L'Église de notre temps à l'écoute des artistes en Arts plastiques
Exposition : Lucian Freud peint le corps humain marqué par le temps
Peindre le corps sans concession : c’est ce que nous offre l’exposition au centre Pompidou qui présente une cinquantaine de chefs-d’œuvre du grand peintre britannique Lucian Freud, petit-fils de Sigmund Freud. Né à Berlin en 1922, il a vécu en Angleterre près de son ami Francis Bacon. Avec six autres artistes, ils fondent l’école de Londres qui pratiquent la peinture figurative, notamment l’homme dans sa condition humaine. Leur démarche allait à l’encontre du surréalisme, très en vogue à cette époque. G. Browstone présente Bacon en ces termes dans ‘L’Eglise et l’art d’avant-garde’ (Albin Michel 2002) : Sur sa première toile « il fixe des personnages écorchés qui hurlent une angoisse existentielle…Son œuvre traite violemment du sacré et du cri humain…. Elle nous renvoie sans cesse à l’animalité qui sommeille en nous. Francis Bacon n’a jamais cessé de penser que ‘le meilleur de l’art renvoie toujours à la vulnérabilité de la condition humaine… Son œuvre a une portée universelle. Elle frappe au cœur même de l’hypocrisie générale de toute nation et de toute société.’ Nous pouvons découvrir ses œuvres sur Internet.
Comme son ami, Lucian Freud, un des plus grands peintres du 20ème siècle, traduit la vie en art. Cela ne veut pas dire y mettre un supplément de beauté mais de révéler que la beauté de l’homme se cache au plus profond de lui-même et peut illuminer son corps marqué par l’angoisse, l’absurdité, l’aliénation, la liberté, la révolte, la solitude, la vulnérabilité, la mort. Freud expose l’homme sans fard, vieillissant, marqué par la vie et ses tourments. « Je peints les gens. » dira-t-il. Une admiratrice s’exclamera devant une de ses peintures: « C’est la vie ! C’est comme cela ! »
L. Freud peint souvent la personne dévêtue. Il laisse exprimer ses sentiments faits de respect et d’affection. La chair qu’il a devant lui n’est pas belle. Les nus qu’il peint ne sont pas pornographiques. Il rend visibles ses sensations devant les corps nus en cherchant la lumière dans un corps usé, abîmé par le temps. Freud a le génie nous faire aimer la vraie beauté, celle qui illumine le drame humain.
Paris - Centre Pompidou - 10 mars 2010 - 19 juillet 2010 - Galerie 2
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