La Vie spirituelle renouvelée
Texte de référence
Dieu associe les hommes à son œuvre créatrice |
Dès le récit mythique de la création, Dieu apparaît comme Celui qui a une attitude paternelle et maternelle à l’encontre des hommes : Il donne des vêtements à l’homme et la femme qui ne comptent que sur leur propre force pour affronter la violence des hommes et de la nature ; malgré le crime qu’a commis Caïn en tuant son frère, Il le protège pour que cet assassin accomplisse sa mission d’aménager la nature pour qu’elle devienne vivable pour les hommes. Dans le récit biblique, Caïn est présenté comme l’inspirateur d’une culture en bâtissant une ville.
Ce récit laisse entendre que Dieu reste présent à l’homme quelque soit la vie qu’il mène. Dieu rêve d’associer les hommes à son œuvre.
Avec Abraham, Dieu révèle qu’il veut en faire le père de son peuple. Dieu lui demande simplement de quitter sa terre et de marcher vers la terre promise. Dieu respectera les nombreuses décisions que devra prendre Abraham : celle de partir en Egypte et de faire passer sa femme pour sa sœur, de se séparer de son neveu Lot… Dieu n’impose pas son plan mais il sait intervenir. Alors qu’Abram voulait offrir son premier-né à Dieu en le sacrifiant sur un bûcher, Dieu lui inspire de lui offrir un bélier. Dieu fait confiance à cette famille appelée à quitté la terre de ses ancêtres pour qu’elle engendre le peuple qui portera un témoignage original : sa confiance en son Dieu qui donne la vie alors que sa femme pense que cela n’est plus possible et que cette vie est plus précieuse qu’une offrande de tout fils premier-né.
Avec Moïse, Dieu se révèle comme celui qui entend le cri des hommes. La culture japonaise permet de découvrir ce qu’implique que d’écouter et d’entendre. Ecouter en japonais se traduit par ‘ku’. Ce mot est composé de trois idéogrammes : oreille, œil et cœur. Pour les japonais, écouter ne se limite pas à tendre l’oreille mais à laisser les mots, les cris, les couleurs, les visages… entrer au fond de son être pour qu’ils produisent des fruits.
Au baptême de Jésus, on peut découvrir ce qu’a produit cette écoute de Dieu son Père. Dieu se présente comme celui qui engendre son fils qui « pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication… » (He 5,7). Les cris des hommes sont aussi le cri de Dieu. Dieu veut répondre aux cris des hommes qui résonnent en Lui en y associant les hommes par une alliance avec eux. Il insuffle à Moïse l’idée de donner à son peuple les dix commandements. Ces dix paroles de Dieu débutent par une reconnaissance que leur Dieu les a fait sortir de la maison de servitude, comme si les commandements ne sont vivables que si auparavant, on a fait l’expérience que Dieu libère l’homme de toute servitude. Pour comprendre ce que Dieu attend des hommes afin de les associer à son oeuvre, il ne faut pas oublier que le peuple est en marche vers une terre où coulent le lait et le miel. Comment en faire sa terre alors qu’elle est habitée depuis des milliers d’années par d’autres ? Comment en faire sa terre en ne tuant personne, en ne commettant pas d’adultère, en ne volant pas, en ne convoitant pas les femmes, en ne désirant pas prendre les maisons, ni les champs, ni les serviteurs… ? Dieu provoque son peuple pour qu’il invente une nouvelle façon de vivre en paix et en harmonie avec ses voisins. Si Moïse meurt avant d’entrer avec son peuple, c’est parce qu’à un moment, il a manqué de confiance en Dieu. Sans l’acceptation de la force de Dieu qui aide l’homme à inventer et construire un monde de justice, il est impossible d’arriver au bout du chemin.
Dieu va faire un pas de plus en concluant une deuxième alliance avec la maison d’Israël « Je mettrais ma loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai dans leur cœur. » (Jr 31,31) Cette alliance est un signe audacieux de la confiance que Dieu fait à l’homme. Il respecte leur liberté car chacun sera appelé à entrer en lui, à interroger sa conscience pour inventer une nouvelle façon d’être juste et d’accueillir Dieu tel qu’Il se révèle.
En respectant ainsi les hommes, leur sagesse, leur intelligence et leur liberté, Dieu leur fait signe qu’Il n’a pas de plan sur la marche du monde mais qu’Il fait confiance à l’humanité pour, avec Lui, faire non seulement de la terre sa demeure mais celle de tous ses enfants.
« L’œuvre créatrice est une aventure. Dieu s’est aventuré. Il a risqué. Il a ouvert pour les hommes un chemin de liberté, jalonné de périls. Et si c’est maintenant que Dieu crée, c’est maintenant qu’il s’aventure, qu’il accepte l’éventualité – la réalité – des larmes et du sang. Pas seulement des larmes et du sang du Christ ! Le Créateur voudrait-il être hors de cause ? Peut-il y avoir, peut-il ne pas y avoir, au cœur de l’Esprit pur, quelque chose d’innommable qui soit analogiquement comparable à nos larmes et à notre sang ? » (Fr. Varillon La souffrance de Dieu Le Centurion p.16)
Le Dieu unique dont le peuple hébraïque porte le témoignage ne ressemble pas au Dieu des philosophes, un Dieu immuable, comme ‘insensible’ à la recherche de vérité et de bonheur des hommes, à l’errance de l’humanité. La figure d’Abraham en est une des plus touchantes illustrations. Abraham parle avec son Dieu en colère comme un marchand de tapis qui négocie le prix. Il réussit ainsi à apaiser la colère divine. (Gn 18,17 à 33)
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