L'Inculturation

 

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L'inculturation / Réaction d'internaute

 

 

Être solidaire
         

 

      Ces temps-ci a éclaté le drame des victimes de prêtres pédophiles et le scandale du silence de la hiérarchie durant des années. C’est dans ce contexte que je suis invité à célébrer la fête du Jeudi Saint dans la paroisse Saint Paul du doyenné de Doullens. En arrivant, une paroissienne me souhaite une bonne fête car, me dit-elle, ‘Aujourd’hui, c’est la fête des prêtres et nous sommes dans une année consacrée au sacerdoce.’ Pensant que les personnes présentes dans l’église étaient blessées par ce scandale, je me suis demandé qu’est-ce que j’allais pouvoir leur dire. J’ai laissé parler mon cœur. Je leur ai dit que nous étions tous touchés profondément par ce drame. Mais que nous faisions partie d’une même famille. Reconnaissant que certains membres de la famille chrétienne ont blessé à jamais des enfants, devront passer devant la justice et réparer ces actes délictueux, nous n’en renions aucun car c’est l’amour qui doit animer notre famille.

       La liturgie de ce Jeudi Saint nous invite à faire mémoire de Jésus qui se met à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds, geste réservé aux esclaves. Jésus s’agenouille devant Jean qui lui restera fidèle jusqu’au bout, devant Pierre qui le trahira et qu’il choisit comme responsable de l’Eglise, devant Judas qui va le trahir, devant les autres qui vont fuir. Devant chacun d’entre nous, Jésus se met plus bas que nous en s’agenouillant. Il le fait pour nous dévoiler le visage et l’amour de son  Père pour chacun. Jésus leur demande ensuite non pas de laver les pieds des autres hommes mais de se laver les pieds les uns les autres. Il ne s’agit donc pas de laver les pieds des autres mais d’accepter que d’autres me lave mes pieds. En nous invitant à faire ce geste, Jésus nous dit que nous sommes tous des pécheurs, que l’on soit aujourd’hui Pape, prêtres, laïcs, religieux (ses)…

        Durant cette année consacrée aux prêtres, nous pensions remercier le Seigneur de la présence des prêtres dans le monde entier, de leur dévouement, du service qu’ils rendent à leur communauté, de l’offrande qu’ils font de leur vie à Dieu en acceptant le célibat ou étant mariés comme il est de tradition dans l’Eglise catholique orientale. Et voilà que ces évènements dramatiques et la volonté de régler ces drames dans le silence nous rappellent que nous sommes tous des pécheurs ayant un cœur qui a la capacité d’accueillir le pardon de Dieu et la volonté de vouloir réparer le mal provoqué par nous. L’Eglise est composée d’hommes et de femmes qui doivent dominer leurs pulsions, leurs tentations pour faire de leur vie une offrande à Dieu et à leurs frères. L’Eglise est composée d’hommes et de femmes qui ont des comptes à rendre à la société. Comme chacun est fragile, nous croyons que Jésus, mourant sur la croix nous arrache au péché et nous donne la force de reconnaître nos fautes et de réparer le mal provoqué pas notre attitude, nos gestes.

       Après avoir médité sur le lavement des pieds, nous n’avons pas prié en nous inspirant de la prière universelle préparée par des laïcs. Chacun a exprimé tout haut ce qu’il portait en lui pour qu’ensemble, nous offrions au Seigneur nos vies. Je dois vous exprimer ma joie d’avoir pu partager ce moment de communion entre nous car chacun a osé s’exprimer, signe d’une grande confiance que nous faisions aux autres.  Se reconnaître pécheurs et avoir confiance en l’amour de Jésus qui est prêt à nous pardonner nous a permis de vivre ensemble un grand moment d’espérance. En quittant la célébration en silence car c’était le temps de l’adoration, j’ai eu envie d’exprimer ma joie et mon remerciement à cette communauté qui n’a pas cherché à faire du prêtre un surhomme mais un frère, pécheur parmi les pécheurs, accueillant avec ses frères et sœurs dans le Christ l’amour de Dieu.

 

Anonyme

 


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Illustration de © Robert de Quentin