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Visionnaire de l'invisible
La littérature

'Le jardinier de Tibhirine'
Jean-Marie Lassausse
(Bayard 2011)

 

Une rencontre lucide et féconde avec les autres religions

 

http://www.laprocure.com/cache/couvertures_mini/9782227481961.jpgCet ouvrage ouvre non seulement des perspectives quant à l’actualité de Tibhirine et la gestion de cet héritage, mais aussi sur la rencontre qui se veut lucide  et féconde avec les autres religions et  par le fait même de la distance avec l’Hexagone, propose un nouveau regard   sur la mission.

 

Modestement, à ma manière, je participe à leur promesse de rester.  Ainsi s’exprime Jean-Marie Lassausse,  prêtre de la Mission de France qui depuis 2001 il a la responsabilité des terres de Tibhirine. En effet, on sait que le monastère  d’Aiguebelle  dont dépend  Tibhirine avait essayé de donner une  suite à la Communauté et d’envoyer des moines, de 1996 à 2001  car la situation en Algérie avait connu une accalmie ; accalmie qui finalement  s’est avérée  si fragile  qu’ils ils durent renoncer à vivre là, ensemble. Cependant ils avaient planté 2000 pommiers comme signe de leur volonté de rester et de manifester leur foi en cette terre féconde…. Justement Jean-Marie Lassausse est prêtre et ingénieur agronome. Double mission. Un jardinier qui cultive une terre encore capable de donner du fruit et un fruit qui demeure.  Une  longue expérience de Tanzanie à Tibhirine en passant par la Creuse et l’Egypte.

              Puisqu’il est toujours difficile de dormir sur place,  J.Marie est contraint à faire l’aller-retour depuis Alger  2 ou 3 fois par semaine sur cette route sinueuse de montagne qui s’étire sur 100 Km, escorté par les forces de police. Samir et Youssef, eux,  sont sur place.

Le monastère est vide, habité par le vent. Tibhirine signifie jardin en berbère. Dans le secret de cœurs et le partage, le jardin refleurit.

Ouvrir la porte, être présent…Envers et contre tout, les gens continuent de venir,  Tibhirine, un lieu ouvert, à tous : la visite d’un voisin qui a besoin d’un outil, ou bien quelqu’un qui se souvient du frère Luc qui soignait bien et qui a guéri son père ou encore le pèlerinage vers l’Assekrem de Ch. de Foucauld qui y fait étape. Une plaque tournante où la vie circule. L’héritage de Tibhirine a dépassé les frontières de l’Atlas. Et puis des rencontres de prière, comme faisaient les moines en échos ou avec d’autres frères croyants. «  Il faut donner chair aux psaumes que toutes les communautés chrétiennes reprennent quotidiennement et faire un pont entre ces prières et le cri des hommes d’aujourd’hui »

              L’Eglise d’Algérie a peut-être quelque chose à dire à l’ensemble de l’Eglise sur cette façon d’être en relation avec le monde. Il n’y a pas d’autre issue que de devenir  une Église de la rencontre.  Tibhirine avait  vocation de  vivre une fidélité en relation avec la terre sur laquelle les moines étaient plantés.  C’est cela qui se prolonge. « Partager l’humanité quotidienne des personnes auprès desquelles je suis envoyé sans distinction de race et de culture. »

« Ma vie de prêtre : être au milieu des hommes sans donner de leçons, si possible à la manière de Jésus, témoignant par ma vie de mon espérance. Rester en dialogue de prière et de vie. »

              Un autre aspect me frappe par cette expérience d’un prêtre en terre étrangère. « Vivre en chrétien avec des hommes qui croient différemment m’interroge, me bouscule, m’invite à aller plus loin dans ma propre foi. » Et puis cette  présence témoigne de l’attention que porte  l’Eglise à  tous les hommes et pas seulement à ceux qui font partie des fidèles. Et l’on comprend qu’il nous faut approfondir le sillon qui est le sien ; que nous soyons chrétien ou musulman nous avons toujours à devenir meilleur croyant.

« C’est en exerçant le ministère de la rencontre que je deviens plus homme. » Même la vie intérieure  est interpellée par la différence. Ainsi la prière rituelle qui scande la journée des musulmans s’enrichit de la prière libre et profonde, intime, et moins facile à percevoir. 

J’éprouve souvent «  un état d émerveillement, d’étonnement devant des choses qui me bouleversent ». On y perçoit profondément  le rôle de la parole de Dieu.  «  Il ne s’agit pas de d’y trouver ce que les exégètes ont découvert mais d’y puise r ce qui fait vivre. » Rencontre autour de  Dieu qui rassemble. En France aussi cette écoute de la Parole porte des fruits. Ici elle fait écho à l’attention obstinée  de l’apprentissage du Coran.

On s’aperçoit que l’Hexagone n’est pas le centre du monde. Vivre des années dans un monde cultuel, linguistique et religieux différent déplace les certitudes. Ainsi, d’ici on s’étonne de l’occident, un monde sans transcendance pose question.  Mais on perçoit aussi que c’est l’Eglise qui envoie car elle ne se referme pas sur elle-même. Plus encore, l’échange ne doit pas se focaliser sur Nord-Sud ; plusieurs prêtres des contrées  subsahariennes  viennent vivre et travailler en Algérie. Et un jour le pays  sera capable d’accueillir des  croyants autres que les musulmans.

            

Ainsi cet ouvrage dépasse largement l’Algérie et ouvre une réflexion nourrie sur la Mission.

Denise Métivier - 2011

 

Un article de presse

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