Visionnaire de l'invisible
La littérature
'La femme la République et le bon Dieu'
Cattan Olivia / Isabelle Lévy
Presses de la Renaissance - 2008
La place des femmes dans la société
est-elle menacée par les religions
Le féminisme est-il compatible avec les trois grands monothéismes ? Quel rôle l’Etat peut-il jouer pour protéger les femmes ? Ces questions sont pertinentes aujourd’hui car le critère de l’évolution d’une société civilisée est jaugé à l’aune des rapports, en son sein, entre les femmes et les hommes.
Olivia Cattan et Isabelle Lévy ont travaillé ces questions dans La femme la République et le bon Dieu paru aux Presses de la Renaissance en 2008. Toutes deux sont conférencières, l’une formatrice autour des rites, cultures et religions en milieu hospitalier, l’autre journaliste à Tribune juive et à Paris Match, l’une vice présidente de l’association ‘Paroles de femmes’, l’autre présidente de cette même association,
Elles présentent d’abord ce que les écrits de ces trois monothéismes disent de la femme:
Dans le judaïsme, la femme et l’homme sont différents et complémentaires. Cette dualité est présente à travers les chérubins de l’arche qui sont féminins et masculins et se tiennent face à face, symbolisant l’harmonie entre le divin et l’humain. La femme est la pierre angulaire de la vie familiale. Dans l’histoire juive, les femmes ont résisté pour ne pas être que épouse ou mère dans lequel les hommes voulaient les confiner. L’inégalité entre l’homme et la femme prend racine dans la peur que la femme suscite car la femme peut être une concurrente dangereuse entre Dieu et les hommes. Ainsi, la parole de la femme est absente lors de la cérémonie de mariage dans la synagogue. Le contrat de mariage n’est pas signé par la femme et il est difficile pour une femme juive d’obtenir le divorce.
Dans le catholicisme, la tradition a souvent mis en relief le deuxième texte de la création montrant que c’est la femme qui a introduit le péché dans l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, les exégètes n’ont plus la même lecture de ce texte biblique ; ils parlent d’égalité. Le féminin réalise l’humain tout autant que le masculin mais selon une harmonique différente et complémentaire. Les femmes ont une place originale : Marie est présentée comme la nouvelle Eve, Marie Madeleine, les femmes fidèles à Jésus jusqu’aux pieds de la croix ont apporté la bonne nouvelle de la résurrection aux apôtres… sont décrites comme des disciples de Jésus. L’histoire de l’Eglise met aussi en relief le rôle éminent et admirable de femmes comme Thérèse d’Avila, Catherine de Sienne, Mère Teresa… pour ne citer que des religieuses.
Dans le Coran, lors de la création, l’homme et la femme sont égaux devant Dieu. Ce texte sacré pour les musulmans ne fait pas de lien entre Eve et la faute. L’homme et la femme ont mangé ensemble le fruit défendu. C’est l’individu dans sa dimension humaine qui est faillible. Le lien de l’homme et de la femme avec Dieu est le même. Ils ont les mêmes obligations. L’Islam s’est beaucoup inspiré du judaïsme pour certains rites et règles : les hommes et les femmes sont séparés à la mosquée comme dans la synagogue, la même vision sur les femmes qui sont considérées comme impures lors de leurs menstrues, le rapport au corps de la femme et à la pudeur sont très proches. Mais en Islam, certaines coutumes sont devenues avec le temps, force de loi.
Après avoir présenté le statut de la femme dans les trois religions, les auteurs passent la vie des femmes au crible, et elles le font avec leur sensibilité de femmes : la naissance et des rites qui entourent la naissance d’un garçon ou d’une fille, la femme vivant le mariage et la maternité, la femme et la décence ainsi que la sexualité, la femme et le culte.
Ces chapitres sont intéressants car ils éclairent aussi les évolutions et les blocages dans chacune des religions, que ce soit l’évolution de l’Islam en Chine où il y a plus de femmes Imam que d’hommes, que ce soit les changements provoqués par des rabbins qui contestent de plus en plus un certain nombre de pratiques juives qui mettent la femme au second plan, que ce soit des femmes catholiques en Amérique du Nord qui ressentent comme une inégalité et une infidélité à l’évangile l’empêchement d’être ordonnée prêtres ou évêques.
Ce livre est dédié « à celles et ceux qui souhaitent mieux comprendre leurs religions et refusent de se soumettre… » C’est dire que ce livre est indispensable pour ceux et celles qui s’interrogent sur la place de la femme dans la société et dans les trois religions monothéistes.
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Illustration de © Robert de Quentin