Visionnaire de l'invisible
La littérature
Le Louvre et la Bible
Claude Geffré
(Bayard - 2012)
Quand l'émergence d'hier
vient éclairer l'inculturation d'aujourd'hui
Ces 45 objets du Louvre, analysés puis confrontés aux données bibliques par des spécialistes reconnus, font revivre quelque 25 siècles d'histoire. Cet ouvrage de vulgarisation, qui reste de haute tenue scientifique, passionnera tous ceux et celles qui s'intéressent au Proche et Moyen-orient tant ancien qu'actuel : ce carrefour de cultures et de civilisations est depuis "toujours" un incroyable imbroglio de prestigieuses réalisations, de percées culturelles majeures, de rapports de force impitoyables, d'ascensions fulgurantes, de décadences inexorables. Toute une tranche de l'histoire de notre humanité. Mais ce livre présentera aussi un intérêt très particulier pour ceux, croyants ou non, qui s'intéressent à l'influence des religions sur les cultures humaines. D'une part on y voit comment la religion et l'appel au sacré ont pu structurer les sociétés antiques : notre laïcité est une sorte de miracle dans l'histoire des Hommes ! D'autre part on y voit comment l'originalité religieuse et culturelle du peuple d'Israël émerge peu à peu au sein d'une culture partagée avec tous les peuples de l'époque : soit un processus exactement symétrique de ce que nous appelons aujourd'hui "l'inculturation" (de la foi chrétienne dans la modernité). Deux processus symétriques qui s'éclairent l'un l'autre, dans la mesure où ils impliquent tous deux, pleine immersion dans une culture, avec ce que cela suppose de confiance foncière, en même temps que discernement, vécu autant que réfléchi.
Certains se sentiront peut-être un peu dépassés par les analyses rigoureuses des archéologues. Il leur sera toujours possible de passer directement à la seconde partie -écrite en caractères légèrement plus gros- de chaque présentation : celle qui confronte les données archéologiques avec les données bibliques, en faisant apparaître similitudes et originalités. Non moins passionnant.
Décembre 2012, Jacques Tessier.