Visionnaire de l'invisible
La littérature
'Dans les forêts de Sibérie'
Sylvain Tesson
(Gallimard - 2011)
Plus les mystères de la vie sont proches,
plus ils deviennent beaux
‘Dans les forêts de Sibérie’, Sylvain Tesson a acquis une isba de bois sur les bords d’un lac. Il va y vivre six mois, seul et loin de tout. Quand on lit son carnet de voyage au cœur de cette nature, on est frappé par la justesse et la profondeur de ses réflexions. En voici quelques exemples…
… sur la solitude : « La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses… Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure. » (p. 36)
… sur le temps, « Ces jours sont des êtres d’argile à modeler. » (p. 50) « L’homme libre possède le temps. » (p. 72) « Penser qu’il faudrait le prendre en photo est le meilleur moyen de tuer l’intensité d’un moment. » (p. 178)
… sur le silence… « Être seul, c’est entendre le silence… habiter le silence est une jouvence. » (p. 36)
… sur la nature : « L’ermite entend le choc du pétale sur la surface de l’étang. Il voit vibrer le bord de la plume de la grue en vol. Il sent monter dans l’air l’odeur de fleur heureuse dont s’enveloppe le soir. » (p.117) « Qui aime la nature pour sa valeur intrinsèque et non pour ses bienfaits ? » (p. 110)
… sur soi-même : « Me supporterai-je moi-même ? » (p. 103)
« … l’œil ne se lasse jamais d’un spectacle de splendeur et que plus on connaît les choses, plus elles deviennent belles. » En refermant ce livre, on se demande si l’auteur, retrouvant sa famille, ses amis, ses collègues, a envie d’écrire sur les hommes ce qu’il a découvert en contemplant les ‘choses’ de la nature.
Janvier 2012, RP
