Visionnaire de l'invisible
La littérature
Le Christianisme comme religion de l'Évangile
Claude Geffré
(Cerf - 2012)
Pour une Église qui dialogue avec le monde
Claude Geffré, dominicain et professeur honoraire à l’Institut catholique de Paris, fait le point de ses recherches sur le christianisme au défi de la modernité. Relever ce défi est un acte de fidélité à l’Evangile car « La Bonne Nouvelle du salut n’est pas seulement la réconciliation de l’homme pécheur avec Dieu, mais l’anticipation du Royaume de Dieu dans es chemins de l’histoire en vue de la guérison de tout homme. » (p 7)
Dans une première partie, le père Geffré réfléchit sur la différence chrétienne. Cette réflexion l’amène à définir la religion et le statut de la vérité à l’âge du pluralisme religieux. Ensuite, l’auteur aborde l’avenir du christianisme face au défi du pluralisme culturel et religieux qui façonne le monde du 21ème siècle. Dans ce contexte, proclamer que Jésus-Christ est l’unique sauveur de l’humanité exige que le christianisme soit vécu comme religion dialogale. Ce dialogue est la passerelle pour recevoir une lumière divine qui s’exprime dans les autres religions inculturée dans des cultures qui ont une longue histoire et qui ont aidé bien des peuples à rester unis et donné un sens à leur vie. Pour clore cette première partie, le père Geffré rappelle avec force que la révélation chrétienne doit être accueillie comme mystère de la Parole et du Silence de Dieu au cours de la longue histoire de l’humanité.
La deuxième partie du livre aborde la question de l’avenir des religions. L’auteur met d’abord en lumière l’amour de Dieu, amour gratuit qui s’est exprimé dans toute sa vérité dans la vie de Jésus. En Jésus, Dieu va créer un pacte d’amitié avec l’homme et va transformer le corps humain souffrant en icône de la gloire de Dieu. Ce qui amène l’auteur a abordé la question de l’énigme de la mort.
Spécialiste de la théologie des religions, l’auteur aborde aussi dans cette deuxième partie l’émergence d’un islam européen à l’épreuve de la modernité et la responsabilité historique de l’islam et du christianisme dans la construction de l’Europe. Le dernier chapitre raconte comment le christianisme, religion prophétique rencontre la sagesse chinoise, religion mystique. « Tous ceux qui prennent le risque du comparatisme religieux doivent méditer cette sentence de la Grande Etude : ‘Tant que tu ne peux pardonner à autrui d’être différent de toi, tu es encore loin de la sagesse.’ » (p 290)
Claude Geffré nous invite à accueillir aujourd’hui le concile Vatican II qui a provoqué l’Eglise a renouveler continuellement son dialogue avec un monde marqué par un pluralisme culturel et religieux. ‘Le christianisme comme religion de l’Evangile’ n’est pas seulement le livre qui provoque la réflexion du lecteur mais l’invite à méditer et accueillir l’amour étonnant de Dieu-Trinité, source de vie. « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! dit l’Apocalypse (14,13). La mort peut devenir un événement salutaire qui achève notre rencontre personnelle avec le Christ dans la nuit de la foi. » (p 272).
Décembre 2012, R.P.
