Les Cultures contemporaines, demeures de Dieu

Robert Pousseur, responsable national de Arts-Cultures-Foi au service des évêques de France pendant douze ans, directeur de rédaction d’Esprit & Vie,signe  ‘Les Cultures contemporaines, demeures de Dieu’ (Desclée de Brouwer, 2008), rédigé avec la participation de J. de Montalembert, aumônier de la communauté catholique francophone d’Argentine, et de J. Teissier, responsable de Arts-Cultures-Foi du diocèse de Nîmes. Préfacé par Mgr Doré, archevêque émérite de Strasbourg, le volume se compose de quatre parties : 1) Des mutations culturelles riches de questions et de vie à venir ; 2) La participation inédite de Jésus au changement du monde ; 3) Les premiers chrétiens dans les cités ; 4) Les chrétiens dans la culture contemporaine.

Dans la première partie, les auteurs analysent le phénomène de la mondialisation et ses effets en matière de bouleversement culturel (pluralité et interférence des cultures). Ils évoquent également quelques traits majeurs de la post-modernité : importance de l’écologie, nouveaux rapports au corps, évolution des rôles masculin et féminin, développements de l’individualisme, éclatement des recherches spirituelles… Autant de mutations qui doivent susciter l’attention de l’Église dans sa présence au monde.
La seconde partie constitue une analyse riche et fine du rapport de Jésus à sa propre culture, à partir d’un regard porté sur ses paroles, sur ses actes, sur ses rencontres. Les auteurs savent mettre en évidence l’audace, la liberté, l’exigence spirituelle, le sens de l’universel de Jésus en lequel Dieu se fait chair pour l’humanité dans la traversée de la Passion.
Dans la troisième partie se trouvent présentées avec beaucoup d’intérêt les lignes de force de la présence des premiers chrétiens au cœur de la cité : la confrontation de l’Évangile à la culture païenne, l’appartenance au Christ sauveur, l’amour du prochain, l’exigence du témoignage devant la critique des non-chrétiens… Le christianisme n’a pas engendré de contre-culture ; il a reconnu la pluralité des Évangiles et l’inculturation de l’Écriture. En dépit des déchirements des premières communautés, il a maintenu sa foi dans le travail de l’Esprit au sein de la multiplicité des cultures.
La quatrième partie évoque, avec inspiration, la nécessité, pour l’Église, de dépasser les tentations de repli sur elle-même et de poser des actes prophétiques dans la culture contemporaine en quelques secteurs d’existence importants : le dialogue interculturel, l’écologie, la vie des jeunes, la responsabilité des femmes, la création artistique… Sans doute s’agit-il pour l’Église de se placer dans une logique d’enfantement. C’est le sens de la reprise, en conclusion, du livre de l’Apocalypse, comme une invitation à « manger le livre des cris du monde », en aimant avec colère, pour partager un jour la joie de Dieu.
Les auteurs nous offrent des pages très stimulantes sur la présence et le travail de l’Église dans le monde contemporain. Souhaitons que ce livre puisse inspirer ici et là de belles initiatives.
Pierre Gire, Université catholique de Lyon, Faculté de philosophie
 

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