Visionnaire de l'invisible
La littérature
Corps en miettes
Sylviane Agacinski
(Flammarion - 2013 )
La GPA masque-t-elle la violence de notre société ?
Les mères porteuses font entrer les femmes sur le marché de la procréation .Ainsi la maternité devient un service rendu aux femmes riches par les femmes pauvres. Il faut ajouter qu’une grossesse ne peut être ‘donnée’ ou ‘vendue’ sans aliéner la femme elle-même. Pour donner à cette dépossession un aspect altruiste, on ne parle plus des mères porteuses mais de gestation pour autrui (GPA). Ces lignes résument la colère et les réflexions de Sylviane Agacinski dans son livre Corps en miettes, livre paru en 2009, réédité et largement augmenté l’auteur.
La GPA pose des questions cruciales sur la vision de la personne humaine et de la société : La femme peut-elle être pendant neuf mois un simple moyen de donner la vie ? Son corps peut-il être réduit à un objet de commerce ? La société a-t-elle pour vocation d’autoriser chacun à utiliser tous les moyens possibles pour avoir un enfant ?
Les réponses que des personnes et une politique donnent à ces questions amènent la philosophe à penser que « La barbarie a toujours été moderne, toujours nouvelle, toujours actuelle. Nous progressons parfois vers elle sans le vouloir, aveuglés par le ‘progrès’ de la puissance technologique et les ruses du marché. Tout est possible, tout doit être possible pour satisfaire la demande de l’individu, jusqu’à la production d’enfants en laboratoire. » (p 17)
En quatrième de couverture, l’auteur lance un appel à résister. Le grand mérite de cet ouvrage est d’être un vrai livre de philosophe : ses réflexions éclairent non seulement tous ceux et celles qui se posent des questions mais elles provoquent le lecteur à réfléchir par lui-même.
Novembre 2013 - Robert Pousseur