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Visionnaire de l'invisible
La littérature

Le Christ, l’homme et la mort
François-Xavier Durrwell
(Mediaspaul - 1991)

 

Notre mort se révèlera enfantement de notre vie en Dieu


       La mort est l’horreur de la nature. La mort est le rétrécissement radical de tout être et la rupture de tout relation. Elle est une dimension actuelle de la vie humaine. Les réalités terrestres n’acquièrent leur pleine valeur qu’en intégrant en elles le vrai sens de la mort.  De même que l’amour, la mort fait mystère.

En contemplant l’amour de Jésus qui s’est exprimé jusqu’à son dernier souffle, on pressent que quelque chose est arrivé à la mort. Jésus avait-il eu l’intuition que l’amour possède cette qualité originale d’être plus forte que la mort ? Jusqu’au dernier moment, Jésus avait pleinement confiance en son Père. Avec la force de l’Esprit saint qui habitait sa faiblesse, Jésus a pu échapper à la tyrannie de ses ennemis, à la destruction qu’ils voulaient lui infliger. En Jésus, la mort brille d’un éclat incomparable. Rien dans le Christ n’est grand comme sa mort. Il est descendu au plus loin de Dieu pour y semer l’amour, la vie, la renaissance. Sur la croix, Jésus révèle son amour pour son Père et l’humanité. C’est dans la paternité de Dieu que l’énigme de la mort, à laquelle Jésus comme tout homme est voué par la création peut trouver son ultime réponse.  Le Père a créé les hommes pour qu’ils vivent et les a créés mortels pour les amener à leur plénitude de la vie par la mort.

Avec Jésus, la mort n’est pas un chute dans le néant mais une renaissance dans l’au-delà. « Je vais à mon Père » (Jn 14,28). Et pourtant, Jésus est mort en criant : « Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce cri que Jésus a lancé au Père sur la croix a atteint son Père et lui a répondu en le ressuscitant. Le Père lui a donné de mourir vers lui. Jésus a accepté ce chemin librement.

La croix éclaire non seulement le mystère de la mort mais aussi celui de l’amour. On ne peut voir la face de Dieu sans voir la croix et mourir. Tourner son regard vers la croix est contempler Jésus au sommet de son amour. Jésus est éternel dans l’ACTE suprême de son amour.  C’est le mystère de l’Incarnation qui se révèle sur la croix. Son entrée près de son Père ne le désincarne pas. Jésus est éternisé dans sa mort. Sa mort est une offrande éternelle de tout son être au Père.

Jésus est ressuscité sans sortir de la mort. Elle le glorifie dans la mort même et laisse Jésus marqué par stigmates de sa passion. Dans Lc, 24, 40 quand Jésus apparaît aux onze disciples qui sont effrayés devant cette apparition, Jésus leur prouve que c’est bien lui en montrant ses mains et ses pieds marqués par les clous.   Dans Jn 20,20, Jésus leur montre ses mains et son côté. Dans l’Apocalypse, l’auteur de ce livre a la vision de Jésus ressuscité dans un agneau immolé et debout. La croix reste même au ciel le trône où Jésus a exprimé l’amour infini pour son Père et pour l’humanité.

Personne n’a été témoin de cette rencontre du ressuscité avec son Père, du geste d’amour de son Père qui engendre son Fils en le  ressuscitant. Croire au mystère de la sortie du tombeau de Jésus dont personne n’a été témoin demande de faire confiance en la parole de Dieu. Faire confiance au Père se traduit en aimant jusqu’au bout. C’est aussi se préparer à mourir en aimant. La seule façon de défier la mort chaque jour de sa vie est d’aimer. C’est en ailant jusqu’au bout que Jésus est passé de ce monde au Père. (cf. Jn 13,1) Aimer la terre, l’humanité, les autres c’est mourir à soi. Expérimenter l’amour éveille en nous le désir de la plénitude et l’éternité. Et Pascal a écrit dans ses pensées : « C’est un des grands principes du christianisme que tout ce qui est arrivé à Jésus-Christ doit se passer dans l’âme et le corps de chaque chrétien. »

Merci à François-Xavier Durrwell de nous aider à croire que notre mort se révèlera enfantement de notre vie en Dieu.

 

Avril 2015 - R. Pousseur 

 

 

 

 

 

 

Livre épuisé, trouvable difficilement en occasion sur internet

 

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