Visionnaire de l'invisible
La littérature
Quand le Concile prends corps
Chantal Reynier
(Mediaspaul - 2013 )
Entendre la Parole dans la diversité des voix
Chantal Reynier, professeur d’exégèse biblique aux facultés jésuites de Paris a interviewé des personnalités qui ont participé au Concile Vatican II comme le cardinal Cottier, ou qui l’ont mis en œuvre comme Joseph Doré, Gibert Louis, Henri Madelin. Ces témoignages se terminent par l’interview du pasteur Michel Leplay qui a eu de grandes responsabilités dans l’Eglise réformée de France.
Le Père Doré s’adresse entre autres aux théologiens. Il les invite « à porter la plus grande attention à l’importance qu’eut la participation de leurs devanciers à l’événement Vatican II ». (p 102) Sans ces experts, le Concile n’aurait jamais pu être ce qu’il a été.
Mgr Louis, évêque de Châlons, en Champagne témoigne comment le concile a pris corps dans son diocèse. Pour lui, un des grands acquis du concile a été la mise en pratique du principe de gouvernement que s’était fixé Saint Cyprien à la fin du deuxième siècle : « J’ai décidé, dès le début de mon épiscopat, de ne rien faire sans votre conseil, ni le consentement de mon peuple. » Le témoignage de l’évêque de Châlons en Champagne illustre combien ce principe mis en œuvre a changé radicalement la vie de son diocèse. Mgr Louis rappelle que si le Concile a nourri et renouvelé la vie de son diocèse, « ne faut-il pas prendre en considération l’impact des évolutions et bouleversements survenus au cours de ce demi-siècle et qu’il n’était guère possible d’envisager il y a cinquante ans ? » (p 126)
Pour le père Madelin le Concile a été l’expérience d’un souffle vivant qui a durablement secoué les consciences. Il rappelle combien le père Martelet a fait « évoluer ses propres positions en fonction de ce qu’il lisait et de l’expérience universelle qu’il y rencontrait ». (p 148) Pour le Père Madelin, le texte le plus controversé et qui a le plus d’avenir est celui sur La liberté religieuse. Ce texte révolutionnaire était le plus ouvert sur le monde qui évolue. La liberté ne se confond pas avec la liberté de vagabonder mais à assumer la liberté qui rend l’homme responsable. De même, proclamer que ‘Jésus s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme’ a fait éclater bien des frontières. La religion catholique est pour l’humanité.
Quant au pasteur Michel Leplay, il pense que l’événement conciliaire a été pour tous un apprentissage d’accueillir une autre manière d’être chrétien et de vivre en Eglise, à n’entendre une seule Parole dans la diversité des voix. Cette diversité ne peut qu’être enrichissante pour tous.
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Septembre 2013 - Robert Pousseur