L'inculturation / Contributions d'experts
Élection papale du cardinal argentin
Mort du président du Venezuela
Chronique d’Argentine
Deux événements survenus presque en même temps me poussent à prendre la plume : la mort d’Hugo Chavez, le président du Venezuela et l’élection de l’archevêque de Buenos Aires comme Pape de l’Eglise Catholique. Ces deux événements touchent de près la vie des Sud-américains et particulièrement des Argentins. Pas de la même façon, naturellement !
Commençons par le deuxième : l’élection du Pape François. Tout le monde a déjà pu percevoir l’étonnant impact mondial suscité par l’élection, puis les premières paroles et les premiers gestes de Jorge Bergoglio. Beaucoup d’entre vous m’ont envoyé des mails pour me féliciter (je vous promets, j’y suis pour rien !) et pour me demander mon avis. Je profite de cette chronique pour répondre à tous.
La grande audace des cardinaux est d’avoir élu un Pape sud-américain. Ce continent a été très marqué, depuis le début de la colonisation au 16ème siècle, par l’engagement de l’Eglise auprès des plus pauvres. Certaines lectures du passé ont voulu faire de l’Eglise dans ce continent comme une force d’appui aux riches et aux puissants pour asservir le peuple. Ces lectures sont biaisées et poursuivent d’autres combats. Dès le début des grandes figures comme Bartholomé de las Casas, avec ses compagnons Pierre de Cordoba et Antoine de Montesinos, frères dominicains, ont dénoncé l’agissement cruel des conquistadors espagnols, puis les Franciscains, les Jésuites ont suivi le même chemin. On connaît bien l’œuvre des Jésuites en défense des indiens Guaranis avec leurs fameuses missions du Paraguay, mais ils ont fait pareil au Chili, sur l’île de Chiloé ou en Bolivie auprès des indiens Chiquitos et dans bien d’autres régions de l’Amérique espagnole. Au 19ème siècle, lors de la conquête du sud de la Patagonie, ce sont les Salésiens qui prennent la défense des populations indigènes nomades malmenées et décimées par l’établissement des grandes estancias d’élevage de moutons.
Nous autres européens avons, à notre époque, une curieuse relation avec notre passé. Nous aimons faire le tri : retenir et exalter le positif, rejeter et juger le négatif comme vraiment vilain, comme si la vie était simple, exempte de complexité et que les évidences d’aujourd’hui étaient tout aussi évidente deux, trois ou dix siècles en arrière. Dans notre communauté francophone, nous avons régulièrement des cinés débats. Un des plus récents concernait un film espagnol très intéressant, « Tambien la lluvia », en français « Et même la pluie ». Le thème du film est l’histoire d’une équipe cinéaste espagnole qui veut faire un film sur la cruauté des conquistadors en s’appuyant sur les dénonciations faites par Las Casas et Antonio de Montesinos. Ce film aborde précisément les contradictions des européens avec leur passé. Pour tourner leur film, qui en fait se passe dans les Caraïbes au début de la conquête, cette équipe de tournage (metteur en scène, producteur, acteurs, techniciens) va en Bolivie, là où les figurants indigènes sont nombreux et pas chers. Ils s’installent à Cochabamba, recrutent leurs figurants indigènes, mais voilà que ceux-ci se détournent du film pour participer à une révolte de la population à propos de l’accès à l’eau potable. (Le film fait là référence à des faits réels passés en l’an 2000). La violence de cette lutte et le climat d’insurrection affolent l’équipe du tournage, qui supplie les figurants de remettre leur lutte à quinze jours quand le film sera terminé, et qui finalement fuient la ville en se désintéressant du combat de leurs figurants, les « indiens » d’aujourd’hui. Leurs bons sentiments du début et leur « pensée correcte » se désintègrent devant la difficile et douloureuse réalité de la vie.
L’histoire de l’Amérique Latine et de la présence de l’Eglise dans ce continent est riche et complexe : la question du respect des populations et de la lutte contre la pauvreté a toujours été au cœur du débat parfois vif entre chrétiens et entre responsables d’Eglise. La réponse n’a jamais été simple. Mais le débat est là, présent, vivant, créatif de beaucoup d’initiatives et de tentatives de réponse. Dans les années 70, ce débat a soudainement débarqué en Europe avec les disputes autour de la théologie de la libération, qui était l’expression plus moderne de ce vieux débat de l’Eglise d’Amérique Latine. Et on s’est empressé, en Europe, de donner son opinion sur ce débat. On a parfois dit que le Vatican avait condamné la théologie de la libération. Ce n’est pas juste : ce qui a été condamné, en particulier par Jean Paul II, sensible au thème, était la sympathie de certains courants d’Eglise avec la pensée marxiste qui ont entraîné des religieux, des prêtres et de laïcs catholiques à prendre fait et cause pour les mouvements révolutionnaires qui cherchaient, dans presque tous les pays d’Amérique Latine à prendre le pouvoir par la force des armes, à la suite de ce qui s’était passé à Cuba en 1959. Tous ces mouvements en connu l’échec de leurs analyses (1) et l’échec de leur action. Mais la théologie de libération à continuer à animer la réflexion des communautés ecclésiales. Les grandes assemblées des évêques d’Amérique du Sud, depuis celle de Medellin en 1968 jusqu’à la dernière à Aparecida au Brésil en 2007 ont intégré bien des éléments de vie ecclésiale et d’engagement soulevés par les théologiens de la libération : l’option préférentielle pour les pauvres, l’importance de l’Eglise vue comme peuple de Dieu, les communautés ecclésiales de bases, la responsabilité des laïcs dans les choix d’orientation pastorale, etc.
Le choix d’un évêque latino-américain comme pape était pour les cardinaux réunis à Rome une façon de faire de ces thèmes, les thèmes de toute l’Eglise catholique. Ils auraient choisi le Brésilien ou le Hondurien (deux autres sud-américain papabile), cela aurait été pareil. Le pape François porte ces préoccupations à sa façon simple et directe.
J’ai lu un article du Monde, peu de temps après l’élection du Pape, où la journaliste interviewait un certain Michael Lowy, présenté comme sociologue et bon connaisseur de l’Amérique Latine. Celui-ci, de façon plutôt caricaturale, présentait la position du Cardinal Bergoglio sur la pauvreté :
« La position de Jorge Mario Bergoglio est celle, traditionnelle, de l'Eglise : les pauvres sont considérés comme un objet d'attention, de compassion et de charité. La conception catholique traditionnelle du pauvre se traduit en actes de charité, par l'assistance sociale et par des aides diverses aux plus démunis. Cela peut aller jusqu'à une critique des conditions économiques qui sont responsables de la pauvreté. On retrouve de telles critiques chez Jean-Paul II et aussi chez le cardinal Bergoglio. Pour la théologie de la libération, les pauvres doivent être les sujets de leur propre libération, les acteurs de leur propre histoire. La différence est évidente avec la conception traditionnelle de l'Eglise. Pour la théologie de la libération, il s'agit de participer, à travers les communautés de base et à travers des pastorales populaires (pastorale de la terre, pastorale ouvrière...) aux luttes et à l'auto-organisation des pauvres (ouvriers, chômeurs, paysans sans terre, indigènes...) pour leur libération. L'émancipation des pauvres implique un changement radical de société. La théologie de la libération implique donc aussi la dénonciation des violations des droits de l'homme et des dictatures militaires, pouvant aller jusqu'au soutien et à l'aide à ceux qui les combattent, comme cela a été notamment le cas en Amérique latine au cours des années 1970 et 1980. »
On trouve là, dans ces propos, les clichés qui ont encore cours chez certains intellectuels et qui les empêchent de voir ce qui a changé en Amérique du Sud depuis 40 ans. Comme si la Commission pastorale de la Terre de la conférence épiscopale du Brésil n’existait pas et n’agissait pas depuis de nombreuses années. En 2011 deux correspondant de cette commission ont été assassinés, rapporte le long rapport de cette commission remis à la presse en 2012. On n’assassine pas des gens qui n’agissent pas. Comme si les bengalis Yunus (2) et Abed (3) ou le péruvien Hernando de Soto (4) n’avaient jamais existé et n’avait pas fait progresser autrement la question de lutte contre la pauvreté. Comme si toutes les initiatives prises par des dizaines et des dizaines d’ONG dans toute l’Amérique du Sud n’avaient jamais existé et n’avait pas changé l’approche de lutte contre la pauvreté vécue dans ce continent (5). Un compagnon et ami de Bergoglio, Jésuite argentin comme lui, et de la même génération que lui, est le grand spécialiste dans toute l’Asie de toutes les expériences d’amélioration de l’habitat populaire prise par les gens eux-mêmes. Ce Jésuite, après avoir passé un diplôme d’architecture à l’université de Kyoto, puis professeur d’architecture sociale dans cette même université japonaise, a créé un réseau sur le net qui recense toutes initiatives prises par les gens eux-mêmes. Et il est invité à Bombay, à Kuala Lumpur, à Lahore ou à Taipeh, en passant par Manille et Djakarta pour faire des conférences sur ce thème. Et nous restons avec les mêmes catégories d’il y a quarante ans pour apprécier ce qui se passe sur ce continent. A cause de ces efforts et de l’engagement de l’Eglise dans la lutte contre la pauvreté, des pays comme le Chili, le Brésil, la Colombie, l’Uruguay ou le Pérou ont sérieusement fait reculer la pauvreté ces dernières années. Mais naturellement, il y a encore beaucoup à faire. Tout le monde en Amérique Latine, et encore plus tout le monde en Argentine, a célébré la nomination de Bergoglio comme Pape, sauf les gens au pouvoir ici dans ce pays, les kirchnéristes comme on les appelle, du nom des deux présidents Kirchner, monsieur et madame, qui gouvernent ici depuis maintenant 10 ans. Comme plusieurs membres du gouvernement sont d’anciens Montoneros, une de leurs tactiques pour disqualifier un adversaire, homme politique, juge, syndicaliste, journaliste ou homme d’Eglise est de leur reprocher leur silence durant la dernière dictature militaire, silence étant lu comme : soutien à la dictature. Quand les militaires ont pris le pouvoir en 76, quasiment toute la société argentine était d’accord, tant la violence et le désordre des années antérieures avaient exaspéré et désespéré la grande majorité des Argentins. Partis de gauche comme de droite, syndicalistes (le chef de la CGT, le grand syndicat péroniste, avait été assassiné par les Montoneros en septembre 1973), parlementaires, Cour Suprême, Eglise, tous avaient invité les militaires à mettre fin au gouvernement incapable d’Isabel Perón. Au début, très rares sont ceux qui ont su que les militaires dans leur lutte contre les mouvements terroristes employaient des méthodes hors du droit, tortures et élimination sans jugement (6). Les proches des victimes oui, et de là sont nés les mouvements comme les Mères de la Place de Mai.
Pour les Kirchnéristes, la disqualification est donc facile, car quasiment tous ceux qui vivaient à cette époque ce sont tus. Quand le Cardinal Bergoglio à partir de 2003, a commencé à s’opposer à la politique d’affrontement social permanent des Kirchner, invitant au dialogue politique et social pour trouver les solutions aux graves problèmes de l’Argentine, entre autres la pauvreté, les kirchnéristes ont vu en Bergoglio un adversaire. Nestor Kirchner disait du Cardinal qu’il était le chef occulte de l’opposition. Il faut dire que Bergoglio parlait fort : lors d’un Te Deum dans la cathédrale le jour de la fête nationale, commentant la rencontre de Jésus et de Zachée, il a commencé son sermon en disant : « Ici dans cette Eglise, nous sommes tous des Zachée » Zachée était un fonctionnaire public qui volait, et ici dans ce pays la corruption est une vraie et profonde plaie. Une autre fois, lors de ce même Te Deum le texte commenté par Bergoglio était la parabole du Bon Samaritain, et le commentaire du Cardinal portait sur la société argentine qui détourne son regard du pauvre qui git au bord de la route comme ont détourné leur regard le lévite et le prêtre de la parabole. Après de tels sermons les Kirchner n’ont plus voulu participer à un Te Deum présidé par le Cardinal Bergoglio. Alors les officines kirchnéristes se sont mises en marche pour armer un dossier de disqualification du Cardinal… C’est ce dossier qui est ressorti au moment du conclave (on dit qu’il a été distribué aux cardinaux avant l’élection par l’entremise de l’ambassadeur de l’Argentine auprès du Saint Siège) et qui est parvenu aux médias du monde entier juste après son élection. Le journal Le Monde a repris, dans l’article que je citais plus haut, sans discernement, les arguments de cette disqualification. Le titre même de l’article était : « Bergoglio n’a jamais émis aucune critique contre la dictature », allégations depuis démentis par des témoins de l’époque. La présidente Cristina Kirchner, pour rectifier le tir, au dernier moment, a invité à l’accompagner à Rome à la messe d’assomption du Pape, une défenseur des droits de l’homme de l’époque, qui avait été sauvée et protégée des griffes des militaires par le jeune Bergoglio, et qui avait publiquement, ces derniers jours, démenti la mauvaise foi de l’opération anti Bergoglio de ces officines kirchnéristes. Depuis, d’ailleurs, elles ont baissé le ton.
Pour terminer cette partie sur notre nouveau Pape, voici ce que j’écrivais à un ami prêtre français qui me demandait ce que je pensais de Bergoglio : « C’est un homme déterminé et intelligent. Il vivait très simplement, passait du temps à visiter les malades dans les hôpitaux, parlait courageusement contre l’insupportable équipe au pouvoir ici depuis maintenant 10 ans, et il a sorti l’épiscopat argentin d’une vieille habitude de proximité avec le pouvoir politique, quel qu’il soit d’ailleurs. Il était globalement bien aimé des prêtres du diocèse de BA.... mais (il faut bien des mais) il s’est entouré d’un équipe (vicaire général et évêques auxiliaires) plutôt béni- oui-oui, pour mieux décider lui-même... Et je n’ai rien perçu de très notable d’une pastorale diocésaine. Quand je suis arrivé, le diocèse venait d’être mis en synode... ce synode n’a jamais abouti et il s’est perdu dans les sables mouvants du fantastique individualisme du clergé argentin. C’est trait est commun à tous les argentins : chacun s’arrange dans son petit coin des complexes réalités de la vie.
Je pense, pourtant, qu’il va faire souffler un vent différent au Vatican. Bien que d’origine italienne, il est sud-américain et les sud-américains sont différents des européens. Sa détermination pour une Eglise simple, proche des pauvres est réelle. Son attachement à Jésus est très profond. C’est un homme qui a intégré Vatican II. On l’a vu : son impact médiatique est fort. Pour moi, ses grands défis : réduire le poids de la curie dans les décisions pastorales de l’Eglise, ouvrir les postes de responsabilité de la curie aux laïcs et donc aux femmes, donner plus d’autonomie de décision dans l’organisation ecclésiale et dans la liturgie aux grandes régions culturelles du monde, pour coller mieux à la culture de ceux auxquels nous nous adressons. Par contre, je ne pense pas qu’il soit aussi pertinent que Benoit dans le dialogue avec la pensée contemporaine. Ici presque tout le monde est croyant et les prêtres ne sont pas vraiment confrontés à des gens qui ne croient pas ou qui refusent vigoureusement de croire, comme nous le sommes en Europe. »
Quand le pape François a été élu, l’Assemblée Nationale argentine, largement dominée par les kirchnéristes rendait un hommage au président vénézuélien récemment décédé. Le président de l’Assemblée, averti de l’élection du pape Bergoglio, a refusé d’interrompre la séance pour que les députés puissent voir la première apparition du Pape argentin au balcon de Saint Pierre. Un proche du pouvoir a d’ailleurs dit que la mort du Comandante (Chavez) et l’élection de Bergoglio était bien la preuve que Dieu n’existait pas, sinon il n’aurait pas permis qu’un homme si bon comme Chavez meure et qu’un homme si mauvais comme Bergoglio soit élu Pape. En cela, il contredisait le successeur désigné de Chavez qu’on a entendu dire à la télévision que si Bergoglio a été élu pape c’est que Chavez était à côté du Christ, au ciel, et lui avait conseillé de le faire élire comme pape.
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Chavez était une figure forte sur ce continent où les démocraties sont jeunes où les tentations populistes chez les hommes politiques restent vives. Que veut dire « populiste » ici ? On a un discours tout dédié au bien-être du peuple, on a une politique d’assistanat vis-à-vis d’une population défavorisée en offrant quantité d’aides par lesquelles on s’attache un électorat populaire, on se dit démocrate car on est élu par le peuple et on traite d’antidémocrate toute forme d’opposition (quoi ! c’est vrai : si on est contre le président, c’est qu’on est contre la volonté du peuple), on s’en prend sans cesse aux « monopoles » ou aux « corporations », ces termes mythiques désignant tout ce qui s’oppose à cette politique, et on réduit au maximum la capacité d’expression des médias opposants car ils dénoncent les discours trompeurs, d’ailleurs ces discours, on les diffuse sur les médias de l’Etat des heures durant (Chavez pouvait parler à la télévision quatre heure de suite, Cristina presque autant), on change les constitutions pour pouvoir se faire réélire indéfiniment, on est mégalomane et on fait appeler de son nom des écoles, des hôpitaux, des aéroports (comme récemment Evo Morales en Bolivie) des autoroutes ou des barrages, on dépense l’argent de l’Etat sans retenu, on enrichit les amis et on ne construit rien. En Amérique du Sud, nous en avions quatre de ces « caudillos » populistes : Chavez au Venezuela, maintenant décédé, Morales, en Bolivie, Correa, en Equateur, et notre Cristina en Argentine. Parce que le discours est « tout dédié au bien du peuple » ces régimes sont taxés de gauche par la presse française de gauche. Toujours dans le même article du Monde, que j’ai déjà cité, on n’hésite pas à dire que « Jorge Bergoglio n’a pas hésité à s’engager dans une bataille politique contre le gouvernement de gauche (sic) de Cristina Kirchner ». Ici, en Argentine le parti communiste (petit certes) est dans l’opposition, le parti socialiste (plus important) aussi, le parti Radical de centre gauche (très important) aussi … quelle gauche représente Cristina ? Par contre au Brésil, en Uruguay ou au Chili, il y a ou il y a eu d’authentiques partis de gauche au pouvoir qui mènent ou ont mené des politiques de gauche. Comme le disait récemment Dilma Roussef, présidente de gauche du Brésil et ex terroriste dans sa jeunesse, la fierté d’un président est lorsqu’il n’est plus nécessaire de subventionner qui que ce soit.
La mort de Chavez a été un soulagement pour beaucoup de Sud-Américains sensés car avec les milliards de pétrodollars que lui rapportait le pétrole du Venezuela, il finançait beaucoup de groupuscules anti- démocratiques dans toute l’Amérique du Sud, mais aussi des gouvernements comme celui de Cristina.
Notes
1- Deux de leurs principales erreurs d’analyse : la première a été de mésestimer gravement le rapport de force qui a fait que tous ces mouvements ont été brutalement éliminés par les forces armées de ces pays et la seconde était de croire que les peuples sud-américains allaient les suivre dans leur aventure terroriste. Il y a des textes pathétiques des Montoneros, un groupe terroriste, péroniste et marxiste ( !), des années 70 qui disaient que plus l’affrontement avec la dictature militaire sera violente, plus le peuple ouvrira ses yeux et choisira son camp. Le peuple a choisi les militaires ! Les Argentins n’ont lâché leur soutien aux militaires qu’après la défaite lamentable des troupes argentines contre les britanniques durant la guerre des Malouines.
2 - Mohamed Yunus, prix Nobel de la Paix, fondateur des Banques Gramin, banques de micro crédit.
3 - Fazle Hasan Abel, fondateur de Brac, la plus grosse ONG du monde qui emploie plus de 100 000 personnes, sur la base que les plus pauvres ne s’en sortiront qu’en s’organisant et en se formant.
4 - De Soto est un économiste péruvien qui a étudié l’importance économique du peu de propriété que possèdent les habitants pauvres d’un pays. La valorisation de ce peu de propriété, s’il était reconnu par un titre, permettrait l’accès au crédit et l’auto-développement de ces populations.
5 - Juste un exemple. Il y a une ONG d’origine chilienne (CONIN), vraiment géniale, qui s’occupe de lutter contre la malnutrition des nouveaux nés et des enfants jusqu’à 2ans. Depuis trente qu’elle agit au Chili et depuis une dizaine d’année en Argentine, ses résultats sont spectaculaires.
6- Quand la démocratie est revenue en Argentine en 1983, le gouvernement de Ricardo Alfonsin (Radical) a fait nommer une commission pour recenser tous les morts et disparus pendant le gouvernement d’Isabel Perón et durant la dictature militaire qui a suivi. Cette commission, CONADEP, était présidé par Ernesto Sabato, un grand écrivain argentin, et était composé de plusieurs personnes qui s‘était engagées dans la défense des droits de l’homme durant la dictature militaire. Cette commission a fait un énorme travail et a comptabilisé près de 9000 morts ou disparu durant cette période 1971 à 1983. Par la suite pour des raisons de propagande ce chiffre est passé à 15 000 puis a 30 000. Et maintenant tout le monde parle des 30 000 disparus durant la dictature argentine, qui a duré de 1976 à 1983. Mais le décompte fait par cette commission de 1984 reste fiable et sérieux.
Par Jean de Montalembert, - mai 2013
prêtre au service de la communauté catholique francophone de Buenos Aires
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