La Vie spirituelle renouvelée
Texte de référence
Les conseils de Thérèse d’Avila pour vivre aujourd’hui une relation d’amitié
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Les grands mystiques nous apprennent à vivre pleinement notre temps, à aimer lucidement notre monde en mutation et à garder une relation intime avec Jésus-Christ.
Comme beaucoup de membres de nos communautés chrétiennes, Thérèse d’Avila, cette grande mystique proclamée docteur de l’Eglise, n’a pas reçu de formation philosophique ni théologique. Elle a approfondi son expérience spirituelle et a su la partager grâce à son intelligence intuitive, pratique, tournée vers Dieu et son amour des hommes et des femmes de son temps. Elle a mis beaucoup de temps pour clarifier sa démarche spirituelle et éviter bien des pièges. Elle a commencé par nourrir sa quête spirituelle en s’inspirant de la méthode du frère Osuna. Ce franciscain recommandait de ne penser à rien pour se concentrer sur Dieu et laisser parler son amour. Thérèse a eu l’intuition qu’on ne peut pas prétendre trouver Dieu en ne pensant à rien, en faisant le vide sensible, comme si Dieu était au bout du chemin que l’homme devait parcourir. Il lui a fallu du temps pour découvrir que la méthode du frère Osuma était une impasse.
Prier en vivant une relation d’amitié
Thérèse a résumé en ces termes ce qu’est la prière contemplative : “L’oraison n’est rien d’autre qu’une relation d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul, avec celui dont nous savons qu’il nous aime”
Elle donne quelques conseils à ses soeurs pour vivre cette union intime avec Dieu.
Prier consiste à beaucoup aimer.
Elle, qui n’a pas une imagination fertile, ne conseille pas de prier en imaginant une scène d’Evangile. Elle propose de voir Jésus comme un aveugle ou s’imaginer que l’on est dans l’obscurité et de pressentir sa présence : « Je sais qu’il est là et je l’écoute… » Pour Thérèse, cette représentation de foi non visuelle est capitale pour la prière. Elle a l’intuition que le Christ demeure en elle comme dans son château. Elle se représente le Seigneur prés d’elle, qui l’instruit humblement avec beaucoup de délicatesse et d’amour… Pour deux personnes qui s’aiment, un simple regard suffit… Elle rejette les savantes considérations et elle conseille à ses sœurs d’oser être spontanée… de ne jouer pas un personnage face à Dieu… de bannir des phrases toutes faites, allant de soi… Elle apprend à être franche et simple… Comme elle le suggère, il ne faut pas beaucoup penser mais beaucoup aimer.
Prier en ruminant l’Evangile
Thérèse conseille de vivre une rencontre avec Jésus en ruminant un passage d’Evangile. Elle le précise en conseillant de fixer les yeux sur Jésus vivant sa Passion et mourant en croix. Prier est tenir compagnie à Jésus, le regarder, l’écouter... comme un ami, un Frère “Il ne s’agit pas de penser beaucoup mais d’aimer beaucoup”
Prier en traversant le désert
Thérèse donne ces conseils en puisant dans sa propre expérience. Thérèse a traversé bien des temps de désert pour réaliser que Jésus était avec elle, en elle, telle qu’elle est, avec ses joies, ses soucis, ses faiblesses, sa dignité, ses sœurs, sa communauté… Elle a ainsi pu découvrir que Dieu n’aime pas qu’on se casse la tête pour lui parler. Dieu n’aime pas non plus qu’on soit gourmand, glouton de Lui, de sa présence, de son Esprit, de ses paroles… Elle conseille de commencer à faire une offrande à Jésus de tout ce qui naît dans ses pensées, même ce qui est tordu… Thérèse a fait de sa vie une offrande avec beaucoup de sérénité et d’humilité… Elle croit que Jésus est avec elle non pour la surveiller mais pour l’accueillir et l’aimer.
Prier en se décapuchonnant
Thérèse conseillait aussi à ses sœurs de prier en étant décapuchonnée , c’est-à-dire garder les yeux ouverts sur les sœurs de la communauté et le monde. Thérèse insiste sur ce geste de se décapuchonner car elle a fait l’expérience que son Seigneur se manifeste d’une façon souvent surprenante à travers les gestes ou paroles de ses sœurs.
Dieu s’adresse à chacun d’une façon humble, discrète pour le laisser libre et créateur de sa réponse.
Cet article est écrit en collaboration avec une carmélite
qui nous recommande un très bon et beau petit livre
pour approfondir la pensée de Thérèse qui ne peut se résumer en ces quelques conseils.
“L’oraison une histoire d’amitié” de Maximiliano Herraiz Garcia
paru aux éditions du Cerf
Nous pouvons aussi consulté le site www.carmel.asso.fr
et l'ouvrage présenté ici : "L'oraison thérésienne"
Se décapuchonner, c’est-à-dire écouter sa conscience éclairée par l’Evangile, prendre en compte ses émotions, sa foi, ses doutes, ses recherches tout en ayant les yeux ouverts sur le monde. Ce geste peut changer radicalement notre vie. L’exemple de Rembrandt est très parlant : Il a peint sept chefs d’œuvres, des tableaux représentant le visage de Jésus. Il ne cherche pas comme ses prédécesseurs, à peindre de beaux visages comme la tradition de l’époque le veut mais à nous partager sa recherche en peignant le visage de Jésus qui, pour lui, doit refléter une certaine gravité, la douceur, l’humilité et une attention à l’autre pleine de tendresse. Ce protestant va chercher non seulement dans les évangiles la vérité sur Jésus mais il scrute aussi certains visages de ses contemporains. Ce génie de la peinture nous fait entrevoir la lumière de Dieu au cœur de la fragilité humaine en ayant ce double regard : sur Jésus dans les évangiles et sur ces contemporains.
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