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Visionnaire de l'invisible
La littérature

L'expérience de l'incomplétude
Thierry Magnin
(Lethielleux - 2011)

 

Quand le réel est reconnu comme ‘voilé’

 

      Le Père Thierry Magnin, docteur en sciences et en théologie est recteur de l’Université catholique de Lyon. Dans ‘L’expérience de l’incomplétude’  paru chez Lethielleux en 2011, il laisse les acquis des sciences dures de notre époque questionner la foi chrétienne. Celles-ci ne sont pas sans poser la question de la place de l’homme avec sa complexité et de ses contradictions et remettent en cause les représentations du monde. Il n’est pas question ici de résumer ce livre. Ceux et celles qui sont passionnés par les sciences et la philosophie et qui cherchent à faire l’unité de leur recherche avec leur foi trouveront dans ce livre des pistes très éclairantes pour approfondir leur recherche et leur foi en Dieu Trinité.

              Pour approfondir sa réflexion, l’auteur se laisse éclairer par la recherche scientifique et mystique  de Blaise Pascal qui a vécu au temps de Copernic et de Galilée. Ces savants ont bouleversé la vision de l’homme dans le monde dont il n’est plus le centre. Ils ne contemplent  plus le monde mais, grâce aux mathématiques, ils rêvent de construire rationnellement : « Le livre de la nature est construit dans le langage mathématique. » écrira Copernic. Pour ces savants, le ciel est devenu une simple étendue infinie et homogène, ouverte à l’exploration de la science. Quant au philosophe Descartes, il pense que la raison tire d’elle-même l’ordre du monde. Malgré ses avancées scientifiques qui remettent en cause la vision de l’homme et d’une certaine façon du ciel, Pascal continue d’être travaillé intérieurement par la question de l’infini. Relisant la Bible tout en ne remettant pas en cause les recherches scientifiques de son temps, Pascal redécouvre le Dieu caché de la Bible et l’homme qui n’est plus la mesure de toute chose. Pour Pascal, l’homme reste hanté par l’infinité du monde et par le néant d’où il est tiré et la Bible indique le chemin de Dieu qui va à l’homme mais ne dit pas comment va le ciel.

              Vivant à une autre époque et confronté à d’autres découvertes de la science, le Père Thierry Magnin fait la même démarche que Pascal. Il note avec justesse l’évolution de l’homme contemporain : « Oser être soi-même, exister par soi-même comme sujet, c’est l’aspiration bien connue de la modernité en réponse au défi de la nature, qui n’offre plus d’ordre signifiant. Descartes croyait pouvoir identifier le sujet pensant avec la raison, qui construit la science, et trouver dans cette construction rationnelle la voie d’un humanisme nouveau. » (p.38) Depuis qu’est née la physique quantique, les hommes de science ont conscience que le réel est ‘voilé’, que ‘Quelque chose’ leur échappe. « Quelque chose échappe, qui pourtant nous attire et s’ouvre à nous ! La pensée progresse tout en sachant que quelque chose lui échappe, quelque chose qui est de l’ordre de l’Origine. (p.83)

L’auteur cite abondamment, Bernard d’Espagnat. Ce physicien philosophe «remet en cause l’idée qu’il y aurait d’une part la science, qualifiée et seule qualifiée pour atteindre le fond des choses et, d’autre part, l’art, la musique, la poésie, la spiritualité, etc., confinée au seul agrément… Pour d’Espagnat, la spiritualité a en commun avec la sensibilité artistique de reposer en partie – mais cette partie est essentielle – sur l’affectivité, autrement dit sur l’émotion » (p 98 et 103) Les artistes et les spirituels revendiquent qu’ils font l’expérience du ‘réel’ mais par une autre voie et avec d’autres yeux que ceux des scientifiques.

Alors que certains dans notre Eglise ne savent que penser de l’évolution des cultures, nous ne pouvons que remercier Thierry Magnin de nous rappeler que de se nourrir de la recherche des hommes d’aujourd’hui et de se laisser éclairer par la Parole de Dieu peuvent donner des fruits surprenants.  

 

 

 

Juin 2012, R Pousseur

 

 

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