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Visionnaire de l'invisible
Le Cinéma

 

Ave César
Réalisateur : Joel et Ethan Coen
Sortie : 17 février 2016

 

Affiche du film  "Ave César"

       Hollywood, dans les années 1940, Eddy Mannix dirige le studio de cinéma Capitol Films. Son emploi du temps est très chargé. Il essaie d’imposer Hobie Doyle, un jeune premier habitué aux westerns, dans un film romantique et doit, en même temps, gérer la vie sentimentale de Dee Anna Moran, une actrice enceinte. On lui annonce que Baird Whitlock, la star d’un peplum en cours de tournage, n’est pas réapparu sur le plateau. Mannix ne s’inquiète pas outre mesure, connaissant le passé de noceur de cet artiste. Mais il reçoit bientôt une demande de rançon : 100.000 dollars à cacher sur le plateau 8. Entre deux problèmes à régler, il reçoit une alléchante offre d’emploi de représentant de la compagnie aérienne Lockheed…

L'histoire de cette comédie est centrée sur une troupe d'acteurs dans les années 1920 qui jouent une pièce de théâtre sur la Rome antique. George Clooney était déjà pressenti pour tenir le rôle principal. En février 2008, les Coen expliquaient qu'ils n'avaient pas encore de script, mais seulement une idée : ce film pourrait être le troisième volet de la "Trilogie des idiots" ("Numskull Trilogy") avec George Clooney, après O'Brother (2000) et Intolérable Cruauté (2003). En décembre 2013, le projet est mentionné en interview pour la sortie de Inside Llewyn Davis. Joël Coen révèle qu'ils vont travailler sur le film, qui sera leur prochain projet. Les Coen confirment le développement du film en mai 2014, et précisent que l'intrigue tourne finalement autour d'un fixeur travaillant à Hollywood dans les années 1950 pour le compte des grands studios de cinéma. Le film s'inspire du véritable Eddie Mannix, qui avait déjà été incarné par Bob Hoskins dans Hollywoodland (2007) qui revenait sur la mort de l'acteur George Reeves.

Après le très sérieux thriller d’espionnage Le Pont des espions (2015), les frères Coen nous proposent une comédie, Ave, Cesar ! ou Hail, Cesar ! en anglais, qui retrace la vie d’un personnage réel : Eddie Mannix lui-même, ‘’fixeur’’ engagé par les studios de production hollywoodiens dans les années 50 et dont le rôle est de contribuer à aider les stars dans la gestion de leurs problèmes quotidiens.

Comme tous les grands cinéastes américains modernes, les frères Coen sont des cinéphiles, obsédés par l’âge d’or des studios, qui ont construit leur identité sur les cendres du classicisme hollywoodien. Leur œuvre s’en ressent où se mêlent les hommages très personnels aux grands genres d’antan : le film noir, le film de gangster, la fable morale, ou le western.

Les Coen aiment à caricaturer de vieilles célébrités, reconnaissables malgré leurs pseudonymes absurdes, à défendre la corporation des scénaristes (en réécrivant ici l’histoire de façon amusante) et à plonger le héros dans des impasses, comme celle qui coince le pieux Eddie Mannix entre un job incompatible avec la morale et son désir d’arrêter de fumer. Ave, César ! est une comédie de caractères à la The Big Lebowski (1998), avec ses péripéties sans queue ni tête, ses dialogues de sourds et ses crétins en pilote automatique. Ce film prend tout son sens quand on y voit une description amoureuse de Hollywood, cette nouvelle Babylone peuplée de producteurs tout-puissants, de cinéastes capricieux et de stars névrosées, gangrenées par toutes sortes d’arrangements mesquins et de faits divers compromettants, qui continue d’exercer sur les  frères Coen une fascination presque fétichiste.

Les films dans le film qui parsèment Ave, César ! sont révélateurs : ils disent sans équivoque le pouvoir des images et de la mythologie hollywoodienne auxquels les deux frères ajoutent une dimension récréative. Regarder Channing Tatum se livrer à un numéro de claquettes incroyable  procure ainsi un plaisir nostalgique immédiat. Ave, César ! fait le constat que malgré la luxure et la médiocrité, indépendamment des rivalités et des pressions extérieures, Hollywood incarne à jamais le cinéma dans toute sa noblesse artistique et populaire, que les Coen perpétuent à leur manière. Contrairement à Babylone, l’usine à rêves n’a pas été abandonnée des dieux. 

 

Joël et Ethan Coen ont accumulé une science du cinéma si profonde  qu’ils sont capables de charger chaque plan d’une infinité de significations, d’y mélanger un hommage  impeccable au genre original et une satire dépourvue de tout respect. Les péripéties du film leur permettent de pasticher différents genres cinématographiques, dont le péplum et la comédie musicale, en une suite de séquences plaisantes, mais que le film peine à relier entre elles. Ave César !  se développe ainsi comme une succession de scénettes loufoques, dont la cohésion générale semble de moins en moins évidente au gré de l’évolution du récit. Un handicap que ne vient pas toujours soulager la présence de comédiens excellents. Modeste, riche et touchant pour qui s'intéresse à l'histoire du cinéma.

 

Claude D’Arcier - Avril 2016

 

 


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