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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

 

Deux jours, une nuit
Réalisateur : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Sortie : 21 mai 2014


Deux jours une nuit

   Deux jours, une nuit, film de Jean-Pierre et Luc Dardenne, raconte l’histoire de Sandra, aidée par son mari Manu, qui n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à la prime afin qu’elle puisse garder son travail. Après la projection en sélection officielle du festival de Cannes, le film Deux jours, une nuit a été salué par plus de six minutes d’applaudissements debout, raconte la presse. En salle, le film semble aussi très bien marcher. Tant mieux !

Pour Marion Cotillard (Sandra), l’expérience a été marquante : ‘’Tourner avec les frères Dardenne a été une de mes plus belles expériences’’, a reconnu l’actrice sur le plateau du Grand journal d’Antoine de Caunes. ‘’Nous nous étions rencontrés en Belgique, sur le tournage de ‘’De rouille et d’os’’ de Jacques Audiard. Peu après, mon agent m’a dit que Luc et Jean-Pierre voulaient me proposer un film. Je n’en revenais pas. Pour moi, tourner avec eux, revenait à accéder à l’inaccessible… Dans chaque film, ils observent la réalité de la société et, simultanément, inventent une nouvelle aventure de cinéma. Ils font des films d’auteur, mais ils échappent à toutes les catégories. Leur cinéma est absolument universel…

Sandra est une femme ordinaire, une ouvrière, qui connaît le prix des choses car elle n’a pas le choix. Elle comprend ceux qui ont préféré empocher la prime de mille euros plutôt que de voter pour son maintien dans l’entreprise. Nul ne sait ce qu’elle aurait fait à leur place et le film ne juge aucun des personnages. C’est toute sa force… Les frères sont les maîtres de l’épure : il ne s’agit pas d’avoir des intentions de jeu, il s’agit d’être. C’est ce vers quoi je tends ; même quand mes rôles me prêtent à la performance, j’essaie toujours de faire en sorte que l’on ne voit pas le jeu, mais que l’on soit avec le personnage et ses émotions. Quand on aime travailler ainsi, on ne peut rêver mieux que de bosser avec les Dardenne… Ils se concentrent sur le jeu des comédiens. Et là, leur exigence est totale, inégalable et inégalée…’’

Interrogés de leur côté, Jean-Pierre et Luc Dardenne disent que, depuis plusieurs années, ils pensaient à un film sur une personne sur le point d’être licenciée, avec l’accord de la majorité de ses collègues de travail. Cela arrive… JP. Dardenne poursuit : ‘’Les ouvriers de Deux jours, une nuit sont placés en situation de concurrence et de rivalité permanentes. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Cela ne nous intéresse pas de regarder le monde ainsi. Un film n’est pas un tribunal. Les collègues de Sandra ont tous de bonnes raisons de lui dire oui ou non. Une chose est sûre : la prime n’est un luxe pour aucun d’entre eux. Ils ont tous besoin de cet argent pour payer leur loyer, leurs factures. Sandra le comprend d’autant mieux qu’elle se débat elle-même dans des difficultés financières’’. Luc D : ‘’Sandra puise son courage dans son couple. Manu aime profondément sa femme, lutte conte sa dépression et l’aide à cesser d’avoir peur. Au début du film, Manu croit en Sandra plus qu’elle ne croit en elle-même’’. JP.D : ‘’Même les enfants de Sandra et Manu s’impliquent et participent. Ils aident leurs parents à trouver les adresses des collègues’’.

 

A l’occasion des 40 ans du Jury Œcuménique, les organisateurs ont rendu un hommage aux réalisateurs Luc et Jean-Pierre Dardenne avec un prix spécial. ‘’Toute l’œuvre des frères Dardenne est empreinte d’une profonde humanité. Elle traite des problèmes actuels dans un monde difficile, souvent austère voire désespéré ; elle parle de survie, de réconciliation et d’espérance. Grâce à un geste, une larme, un regard, une parole, un sourire, un mur se brise, une lumière apparaît, un avenir est possible et nous y croyons’’, indique le communiqué. Décerné par des personnalités religieuses, le prix spécial du Jury Œcuménique récompense des films mettant en avant des valeurs évangéliques. ‘’A ces valeurs s’ajoute une grande qualité artistique. C’est pour cela que les films des Frères Dardenne ont été primés par le Jury Œcuménique et ont reçu de nombreux prix au Festival de Cannes, dont deux Palmes d’or.’’

Que dire après cela ? Peut-être simplement souligner que, pour moi, la qualité artistique et cinématographique ne vient pas ‘’en plus’’ de la valeur humaine et morale de ce film. C’est précisément parce qu’il est une authentique œuvre d’art, en ce sens que ce film met en scène, sans jugement et avec une grande délicatesse, une situation humaine véritable, sans tricher avec la réalité quotidienne, qu’il ouvre le spectateur au mystère de la vie et appelle à la fraternité. Sandra est déchirée de l’intérieur, entre sa fragilité dépressive, son manque de confiance en elle et une force de vie impressionnante, qui lui vient de l’amour de son mari et de ses enfants, de l’amitié que lui manifestent certains collègues et qui éveillent sa dignité, son envie de lutter au-delà de ses faiblesses. Mais l’enjeu d’une telle œuvre dépasse largement son caractère social. Ce que les frères Dardenne nous offrent, avec douceur, modestie et générosité, c’est une véritable parabole, qui nous fait communier au combat de Sandra et Manu, mais surtout qui nous invite à penser à nous-mêmes : en paraphrasant le titre d’un film que Raymond Depardon avait fait en 2004 sur l’Afrique et, en particulier sur le Rwanda, retenons cette question : Comment ça va pour toi avec la fraternité ?

Juin 2014 - Jean-Claude D’Arcier

 


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