Visionnaire de l'invisible
La littérature
'Persécution'
Alessandro Piperno
(Liana Levi - 2011)
Vouloir cacher les blessures familiales tue la vie de famille
Ce roman met en scène un brillant professeur d’université et sa famille. Ce professeur reste fidèle aux traditions culturelles de la bourgeoisie juive romaine. Il ne parle jamais de ses échecs et cache tout ce qui pourrait paraître aux yeux de son milieu comme non convenu. Il faut garder coûte que coûte les apparences. Mais un soir, il apprend par le journal télévisé qu’une petite amie de son fils adolescent l’accuse de tentative de séduction. Il fait tout pour montrer que ce fait ne l’atteint pas. Mais c’est, à son insu, un cancer qui va le miner et abîmer à jamais sa famille. Alessandro Piperno, un des auteurs majeurs de la Péninsule est un passionné de Proust. Dans ce roman, il a eu l’art de faire remonter à la surface tout ce qu’un milieu cherchait à cacher pour sauver la face.
L’échec peut être un cancer qui mange la vie ou être source de vie quand il est accepté avec lucidité.
Novembre 2011 - R. P.
Des romanciers racontent la lumière venue du noir
En cette fin 201, un certain nombre de romans sont actuellement présentés en librairie. Ils ont pour caractéristiques de mettre à jour les racines, les blessures, les richesses de la vie de famille, de la vie en société… En introduction à son ‘roman’ « Rien ne s’oppose à la nuit » Delphine de Vigan résume bien la démarche de ces romanciers en citant le grand peintre Pierre Soulages :
« Un jour je peignais, le noir avait envahi toute la surface de la toile, sans formes, sans contrastes, sans transparences.
Dans cet extrême j’ai vu en quelque sorte la négation du noir.
Les différences de texture réfléchissaient plus ou moins faiblement la lumière et du sombre émanait une clarté…
Mon instrument n’était plus le noir, mais cette lumière secrète venue du noir. »Ces écrivains remplissent une mission importante : par leurs écrits, ils rappellent que la vie ne se résument pas au paraître, à l’immédiateté, au virtuel.