrance, le handicap et la mort poursuivent leur oeuvre de sape ? Pourquoi naître si c’est pour crever de faim et de soif, se trouver rejeté par d’autres et terminer sa vie ‘en légume’ ? L’homme n’est-il qu’un animal, d’une espèce un peu plus complexe que les autres, ou a-t-il une autre dimension difficilement mesurable ? Que veut dire être un homme, être une femme ? Chacun finit même par se poser la question : « Qui suis-je pour les autres ? » 
Quel sens a l’histoire humaine ? Faut-il à tout prix préserver la diversité culturelle ou jouer le jeu de la mondialisation au risque d’un aplatissement des différences ? En vue de quoi ? Et à quel prix … en sacrifiant les plus faibles ? 
Quel lien entretenir avec la nature ? Un lien de domination… de servitude… de solidarité ?
L’art sert-il seulement à distraire un homme épris de science et de technique ou continue-t-il à exprimer l’indicible, l’invisible ? 
Si Dieu existe, comme le pense actuellement la majorité des hommes, qui est-il ? Pourquoi les hommes cherchent-ils à entrer en contact avec Lui ? Et Lui, cherche-t-il à entrer en relation avec les hommes ? Pour quel avantage et dans quel but ?
La sagesse humaine et l’expérience mystique ont éclairci ces questions de mille lumières. Elles ont réchauffé la vie de milliards d’hommes, donné à beaucoup la force de vivre debout et proposé plusieurs sens à l’aventure humaine.
En réfléchissant à ces questions, alors que l’histoire contemporaine est blessée par tant de violence, nous nous sommes tournés vers le retable d’Issenheim, exposé au musée d’Unterlinden, à Colmar. Ce chef d’oeuvre ne dit pas tout du mystère de Jésus mais il ouvre une fenêtre sur le drame de l’amour que Dieu, au long des siècles, n’a cessé d’exprimer à l’humanité. Le retable se compose de quatre parties. Sur le panneau de gauche est représenté Saint Sébastien : pour beaucoup d’artistes, ce martyr est la figure emblématique de l’histoire tragique de l’humanité. Sur le panneau central, Matthias Grünewald a peint dans toute son horreur Jésus crucifié. La figure de Saint Benoît occupe le panneau de droite : c’est lui qui, au 6ème siècle, a façonné le visage de l’Europe, symbolisant tous ceux et celles qui, au cours de l’histoire, ont privilégié la quête de Dieu dans le même temps où ils transformaient et aménageaient les territoires. Enfin, le quatrième panneau, celui du bas, représente Jésus au tombeau. Mais ce qui ne manque pas de surprendre, c’est le fait que le panneau central en cache un autre. Quand on l’ouvre, alors qu’il n’est pas accessible au premier regard, on découvre Jésus ressuscité. Et pourtant, il est la véritable Bonne Nouvelle offerte au monde.
Ce retable d’Issenheim ne dit pas tout du mystère de Jésus, mais il en révèle l’essentiel ; il ouvre une fenêtre sur le drame de l’amour que Dieu a manifesté à l’humanité tout au long des siècles et sur sa victoire paradoxale. La recherche que nous proposons est intitulée : « Enfanter les Evangiles ». Elle n’a d’autre prétention que d’ouvrir une fenêtre sur le mystère de Dieu et de l’humanité. Tel un retable qui s’offre au spectateur – ici au lecteur – nous souhaitons que ce texte permette un temps de réflexion qui renouvelle le regard et le coeur.

Gilbert LOUIS, évêque de Châlons en Champagne

Les Pères A. Bruneau de Paris, Jn-C. Faivre d’Arcier de Seine Saint-Denis, P. Galloy de Nancy, J. de Montalembert aumônier de la communauté francophone de Buenos Aires, R. Pousseur de Saint-Quentin, J. Teissier de Nîmes, quatre laïques qui ont tenu à conserver l’anonymat et le Père G. Louis, évêque de Châlons en Champagne ont donné naissance à ce livre qui comporte trois grandes parties :

L’aventure culturelle de l’humanité qui commence avec l’homo sapiens et qui se poursuit aujourd’hui par de grands bouleversements.

Dans cette aventure Dieu a une présence inimaginable, bouleversante et même scandaleuse.

Les bouleversements culturels actuels et la présence déroutante de l’Esprit au cœur des peuples et de tout homme posent de nouvelles exigences aux disciples de Jésus : ils ont ensemble à relever les défis pour enfanter aujourd’hui la Bonne Nouvelle dans les cultures en pleine évolution.

Nous tenons à remercier tout spécialement le Père Maurice Vidal, théologien, spécialiste de la vie de l’Eglise, auteur d’un livre éclairant : ‘Cette Eglise que je cherche à comprendre’  paru aux éditions de l’Atelier en 2010. Il nous a stimulés dans notre recherche en nous invitant à donner plus de place à la recherche des hommes, à mettre plus en relief Jésus qui a posé des gestes absolument inattendus de la part d’un envoyé de Dieu et combien le message de Jésus a bouleversé radicalement la vision qu’ont les hommes de Dieu, du monde et du sens de l’histoire.

          Nous tenons aussi à remercier l’abbé Jean de Montalembert, aumônier de la communauté francophone de Buenos-Aires. Il a plus spécialement relu et enrichi les deux premiers chapitres. Il continuera à nous éclairer durant l’année 2012 -2013 en publiant des articles de fond sur notre site, tirés des grandes questions surgies au fil de l’histoire de l’Eglise participant à l’enfantement d’un monde nouveau avec bien des difficultés et des douleurs. L’abbé de Montalembert est l’auteur du premier volume sur ‘L’aventure du christianisme’ paru aux éditions du Cerf en 2010. (Le deuxième volume sortira en librairie en octobre 2012)

Merci à l’abbé Jean-Claude Faivre d’Arcier, prêtre en Seine Saint-Denis, qui a retravaillé le chapitre qui décrit l’aventure des disciples de Jésus, animés par l’Esprit-Saint pour enfanter la Bonne Nouvelle dans les peuples du monde.

Claire Ly, (enseignante à l’Institut des Sciences et Théologie des Religions de Marseille) et des parents ont été interviewés par Jacques Teissier.  Leur apport concrétise et approfondit notre réflexion.