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Visionnaire de l'invisible
La littérature

‘L’Eglise espace d’Alliance’
Gérard Defois
(Cerf 2010)

 

 

Prendre des initiatives et vivre en communion

 

 

 Mgr. Defois, docteur en théologie et diplômé en sociologie aborde dans son dernier livre  ‘L’Eglise espace d’Alliance Libres propos d’ecclésiologie pratique’ édité aux éditions du Cerf, les questions qui traversent l’Eglise en France. Ayant été  secrétaire général de la conférence des évêques de France, recteur de l’université catholique de Lyon, ancien archevêque de Sens, Reims et Lille, il a acquis une connaissance profonde de la vie de l’Eglise. Son expérience de sociologue lui donne un certain recul pour analyser et mettre en perspective les mutations de nos sociétés qui interrogent les communautés chrétiennes. Citons ici quelques unes.

Expérimentant le peu d’influence qu’a l’Eglise en France, un certain nombre de catholiques doutent aujourd’hui de leur identité. Ce doute se traduit de diverses façons. Certains en font une vertu et un témoignage tandis que d’autres sont nostalgiques du temps passé.

Quelle visibilité doit avoir l’Eglise dans notre société laïcisée ? Les aînés ont cherché à ouvrir l’Eglise à la modernité en privilégiant l’enfouissement. De leur côté, des jeunes qui ont traversé des lieux ‘sans église visible’ souhaitent une visibilité et une vie collective explicitement chrétienne, une identité évidente et visible. 

Quelle est la fonction du religieux dans notre société  occidentale qui peine à prendre en considération les croyants qui donnent sens à la vie et à l’histoire, qui privilégient l’action collective ? Comme beaucoup de nos contemporains hésitent sur le sens à donner à leur vie, ils se tournent vers l’Etat pour résoudre les incertitudes éthiques de la vie, de la santé et de la mort. Cette attente pose la question du fondement transcendantal de la vie sociale qui pose une autre question : où commence et finit la mission des politiques ? Quant au rôle de l’Eglise, ce n’est pas en réduisant le religieux à l’éthique qu’elle peut éclairer ces attentes car elle risque de réduire la foi à une philosophie morale.

Comment exprimer et traduire la fidélité catholique dans les temps mêmes du vivre ensemble dans la cité d’aujourd’hui, là où prédominent le ponctuel, la liberté, individuelle de comportement et la sélection personnelle des appartenances ou des formes d’association ? Comment vivre l’accueil de ‘l’autre’ en respectant sa différence alors que la culture du désir individuel est une culture du même et du refus des différences.

Comment favoriser l’écoute de sa conscience qui a besoin d’être éclairée alors que la culture de consommation favorise des expressions religieuses définies plus par l’événementiel que par la pratique régulière, plus par l’enthousiasme que la rigueur et l’intériorité ?

Ces changements culturels affectent la vie des hommes au point de déplacer les liens traditionnels de l’Eglise dans la société et à l’intérieur d’elle-même. Les catholiques en France ont des sensibilités et des réactions bien différentes devant ces mutations. Quant à l’Eglise en France, dés qu’elle intervient, sa parole est reçue comme une condamnation ou une pression. Aussi, la question se pose : Quelle doit être la présence de l’Eglise dans une telle société ? Prendre acte de ces évolutions en se pliant aux contraintes de cette modernité pour assurer un avenir à notre institution ? Rester indifférents aux changements, refusant toute adaptation ? Prendre le parti de la récession ? Entendre un appel à d’autres perspectives d’évangélisation pour une Eglise enfantée dans ce monde ?

Avant de répondre à ces questions, Mgr. Defois rappelle la nature de l’Eglise et sa mission en commentant notamment des textes du Concile et des interventions du Pape Benoît XVI.  Cette démarche lui semble indispensable car les chrétiens ne peuvent aborder l’avenir qu’en dépassant ce qui les divise. Et ce qui les divise vient souvent d’une mauvaise compréhension de la mission de l’Eglise. Quand on parle de l’Eglise, il ne faut jamais oublier que c’est Dieu qui est l’initiateur du rassemblement ecclésial. L’Eglise est sacrement d’une existence sauvée par l’initiative de Dieu  Les chrétiens sont avec Jésus le signe visible de cette présence et du salut de Dieu offert à tous. Aussi, « chaque communauté chrétienne est appelée à devenir au cœur du monde un espace d’alliance, non entre elle et le monde mais entre Dieu et les hommes qu’Il a mis au monde. » (p.99) « Le ministère a une tâche de rassemblement, mais il n’en est pas l’initiateur ni le propriétaire; la vie de l’Eglise locale n’est pas le fruit d’une animation centralisée mais l’effet de l’accueil de l’Esprit, Celui dont nul ne maîtrise l’itinéraire… » (p.103)

Les chrétiens sont appelés à témoigner d’un ailleurs, d’un plus intérieur et d’un plus large. Pour vivre cette mission, ils doivent faire naître des espaces de communion. C’est un acte d’engendrement. Cela suppose qu’une place importante soit donnée à l’initiative, à la création, à la responsabilité de chacun.  Cela a comme conséquence de devoir lutter contre tout centralisme, refuser que tout ne soit pas aux mains de l’évêque ou de son entourage. L’inculturation est un passage obligé pour vivre cette mission dans notre monde en mutation culturelle étonnante. Elle doit faire naître des formes de prière qui sortent de la répétition matérielle, de même la liturgie ne peut se diluer dans une répétition uniquement matérielle du rite. La vie de l’Eglise ne se réduit donc pas à un service uniquement cultuel.

Laisser une place primordiale à l’initiative et la responsabilité de chacun est vitale pour l’Eglise et pour le monde. Ainsi, les chrétiens, cheminant avec les hommes tels qu’ils sont, peuvent susciter en nos sociétés des modèles de socialisation. « …les chrétiens doivent affirmer leur différence pour contribuer à la liberté d’expression et à la responsabilité collective en fait d’humanisation de la vie commune et de notre avenir… l’Eglise n’est pas là pour elle-même mais pour l’humanité… afin que le monde soit un espace de cette alliance entre Dieu et les hommes. » (p.229)

Mgr Defois a écrit un livre de réflexion audacieux et éclairant. Certains lecteurs risquent de trouver théorique ces appels à vivre en Eglise d’une autre façon. Ces appels sont entendus et vécus aujourd’hui en France et ailleurs dans le monde. Dans cette page de notre site, vous en trouverez quelques témoignages.

Novembre 2010
R. P.

 

 

L'article de l'éditeur

 

 

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