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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

Youth
Réalisateur : Paolo Sorrentino
Sortie : 9 septembre 2015

Le temps et ses effets sur les hommes.

Affiche du film  "Youth"

      Fred et Mick, deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, profitent de leurs vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre savoure sa retraite dans un hôtel de luxe en Suisse ; il n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps. Tandis que Mick, réalisateur, travaille toujours, s’empressant de terminer le scénario de son dernier film. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Mais contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe…

Après La grande Bellezza (2013), Paolo Sorrentino continue avec  Youth à sonder le sens de la vie chez les moins démunis. Progressivement le puzzle de l’artiste se précise. Ses films ont beau être des plus variés, il affirme qu’il n’a qu’un seul sujet en tête : le temps et ses effets sur les hommes. Il ne parle donc que du temps, celui qui est passé et celui qui reste à passer ; ce que les gens en retiennent ou ce qu’ils en redoutent. Un moteur nourrit la structure de ses films : faire des allers-retours, naviguer au gré des pensées de ses personnages et de leurs élucubrations sur le sens de la vie. Comme chez Proust, avec La grande Bellezza, qui est un sommet de mélancolie, où un journaliste américain fait le bilan de sa vie.

Dans ce nouveau film, Sorrentino se fait le confident de deux octogénaires, au crépuscule de leur vie. Ils savent que les évènements sont désormais derrière eux, mais ils n’ont pas envie que cela s’arrête. Mais ce n’est pas une étude sur la vieillesse, comme dans Mort à Venise, de Luchino Visconti (1971). Youth porte bien son titre : il est bien question ici de jeunesse. Celle que Fred et Mick ont oublié, comme celle de la génération suivante, de la fille du chef d’orchestre qui vient de divorcer et qui fait une apparition divine dans la piscine de l’hôtel ; l’image en a été gardée pour l’affiche du film.

Scène du film  "Youth"Posés par leur expérience de la vie, depuis la terrasse de leur hôtel, ils sont comme au spectacle de leur petit monde. Un principe proche de La grande Bellezza, sauf que Fred, lui, croyant encore que les choses peuvent s’arranger, définit les gens comme des ‘’chansons simples’’, du même titre qu’il a donné au morceau qui a fait sa gloire et qu’il dirigera, finalement, devant la reine Élisabeth II, à l’occasion de son anniversaire. Youth est aussi un film musical et symphonique : ‘’La musique est la seule chose que je comprends’’, dira Fred.

Sorrentino développe aussi le côté baroque qui baignait La grande Bellezza. On y croise, dans une ambiance fellinienne, un prêtre bouddhiste qui aurait le pouvoir de léviter, une Miss Univers pas si bête, un sosie asthmatique de Maradona arborant un énorme tatouage de Karl Marx dans son dos, et même… Adolphe Hitler ! Le sentiment qui prédomine est celui d’une chorégraphie générale où tourbillonnent les rapports à la mort et à l’art. L’auteur ne fait que jongler avec eux pendant une grande partie du film ; mais ce n’est qu’un leurre et, progressivement, il laisse place à des choses plus concrètes et moins folkloriques. Les angoisses de Fred prennent le pas sur son cynisme de façade quand le temps vient rappeler au vieil homme, trahi par les absences de sa mémoire, qu’il est devenu plus que jamais vulnérable. Youth baisse alors le niveau d’un ton pour révéler ce qu’il est vraiment : une bouleversante réflexion sur la vie qu’on ne retient pas.

 Scène du film  "Youth"Le temps a passé, si vite. Fred et Mick partagent les souvenirs que leur mémoire n'a pas encore effacés, drôles, cyniques, désormais simples observateurs de ce monde qui leur échappe. On pourrait s'ennuyer à mourir avec ces deux là, mais c'est tout l'inverse, Sorrentino livre un film qui est un vrai feu d'artifice, élégant, plein d'énergie et de couleurs. Il s'autorise toutes les folies, poétiques (Michael Caine dirigeant un orchestre de vaches laitières) ou transgressives (Paul Dano testant son costume et son interprétation d'Adolf Hitler dans la grande salle à manger de l'hôtel).

 

De Michael Caine à Jane Fonda (perruque blonde et gouaille savoureuse), les acteurs – vieux et jeunes - sont tous remarquables, portés par des dialogues savoureux. Concentré de subtilité et d'humour, "Youth" nous en met plein les yeux. Tellement loin des films nombrilistes, une magnifique leçon de cinéma. 

 

Claude D’Arcier - octobre 2015

 

 


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